Auteur/autrice : Sylvain Genel

Dans l’antre de Randohm

Un après-midi d’avril, Alexandre Dewas, alias Randohm, nous ouvre les portes de son atelier roubaisien, L’Anémocore. Derrière une façade discrète, un autre monde nous attend : créatures aux yeux ronds, figures tatouées, totems de grès noir. L’artiste y évolue dans un lieu saturé d’images, d’objets et de sons. Il nous reçoit avec le sourire tranquille de ceux qui ont trouvé leur refuge. Randohm, contraction du Om – mantra hindou qui signifie la vibration de l’univers – et du mot random, l’aléatoire. Un nom qui dit beaucoup de sa démarche : intuitive, effervescente, insaisissable. « Je ne pourrais pas faire des séries, confie-t-il. J’ai besoin de partir dans tous les sens. » Son atelier, il le décrit comme une grotte. Un cocon hors du temps. « J’ai besoin d’avoir autour de moi des choses qui m’inspirent et qui m’apaisent aussi. Je suis boulimique d’images. J’ai toujours un ordinateur pas loin pour glaner des visuels. », nous raconte-t-il, son maté en main. Dans le fond, une nappe sonore constante : de l’électro ambiant, parfois plus nerveux. Le son, la matière, les gestes : tout s’accorde dans une transe douce et concentrée. Le papier de verre crisse sur les formes en train de sécher, tandis que l’odeur acide du vinaigre flotte dans l’air, préparant la barbotine qui viendra recoller la terre. Ces objets qui l’entourent racontent quelque chose, à commencer par une sculpture de Simon Bose : « C’est cette pièce qui m’a donné envie de me lancer dans la céramique. » Randohm travaille le grès noir. « J’aime son aspect brut, son potentiel contrasté. Avec le noir, je sais quand la pièce est finie. C’est un remède à la page blanche. » Cette terre sombre, granuleuse, chamottée, il la sculpte à la plaque, au colombin et dans des moules. « Je cherche un rendu un peu artefact, comme si c’était une relique sortie d’un culte oublié. » Influencé par le lowbrow, ce surréalisme pop, et l’art brut, Randohm revendique une pratique libre, affranchie des codes académiques. Il évoque les corps déformés de Stéphane Blanquet ou encore l’univers biomécanique de Hans Ruedi Giger. Masques, divinités imaginaires, silhouettes aux dents proéminentes et spirales gravées : les pièces de Randohm deviennent des idoles fictives, tatouées d’engobes blancs, animées par des esprits à la fois protecteurs et facétieux. « Je modèle comme les premiers hommes », explique-t-il. Un geste viscéral et spontané. Ces derniers temps, ses formes sont devenues plus osseuses, plus mécaniques, traversées par des lignes évoquant le transhumanisme. L’artiste glisse peu à peu du culte ancestral à la spéculation sur l’avenir, nourri par sa fascination pour l’intelligence artificielle et les récits chamaniques. « Je n’ai jamais fait de trip chamanique, mais je suis fasciné par l’idée qu’il existe un monde invisible. C’est un matériau de création, comme la terre ».Aujourd’hui, Randohm partage son temps entre création, exposition et transmission. Il anime notamment des ateliers au musée La Piscine de Roubaix. Randohm

