Brahim Bouchelaghem – Celui qui bouge tout le temps

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Une journée type dans l’emploi du temps de Brahim Bouchelaghem ? Cela n’existe pas. Ou plutôt ses jours se suivent et ne se ressemblent pas. C’est ce qui plaît à ce danseur au grand cœur, qui s’est forgé dans les rues de l’Alma et parcourt aujourd’hui le monde avec sa compagnie Zahrbat.

Zahrbat ça veut dire « celui qui bouge tout le temps » en arabe. Même s’il a choisi ce nom pour sa compagnie et sa première création en hommage à son père, il reconnaît volontiers qu’il lui correspond bien aussi. S’il n’y a pas de journée type dans le quotidien du danseur, elles commencent toutes de la même façon, par une sorte de rituel immuable. « Le matin, je prends mon petit déjeuner en regardant les infos. J’avale un café et deux ou trois gâteaux, puis je sors fumer une cigarette dans le jardin. Je regarde le ciel et je réfléchis. »

La danse dans tous ses états

C’est après que l’emploi du temps change. Résidence pour une nouvelle création, participation à un jury de breakdance à Chalon-sur-Saône, représentation de sa dernière création en Albanie, et parfois tout cela à la fois dans la même semaine… ou presque ! Le jour où l’on a rencontré Brahim, il était tranquillement posé au studio de sa compagnie au numéro 28 de la rue des champs. Des détails à caler pour sa participation au festival d’Avignon avec Marie et Luciole, qui s’occupent de tout le travail administratif pour la compagnie. En fin de journée, Brahim sera rejoint par quelques-uns de ses danseurs, « car où que je sois bien sûr, il ne se passe pas une journée sans que je danse ». Le danseur de bientôt 50 ans vit en bande et travaille régulièrement avec les mêmes danseurs dont les petits noms indiquent le lien quasi fraternel qui les unit : Mousstik, Cachou, Fouad, Allous, Nordine … Quand on lui demande où il sera la semaine prochaine, Brahim répond dans un grand éclat de rire. « Mon planning c’est Marie ! » Déchargé des contingences matérielles et organisationnelles, Brahim peut se concentrer sur ses créations. Sur sa danse, « du hip-hop d’aujourd’hui qui peut mélanger break dance et danse contemporaine » et sa pratique qu’il remet sans cesse en question. « J’arrive à 50 ans. Je fais encore des choses que bien des personnes de mon âge ne pourraient faire, mais je suis quand même conscient que ce n’est plus tout à fait comme avant. C’est passionnant de réfléchir à sa pratique et de contourner pour réaliser certaines figures autrement. »

Son agenda est rempli jusqu’en 2024. En attendant, Brahim savoure quotidiennement de vivre de sa passion et de la transmettre à tous. Très attaché à Roubaix, « sa » ville, il est fier de faire partie du comité artistique d’URBX, le festival des cultures urbaines qui a lieu du 15 au 26 juin 2022. Au programme notamment, un battle pluridisciplinaire, le « Hip-Hop Series », qui doit réunir un danseur, un graffeur, un rappeur et un beat boxer par équipe.

Almataha : une tournée labyrinthe

Brahim Bouchelaghem est actuellement en tournée avec sa pièce Almataha. Une des rares créations sans lui sur scène. « C’est un peu frustrant car je ne maîtrise pas la situation comme quand je suis sur scène, et en même temps je vois le moindre petit truc qui cloche » explique-t-il. Trois danseurs partagent la scène avec une marionnette qu’ils font vivre dans l’univers d’un labyrinthe (la traduction d’Almataha) qui symbolise nos cheminements, nos hésitations et nos apprentissages. En tournée depuis février 2021, cette pièce jeune public a déjà été jouée 35 fois et comptera 80 représentations au total.