Zéro Vice City : les jeunes au micro

Freeman sur scène, des jeunes au micro, des rimes percutantes et une salle en effervescence. Bienvenue dans l’univers de Zéro Vice City. Lors d’une soirée au Bar Live, Freeman, l’ex-membre du mythique groupe IAM animait une conférence avec Lyna Ziani, alias PunchLyn. Un moment fort, entre transmission et énergie positive. La soirée a continué avec un open mic où les jeunes de ZVC ont pris le micro avec une aisance déconcertante. Le constat ? Du niveau, de l’énergie, de la sincérité. Curieuse d’en voir plus, la rédaction a voulu creuser. Direction : un atelier d’écriture, là où les mots prennent racine. En collaboration avec l’ARA (Autour des Rythmes Actuels), pilier culturel roubaisien, Zéro Vice City accueille toutes les générations, sans limite d’âge ni prérequis. L’association défend une éducation populaire, inclusive et accessible, où chacun peut trouver sa voix – et sa voie. Pour Sofiane Toumi, aka Toum’s, cofondateur avec PunchLyn, ZVC est un cercle vertueux pour les créatifs. Ce Roubaisien pur jus est un bâtisseur, un passeur.  « Un casseur de rêve » aussi, comme il se définit – non pas pour décourager, mais pour ancrer les jeunes dans la réalité. « On ne vend pas un rêve de star. C’est du travail, de l’engagement, de la persévérance. Il ne faut pas se leurrer, dans le rap, il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. » À 30 ans, Toum’s est tour manager pour de grands noms du rap. Il remplit des Zéniths, des Cigales, des Olympias. Ce qui le fait vibrer, c’est faire briller les autres. Le cœur du projet de ZVC ? Transmettre ce qu’ils n’ont pas eu avec Lyna. « On donne aux jeunes ce qu’on aurait aimé recevoir à leur âge ». Le programme « Jeune parraine jeune » incarne cette philosophie. Les plus expérimentés guident les plus jeunes. On y parle rimes, respiration, flow, mais aussi estime de soi, gestion du stress, posture scénique. Une vraie école de la vie.   ZVC, c’est aussi un terrain d’expérimentation pour des projets comme celui de Snef et Kaefra, 15 et 16 ans, qui ont créé l’open mic « Mange le mic », organisé par des jeunes pour des jeunes. « C’est une opportunité en or de monter sur scène, d’affronter leur public et d’apprendre l’organisation d’un événement. » L’association accueille aussi des jeunes aux parcours variés. Adam, 19 ans, guitariste et fan de métal, a trouvé dans ZVC un environnement bienveillant pour s’exprimer. Bulldobert, diagnostiqué autiste, utilise le rap pour libérer ses émotions : « Ici, je peux dire tout ce que je garde en moi. » Autour de la table, même les plus jeunes participent. Après quelques virelangues, PunchLyn lance un « Cinq, six, sept, huit ! », et les voix s’élèvent, chantant un morceau sur l’amitié : Mon meilleur ami. Au-delà de la musique, Zéro Vice City ouvre des portes. Grâce à son réseau, des jeunes trouvent des stages ou décrochent des opportunités professionnelles. « Si t’es motivé, tu peux », résume Toum’s. Comme il aime à le rappeler, Zéro Vice City, c’est avant tout un état d’esprit. Zéro Vice City L’association Zéro Vice City vous a concocté une playlist qui traverse les époques, les villes et les vibes. Du rap conscient aux sons bruts, entre classiques indémodables et pépites plus récentes, c’est une sélection qui frappe juste.   Bonne écoute !

Destination l’Alhambra

Elle nous accueille par une belle journée de mai, dans son restaurant, « Le restaurant de Miéline » avec le grand sourire et la bonne humeur qui la caractérisent. Elle, c’est Malika, plus connue sous le nom de Miéline, figure incontournable de la restauration à Roubaix. Niché en plein milieu de la rue de Lannoy, ce lieu est le premier hammam traditionnel qui a ouvert après Paris, en 1999. Il est aujourd’hui tenu par la fille des fondateurs, Mohamed et Dahvia Boubakeur. À la rédaction d’Alternatif, on aime bien tester avant de vous parler d’un endroit. Il y a pire comme expérience, nous voilà parties pour un soin au savon noir suivi d’un gommage. Authentique est l’adjectif qui revient dans toutes les bouches des clientes habituées. C’est ce qu’elles aiment dans ce lieu et c’est également ce qui me saute aux yeux. On se sent « comme à la maison », les effluves de thé à la menthe et de fleur d’oranger embaument l’entrée. Enroulée dans un peignoir et chaussée de claquettes à l’effigie du hammam, j’entre dans la salle tiède avec ma coupelle traditionnelle en cuivre. Un point d’eau rien que pour moi pour rincer le savon noir, après m’être frottée tout le corps avec le gant à la texture rugueuse. Petit passage dans la salle chaude, je m‘allonge sur un banc en marbre, et je me laisse envahir par la chaleur douce. Un ou deux allers et retours plus tard, Gavelyne, l’esthéticienne qui va s’occuper de moi, m’attend en salle froide. Partout sur les murs, de magnifiques mosaïques directement rapportée d’Algérie et des tablettes en marbre de Turquie. Gavelyne enfile le gant et frotte les différentes parties de mon corps. Elle s’inquiète de savoir si la pression n’est pas trop forte et c’est parti pour un gommage tonique. L’impression que ma peau part en lambeaux mais non, Gavelyne m’explique que c’est l’accumulation de peaux mortes, de gel douche et autres produits. Un soin idéal avant l’été, avant de s’exposer au soleil ou lors de tout changement de saison. L’Alhambrahammam-alhambra.com181 rue de Lannoy, 59100 Roubaix03 20 20 09 40

Des effets spéciaux servis sur un plateau d’argent

ARTFX existe depuis 1958. Avec 65 ans d’ancienneté dans la formation aux métiers du cinéma, il en est sorti des intermittents du spectacle de cette école !  Installé à Montpellier, à Paris et enfin à Roubaix depuis 5 ans, la petite dernière (version « School of Digital Arts ») façonne les créateurs de demain dans les coulisses de la Plaine Images. Place à l’image 2.0 Les écoles d’animation 2D et 3D poussent de partout, à l’allure rapide des évolutions techniques. Le phénomène émane de l’engouement des industries créatives (jeux vidéo, applications mobiles, industries audiovisuelles…). Rien que la Plaine Images accueille trois écoles au cœur de son écosystème, favorisant ainsi les relations entre campus, startups, studios, entreprises de l’industrie numérique… Le marché de l’image, du son et des effets spéciaux est « en effet » très porteur. FX No limit C’est une évolution constante, un échange permanent. La limite entre étudiants et enseignants est un peu comme un flou artistique, comme un effet spécialement conçu pour que les compétences des uns et des autres se mutualisent dans un perpétuel tourbillon de connaissances. La proximité entre les élèves et enseignants permet « de rester en veille permanente des nouvelles technologies grâce aux étudiants qui, informés constamment, pratiquent les nouveaux logiciels tous les jours avec une grande facilité. Les étudiants sont rapides » nous racontent Reignier et Manon, enseignant les cours de 2D et de 3D. Silence, on crée ! Un studio de 400 m² pour les tournages en intérieur, des caméras, une salle de sculpture éclairée d’une lumière naturelle zénithale, une salle de projection de film qui permet de vérifier toutes les étapes de création des projets de courts métrages à présenter en fin d’études… Rien n’est scolaire, tout est axé sur la pratique des professionnels en devenir. Réalité ‘virtuelle’ Les étudiants sont mis en face de la réalité du marché grâce aux intervenants extérieurs, workshops ou au matériel d’experts dans l’école. Beaucoup d’autonomie, de mise en pratique, de travail de groupe les aident à former les équipes comme sur un vrai plateau, mais autour de leur projet de fin d’étude cette fois-ci, pour réaliser des courts-métrages souvent primés !  Les étudiants sont déjà les professionnels de demain ou considérés comme ayant le niveau à partir de la 3ème année ! Ca forme du beau monde : animateurs, compositeurs, modeleurs, textureurs, storyboardeurs, scénaristes… Plus d’image sans IA « L’IA permet de gagner du temps », nous raconte Anaïs, étudiante en 2D en 4ème année, « mais ne remplacera pas la créativité ». Comme Reignier et Manon, Anaïs se dit curieuse de voir le fonctionnement, de l’intégrer à son apprentissage, et d’observer, d’évoluer avec elle, mais « rien ne remplace la passion du dessin et de l’animation ». Récompenses ARTFX se distingue comme « école N°1 des effets spéciaux » dans le classement mondial du jury The Rookies pour la 6e année consécutive et prépare ses étudiants à intégrer les plus grands studios Clap de fin sur l’actualité de l’été ARTFX propose des Summer camps aux 14-18 ans pour s’initier aux effets spéciaux, animations 2D et 3D. Cette initiative, conçue comme un stage d’immersion, stimule l’ouverture d’esprit, favorise les rencontres et permet de vivre une première expérience au sein du campus ARTFXartfx.school111 boulevard Constantin Descat, 59200 Tourcoing

Plaine Images : berceau de la NextGen créative

Roubaix mêle audace artistique et esprit d’innovation, fidèle à l’énergie qui animait, à la fin du XIXe siècle, ses manufactures textiles. Plus d’un siècle plus tard, l’élan créatif ne s’est jamais tari : Roubaix est une ville où l’on crée et où l’on réinvente sans cesse. Un symbole frappant de cette transformation est la Plaine Images, un lieu phare à cheval entre Roubaix et Tourcoing, qui s’impose comme le premier hub européen dédié aux industries créatives et culturelles (ICC). De l’usine textile à la fabrique d’idées   Installée sur l’ancienne usine Vanoutryve – autrefois fleuron du textile roubaisien – la Plaine Images est l’exemple même d’une reconversion industrielle réussie.    Là où 3 000 ouvriers manœuvraient les métiers à tisser, 2 000 professionnels imaginent aujourd’hui des univers innovants où se croisent jeu vidéo, audiovisuel, réalité augmentée et virtuelle, design, musictech, développement web, marketing digital, e-learning et bien d’autres secteurs encore. La première pierre de cette métamorphose apparaît dès 1995, avec l’installation du Fresnoy – Studio national des arts contemporains – à quelques pas du site. L’idée d’un pôle dédié à l’image et à la création commence alors à prendre forme. Puis, en 2007, le tournant s’accélère : Ankama, la pépite roubaisienne du jeu vidéo mondialement célèbre pour Dofus, investit l’ancien bâtiment des grands magasins. Cet événement marque le lancement de la mutation du site en quartier innovant. Un écosystème unique et dynamique de 5 hectares Dès 2010, les premières entreprises investissent le site. Deux ans plus tard, l’ouverture de l’Imaginarium – bâtiment totem de la filière – marque l’ouverture officielle de la Plaine Images : 8 000 m² consacrés à l’innovation et à l’entrepreneuriat.  Aujourd’hui, ce sont plus de 150 entreprises, allant des start-ups aux grands noms des industries créatives, qui y prospèrent. Chaque année, près de 50 nouvelles pépites rejoignent cet écosystème effervescent et sont accompagnées dans la structuration de leur projet. Le tout dans un cadre de vie agréable : espaces verts, restaurants, foodtrucks, salles de réunion, mais aussi événements, afterworks et activités bien-être. Un campus où l’on prend plaisir à travailler et à échanger. Un carrefour entre la recherche, la formation et le monde économique Ce qui fait la force de la Plaine Images, c’est la synergie entre les entreprises, les étudiants et le monde de la recherche. Trois établissements de renom – ARTFX, Piktura (anciennement Pôle IIID) et Le Fresnoy – forment chaque année des centaines d’étudiants aux métiers de l’image et du numérique. Ce réseau académique alimente directement les entreprises, créant une dynamique de collaboration constante. C’est aujourd’hui au tour de Rubika de venir renforcer le site avec l’arrivée prochaine d’une antenne dédiée au design. Le site met à disposition des plateformes technologiques et des laboratoires de recherche. Ce lien crée un cercle vertueux, alimentant l’innovation. Un modèle d’écosystème qui va bien au-delà des murs du quartier. Un mantra : « Where imagination creates value » À la Plaine Images, l’imagination se transforme en valeur économique, en donnant naissance à des entreprises innovantes et en rayonnant à l’échelle internationale. Mais cette créativité a également une forte valeur humaine, puisqu’elle rassemble des talents venus de tous horizons, unis dans la construction des industries créatives de demain. La Plaine Images constitue aujourd’hui un pilier essentiel de la stratégie économique de la Métropole européenne de Lille, qui reconnaît les industries créatives et culturelles comme un levier majeur de développement économique. Ce pôle d’excellence s’inscrit dans un réseau plus large de quatre autres pôles de compétitivité : la santé, le textile, la foodtech et le numérique. Un lieu en perpétuelle évolution La Plaine Images ne cesse d’évoluer et d’accueillir de nouveaux projets. D’ici fin 2025, l’innovation s’amplifiera encore avec le lancement d’un tout nouveau campus e-sport de 10 000 m². Ce projet ambitieux comprendra un centre de formation et une résidence étudiante. Il proposera également des équipements modernes pour les compétitions, comme une arena pour retransmettre les matchs en direct et des gaming houses pour l’entraînement des équipes. [Audiovisuel] Agence Reflets Vidéo – L’image qui fait vibrer les idées Reflets Vidéo réalise des films corporate haut de gamme, des spots TV créatifs et des vidéos de formation pour les entreprises. L’agence sublime les messages de ses clients grâce à des productions émotionnelles et mémorables, alliant exigence artistique et impact stratégique. refletsvideo.com [Jeux vidéo] Ishtar Games – Des récits épiques aux commandesStudio indépendant reconnu, Ishtar Games est spécialisé dans les RPG exigeants et accessibles comme The Last Spell ou Dead in Vinland. Acteur du renouveau du jeu indépendant français, Ishtar Games cultive l’excellence narrative et l’innovation ludique, tout en multipliant les collaborations sur des projets de gestion et de stratégie.ishtar.games [Divertissement musical] KaraFun – Le plus grand karaoké d’EuropeLeader mondial du karaoké en ligne, KaraFun compte près de 8 millions d’utilisateurs. Avec des studios et bars karaoké ouverts à Lille, Paris, et Bruxelles, l’entreprise illustre la réussite d’un modèle mêlant digital et lieux physiques pour proposer une expérience musicale conviviale et internationale. Karafun [VR] New Atlantis – Explorer le passé en réalité virtuelleNew Atlantis explore une nouvelle frontière : celle du métavers culturel. Grâce à des environnements 3D immersifs, cette startup permet de revivre des lieux historiques disparus et d’assister à des performances artistiques inédites, ouvrant la voie à une nouvelle manière de transmettre le patrimoine et d’expérimenter la culture. newatlantis.fr Entretien avec Emmanuel Delamarre, directeur de la Plaine Images Comment est née la Plaine Images ? C’est la Métropole européenne de Lille qui a porté le projet, dans la lignée des grandes reconversions impulsées par Pierre Mauroy, comme Euralille ou Eurasanté. L’ambition était claire : accompagner la transition d’un territoire industriel vers des filières d’excellence, en associant entreprises, enseignement supérieur et recherche. Pourquoi avoir conservé les bâtiments d’origine ? Garder ces bâtiments de briques de 150 ans, c’est plus coûteux que de tout raser, mais c’est aussi beaucoup plus fort symboliquement. Ce sont des cathédrales industrielles qui racontent l’histoire du territoire, ses réussites, ses fragilités aussi. Traverser ce site rappelle que nous venons d’un passé industriel impressionnant, que nous avons su nous…
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Holberton School : Ctrl + Alt + RBX

École de programmation internationale spécialisée dans le développement informatique, Holberton School accompagne les étudiants à plonger dans le grand bain de la tech. Installée à la Plaine Images, cette école d’un nouveau genre, accessible à tous, sans prérequis technique ni limite d’âge, casse les codes de l’enseignement classique. Pas de cours magistraux, pas de profs, mais des « bootcamps », des « stand-ups » quotidiens, du « peer learning » à haute intensité, des « check in », des « wrap up », le « speaker of the day »… L’apprentissage est basé sur la « méthode projet » : chaque semaine, un nouveau défi, une nouvelle collaboration. Les élèves deviennent autonomes, apprennent à travailler en équipe, à documenter, à présenter (souvent en anglais) leurs avancées. Les différents campus (Paris, Rennes, Toulouse, Roubaix…) communiquent en réseau, et le partage prime sur la compétition. L’objectif : former des développeurs Web Full-Stack, spécialités AR/VR, Blockchain, Cybersécurité, IA, Machine Learning… mais surtout des professionnels adaptables, capables de coder, de comprendre, de collaborer. Warren, 30 ans, a bossé dans la vente en ligne. À Holberton, il voulait comprendre ce qui se cache derrière les interfaces qu’il utilisait chaque jour. « Ce que j’aime le plus, c’est travailler sur du concret, avec des objectifs et un agenda, comme en entreprise. Il y a une entraide incroyable, entre élèves, entre promos, entre campus. »Gabriel, licence LEA en poche, ne s’épanouit pas professionnellement et souhaite se reconvertir pour « apprendre un métier où il y a de vrais débouchés ». Il apprécie l’autonomie qu’on lui donne : « Ici, tu apprends à apprendre. Personne ne te tient la main, mais tout le monde est là si tu bloques. » Brahim a roulé sa bosse à la FNAC et chez OVH. L’envie de « passer de l’autre côté de la relation client » le pousse vers Holberton. « Je voulais comprendre les outils qu’on utilisait tous les jours. Et je cherchais un programme complet, pas juste une formation express. Aujourd’hui, je me sens légitime pour chercher une alternance en développement. » Stan, diplômé en marketing digital, voulait se réorienter après une expérience en cabinet de courtage. Pas question pour autant de replonger dans une ambiance trop scolaire… « Ici, j’ai retrouvé l’autonomie du monde pro, mais avec le droit à l’erreur. On fonctionne par projets, en mode agile. C’est challengeant, mais stimulant. Pour moi, c’est clairement l’une des meilleures formations Tech de la région. » Holberton schoolholbertonschool.fr 25 Rue Corneille59100 Roubaix

Piktura, la révolution à 24 images/seconde

À Roubaix, dans les couloirs de Piktura, l’école de l’image, l’animation n’est pas juste une histoire de logiciels. C’est un terrain d’expérimentation au service de la narration. La technique, évidemment. Mais pas que ! Ici, on ne forme pas seulement des techniciens. On forme des artistes. Des esprits critiques. Des passionnés du détail qui savent que tout part de l’observation. Théâtre, peinture, architecture, photographie… Tout est bon pour aiguiser le regard, pour comprendre comment une lumière caresse un visage ou comment un mouvement trahit une émotion « Je leur dis souvent : il faut que vous ayez un cerveau de 40 ans, alors que vous en avez 20. », lance Carlos de Carvalho, directeur de la filière animation 2D / 3D.  Son rôle ? Pas celui d’un prof qui dicte, mais d’un accompagnateur qui pousse ses étudiants à faire mieux. À aller plus loin. À fouiller dans leurs souvenirs, leurs douleurs, leurs joies, leurs combats. À se demander : pourquoi ce sujet ? Pourquoi maintenant ? Et comment le raconter différemment ? Car ici, tout se fabrique de A à Z. De la musique au montage, du décor à l’émotion. Et tout doit faire sens. Surmonter les défis, un travail d’équipe. À Piktura, la création est rarement solitaire. L’école fonctionne à l’échelle humaine : petites promotions, esprit studio, projets collectifs. La réussite passe par la collaboration, le respect des rôles et des rythmes de chacun. Elliot, étudiant en licence 3 animation 2D, veille à la faisabilité de son projet avec trois autres étudiants, sans jamais perdre de vue l’histoire à raconter. Chargé de production, il se définit comme « un artiste technicien […] la personne grâce à qui des personnes comme Lola peuvent faire leur film ». Lola, dans la même promo, considère le scénario comme un moyen de concrétiser ses idées par l’image et participe à la création des décors. Elle explique : « On partage tout. Les idées, les outils, les doutes. C’est ce qui rend chaque projet plus fort et nous prépare aussi à une réalité professionnelle ». Tous deux partagent une même vision du travail de groupe : exigeant, mais humain. Avancer, tomber parfois, apprendre de ses erreurs ensemble. Et surtout garder cette étincelle d’enfance qui nourrit la création. Le résultat ? Des films qui osent ! Migrants, Les Larmes de la Seine, Au Huitième Jour…. Tous salués dans les festivals du monde entier. Nés de réflexions profondes sur le monde, la mémoire, l’écologie ou l’identité, ces films étudiants touchent, interrogent, provoquent tant par leurs sujets forts que par leur esthétisme hors du commun. Car à Piktura, on ne cherche pas à “faire comme”. On cherche à faire différent, à faire vrai. Et après ? Le diplôme en poche, les rêves bifurquent : rejoindre un studio, écrire, enseigner, tatouer, inventer des projets hybrides… Peu importe la voie, pourvu qu’elle reste libre ! Et à celles et ceux qui rêvent de se lancer, un conseil revient souvent : oser. Oser chercher, tester, se tromper pour que l’animation dépasse l’exercice de style et devienne un langage. Personnel. Audacieux. Vivant. Pikturapiktura.fr1 avenue Boileau,59100 Roubaix Découvrir les films 

Avec le Quartier Créatif, un nouvel art de vivre urbain

Au carrefour des dynamiques culturelle et artistique, économique, urbaine et touristique, se trouve le Quartier Créatif de Roubaix. En son centre, structurant, le musée La Piscine et sa future extension. En son cœur, battant, son voisin, le Foyer du Mutilé, transformé en maison du projet de ce vaste chantier. Autour, le long d’une trajectoire joignant le Conservatoire et le Colisée, des équipements culturels comme la médiathèque et La Cave aux Poètes, des établissements de formation aux métiers de la création, l’ENSAIT, l’ESAAT, ESMOD… Et, plus au loin, les entreprises de l’économie circulaire des Manufactures Tissel. Ainsi se dessinent les contours du Quartier Créatif, défini, sur le plan urbain, par les frontières virtuelles d’un périmètre comprenant des espaces existants et en devenir – faire grandir ce qui existe déjà et faire sortir de terre, c’est l’idée ; et imaginé, au niveau du concept, comme une « zone de rencontres » artistique et entrepreneuriale – créer des connexions entre les acteurs culturels et créatifs, les artistes, les entreprises, c’est l’ambition. Ainsi maillé, le territoire de Roubaix, typique des villes archipel, renforce la lisibilité de son offre culturelle, très dense et portée – c’est le postulat, par des institutions comme le musée La Piscine – et de son offre tout court. Le Quartier Créatif a d’ailleurs été conçu comme tel et au travers d’un prisme : celui d’une offre de services destinée à un couple de touristes séjournant à Roubaix, offre composée de lieux culturels et d’un écosystème créatif, mais aussi d’endroits pour dormir, se divertir et manger. Le réaménagement à venir de l’avenue Lebas, l’implantation future dans le quartier de l’Union du restaurant de Florent Ladeyn, chef étoilé, ou encore l’arrivée, sur le site universitaire de Campus Gare, de l’école Vatel avec son hôtel d’application 4 étoiles, en sont très largement parties prenantes. L’installation dans les locaux du Foyer du Mutilé de Bruno Gaudichon, ex-conservateur du musée La Piscine, missionné par la Ville pour travailler à la préfiguration du Quartier Créatif, et les trois jours de festivités qui l’ont accompagnée, en mai 2025, ont lancé la dynamique. Elle se déploiera progressivement au fil des ans, avec l’objectif de donner une identité à Roubaix et d’en faire une destination touristique reconnue, en même temps qu’un parcours, non pas exactement fléché, mais jalonné de lieux identifiés Quartier Créatif, viendra révéler un nouvel art de vivre urbain. La ville créative Née dans les années 2000, la ville créative a émergé en offrant une diversité d’expériences axées sur des enjeux de reconversion post-industrielle de villes et de quartiers, comme à Roubaix. On peut citer Bilbao, Manchester, Liverpool, Baltimore, Londres, Montréal mais aussi Vienne qui s’est dotée d’un quartier des musées. En France, beaucoup de villes se sont inspirées de ces aventures pour devenir plus culturelles, plus vivantes et portées par des volontés politiques fortes proposant des projets d’envergure. Quartier Créatif

Phil Spread, son job à plein temps

Autodidacte passionné devenu entrepreneur du son, Jean-Philippe Faillie, dit « Phil Spread », a fondé le studio Audioblend à Roubaix en 2015. Un nom, Audioblend, qui  évoque l’idée de mélange et de finesse sonore. Entre enregistrement, mixage, voix off, formation et création musicale, il incarne une nouvelle génération d’ingénieurs du son, à la fois techniciens, pédagogues et créateurs de lien. Retour sur le parcours d’un homme qui a fait de sa passion un métier aux multiples facettes. « Je n’ai jamais dit que je voulais travailler dans la musique. Je voulais être informaticien. » La phrase, prononcée au milieu de ses écrans et de ses machines, nous fait sourire. Le parcours de Jean-Philippe, alias Phil Spread, fondateur du studio Audioblend à Roubaix, est atypique, faite de passion, de résilience, et de beaucoup de câbles audio. À l’origine, la débrouille et le hip-hop C’est l’histoire d’un gamin du Pas-de-Calais. Dans un contexte familial modeste, le rap débarque dans les années 90. A la TV, DJ Abdel scratche tous les soirs dans l’émission « Nulle Part Ailleurs ». C’est le déclic. Pour faire comme lui, avec son cousin, ils achètent leurs premières platines et commencent à mixer dans des soirées « Ça permet d’acheter ses vinyles et de tester ses premières instru ». Les débuts sont artisanaux, à l’image de ses premiers enregistrements de groupes locaux, réalisés avec les moyens du bord dans une salle de répétition associative. Il ne le sait pas encore, mais il vient de mettre le pied dans son futur métier. Refusé à trois reprises aux formations audio post-bac, Jean-Philippe suit alors un cursus en commerce. Mais la musique ne le lâche pas. Il enregistre, compose, produit, apprend tout seul. Un déclic le pousse à suivre une formation en ligne avec Fab Dupont, ingénieur du son franco-américain reconnu. « La meilleure formation que j’ai eue : pas de recette, mais une philosophie. » La naissance d’Audioblend En 2011, il se lance dans l’entrepreneuriat via la couveuse de la BGE à Tourcoing. Le studio est encore chez lui, mais la vision est déjà claire : il faut être multiservices. Enregistrement, mixage, mastering, production, voix off, formation… Phil construit peu à peu son écosystème sonore. Il s’installe dans ses propres locaux à Roubaix en 2015. Dix ans plus tard, Audioblend est une référence locale et un modèle de polyvalence. Dans son studio qu’il a lui-même conçu et traité acoustiquement, il a été rejoint par un autre ingé son, Louis BZR. Ils accueillent aussi bien des artistes en développement que des clients professionnels, des comédiens, des formateurs ou des collectivités. « Je travaille de plus en plus avec le secteur institutionnel. Pour la communication la qualité du son devient cruciale dans les vidéos. » Technicien et pédagogue De nombreux artistes actuels, dont certains noms bien connus des roubaisiens, ont déjà fait appel à ses services : Sofiane Pamart, Eddy de Pretto, Kamini, YG Pablo, Reverie, Ours Samplus, Merty Shango, Sara Sara, Ladaniva, Bekar, Vicky R, Eesah Yasuke, Al.Hy, JNR, James Deano, et Freko Ding (ATK). En plus de ses sessions en studio, il propose également mixage et mastering à distance, travaille avec des applications comme l’appli de méditation Petit Bambou, réalise des voix off pour des entreprises ou des collectivités, collabore avec des comédiens via un catalogue de voix qu’il a constitué. Aujourd’hui, Phil partage son temps entre les sessions studio et l’enseignement. Il intervient à l’EF2M, l’école de musiques actuelles de Tourcoing, où il forme de jeunes musiciens aux outils de MAO (musique assistée par ordinateur).  « Enseigner, ça m’aide à rester connecté. Quand on transmet, on simplifie, on revient à l’essentiel. » Il produit aussi du contenu sur YouTube, où il partage ses conseils et ses réflexions avec ses 10 000 abonnés. Une manière d’entretenir un lien avec une communauté, mais aussi de contribuer à structurer un métier encore trop souvent invisible : « Les ingénieurs du son ne sont pas toujours crédités. Il faudrait un syndicat, une vraie reconnaissance. » ses vidéo Youtube Conscient de l’évolution des usages, Jean-Philippe a fait évoluer Audioblend au fur et à mesure des avancées technologiques. Il a également investi dans une certification Dolby Atmos, anticipant l’essor du son immersif dans la musique et le multimédia. « C’est un pari, mais quand tout le monde s’y mettra, moi j’aurai de l’avance. » Un studio à taille humaine Le diplôme en poche, les rêves bifurquent : rejoindre un studio, écrire, enseigner, tatouer, inventer des projets hybrides… Peu importe la voie, pourvu qu’elle reste libre ! Et à celles et ceux qui rêvent de se lancer, un conseil revient souvent : oser. Oser chercher, tester, se tromper pour que l’animation dépasse l’exercice de style et devienne un langage. Personnel. Audacieux. Vivant. Audioblendaudioblend.fr49 boulevard de Reims,59100 Roubaix  Ses réalisations 

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Kim Hou et Paul Boulenger, créateurs d’About a Worker ont choisi Roubaix pour y installer leur atelier de fabrication textile en février 2024. Une longue histoire qui a commencé en 2017 au moment de la création de leur entreprise à Paris. Avec pour moteur et constante, la fidélité à un modèle économique responsable et humain assez unique. Un combo éthique et agile L’atelier installé rue du Vieil Abreuvoir à Roubaix raconte beaucoup de l’ADN d’About a Worker. Paul partage son temps entre le studio design orchestré par son associée Kim situé à Paris et la production dans le Nord. Son chef d’équipe Phuong, coordinateur des 3 couturiers roubaisiens, est fier de nous parler de la commande en cours pour un grand groupe de luxe français. Il précise, « à partir de leurs chutes de tissus couture, on va fabriquer 3 000 pochettes, futurs cadeaux pour les salariés en interne et pour leurs partenaires. » Ailleurs dans l’atelier, des rebus de dentelle de Calais seront bientôt recyclés en sacoches, bobs ou encore chouchous pour la boutique du musée. Pour La Piscine à Roubaix, la transformation de bâches en PVC fera naître des sacs originaux uniques. « On travaille pour de nombreux clients, des grands groupes mais aussi des structures engagées comme le studio de design roubaisien U-Exist, spécialisé dans la personnalisation des prothèses », précise Paul. Des aventures humaines uniques En parallèle d’une production sur commande, About a Worker se démarque depuis sa création, avec des actions de design collaboratif hors sentiers battus, basées sur la participation et l’adhésion de personnes en marge. Ainsi, leur première collection textile est élaborée par quatre talents issus du chantier d’insertion Mode Estime à Saint-Denis. Une autre avec des femmes emprisonnées se réalisera lors de la Biennale de Venise en 2018. Les expériences se multiplient, elles sont riches et valorisantes. Cependant, Kim et Paul se rendent compte que le modèle économique est défaillant. Ils revoient leur copie et l’adaptent pour se positionner en tant que partenaire d’entreprise, d’association… pour proposer des prestations de réflexion et de création autour du textile, avec des personnes qu’on a peu l’habitude de solliciter et qui en ont toute la légitimité. « La chaire de l’école d’architecture de Lille qui travaille depuis trois ans sur la réhabilitation des habitats miniers nous a contactés. Ensemble, et avec la participation active des locataires des maisons, on a cherché et testé des solutions pour créer des rideaux/parois à partir de matériaux recyclés thermiques pour optimiser l’isolation des portes et des fenêtres. » Au fil des rencontres En 2018, l’invitation à participer à l’événement Anti-Fashion – programme de mentoring destiné à accompagner un public éloigné de la formation et de l’emploi vers les métiers de la mode – à l’ENSAIT, a provoqué la première venue de Paul et de Kim dans la cité nordiste. Les rencontres s’y sont nouées, notamment avec la Responsable Partenariats Créateurs de La Redoute qui leur passera commande d’une mini collection en collaboration avec les ouvriers du centre logistique Quai 30 à Wattrelos. Plus tard, les Parisiens cherchent un atelier inclusif pour produire la ligne de vêtements WRKR et choisissent l’atelier inclusif de confection textile Résilience à Roubaix. Ils y rencontrent Phuong qui deviendra en 2024 le chef de leur propre atelier. La boucle est bouclée, les Parisiens sont devenus en partie Roubaisiens. About a Workeraboutaworker.com