Auteur/autrice : mouboussaad

Illustration d'Amandine Darachinois pour "La nuit des Arts"

Gare au louuuuup !

La Nuit (des Arts), les loups ne sont pas gris, mais de toutes les couleurs. Depuis 2012, Amandine Derachinois les décline sur des affiches, en traits faussement naïfs. Celle qui a usé ses crayons à St-Luc – Tournai est, depuis 2009, responsable de création graphique au sein du service Communication de la Ville de Roubaix, s’illustrant dans des campagnes visuelles remarquables et remarquées. Eldorado oblige, elle joue en 2019 la carte mexicaine, en signant la dernière affiche de ce qui constitue déjà pour certains, une jolie collection. Découvrir l’univers d’Amandine en ligne © Amandine Derachinois © Amandine Derachinois © Amandine Derachinois © Amandine Derachinois © Amandine Derachinois © Amandine Derachinois © Amandine Derachinois © Amandine Derachinois © Amandine Derachinois © Amandine Derachinois

Photo de toit de Samuel Baba

INSTants by Sam Baba

Depuis 2017, Samuel Baba a imposé sa hauteur de vue insolite et hyper léchée sur Instagram, où il est suivi par près de 14 000 abonnées. A Roubaix, il s’est promené, a photographié. Alternatif a aimé.

Prothésiste, tout un art

Quand un orthoprothésiste et une styliste de mode se rencontrent cela donne U-exist qui propose des prothèses fun et personnalisées qu’on est fier de montrer. Simon Colin, orthoprothésiste de formation a étudié à Bruxelles et a toujours été préoccupé par le côté froid de la prothèse, toujours de couleur chair, grise ou noire. « L’acceptation de la prothèse était rendue encore plus difficile par son aspect impersonnel. » Le jeune homme rédige son mémoire sur la customisation des prothèses et reçoit un accueil chaleureux du jury. U-exist est déjà en gestation. Sa rencontre avec Amandine Labbé styliste et professeur à Esmod fera le reste : elle apportera avec elle l’univers de la mode dans celui des prothèses. Personne n’y avait pensé et c’est une chouette idée : en 2014 ils fondent ensemble U-Exist : « Vous aussi, jouez de votre différence. » Le partage des rôles se fait naturellement : Simon prend en charge l’aspect technique et l’impression des motifs sur les matières, quand Amandine s’occupe de constituer une collection de motifs. Car c’est véritablement d’une collection dont on peut parler, comme dans la mode. Le catalogue présente 250 motifs différents © Sébastien Jarry © Sébastien Jarry Des collections capsules « Le catalogue présente 250 motifs différents, organisés par thématique, pour tous les âges, tous les styles, hommes, femmes et enfants », précise Cindy Habchi, chargée de communication de U-exist. Les motifs sont créés par Amandine ou par un réseau d’artistes avec des collections capsules comme dans la mode : Nikok et ses motifs robotiques, Laure Poitreau et ses motifs animaliers pastel ou encore Boniett et ses carpes sur fond fleuri. Il est possible aussi pour le patient de recourir au service U-adapt s’il a lui-même créé ou dessiné un motif qu’il souhaite voir reproduire sur sa prothèse. Ou encore, grâce à U-custom faire réaliser sur mesure un motif qui lui appartiendra à vie. Une dimension humaine primordiale L’entreprise fonctionne comme une start-up, « On n’est que 4 et on est forcément touche-à-tout » , ce qui convient parfaitement à Baptiste Jules, le commercial du quatuor. C’est lui qui se charge notamment d’agrandir le réseau des orthoprothésistes avec lesquels l’entreprise travaille, déjà au nombre de 50. « Chez U-Exist, ce n’est pas un travail de commercial comme les autres. Il y a forcément une dimension humaine primordiale et cela me plaît. Je vends quelque chose d’utile et je crois en ce que je vends. » U-exist habille des prothèses de patients dans toute la France et commence même à s’internationaliser : en Allemagne, en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas ou encore en Australie ! La start-up peut aussi compter sur des ambassadeurs de choix comme Jean-Baptiste Alaize, plusieurs fois champion du monde en saut en longueur, dont la prothèse raconte l’histoire. Cindy Habchi se réjouit : « On a l’impression que la mode s’ouvre de plus en plus au monde du handicap, on a récemment réalisé un shooting photo très mode, très fun. » C’est certain, U-exist apporte tous les jours sa petite pierre à l’édifice pour que ce regard change. Et les patients sont ravis que la conversation s’engage désormais sur le motif original et non sur la prothèse elle-même. Pari gagné. u-exist.com

Artiste street-art Roobey

Roobey, l’homme derrière les stickers

Une poubelle, un panneau, une barrière de chantier… Quand les premiers stickers estampillés Roobey ont inondé Roubaix, notre journaliste a cru que Shepard Fairey avait débarqué dans la ville aux 1000 cheminées ! C’est début 2018 que le jeu de piste Roobey a démarré. Plusieurs fois, on a essayé de le contacter, on a même demandé des infos à ses amis street-artistes (oui, on commence à avoir un sacré carnet d’adresses de graffeurs chez Alternatif !). Finalement, c’est par hasard que nous notre journaliste est tombé sur lui au détour d’une… Balade en poussette dans les rues de Roubaix ! Le rendez-vous est pris : ça tombe bien, celui qu’on nomme Roobey vient de s’installer aux Ateliers Jouret (déjà abordés dans un précédent Alternatif) avec des collègues artistes : « Roubaix a ce côté underground qui colle bien aux milieux urbains (hip-hop, skate, graff…). Depuis 25 ans, il y a une sacrée histoire du street-art dans la ville. Les stickers, c’est une manière de dire « il est passé par ici ». » Sur son compte Instagram, il cherche à mettre en avant des lieux insolites, d’abord à Roubaix, puis en Belgique, aux Pays-Bas, en Bulgarie, en Grèce… En 2018, il a imprimé un millier de stickers, 400 ont déjà été collés (parfois redécollés entre temps) ! Roubaix a ce côté underground qui colle bien aux milieux urbains (hip-hop, skate, graff…).  Le titre d’une démarche artistique Roobey, ce n’est pas uniquement des stickers collés un peu partout, nous sommes face à un vieux briscard actif depuis 15 ans. C’est lui qui coordonne Des Friches et des Lettres, collectif de graffeurs de Roubaix et Toulouse. D’ailleurs Roobey n’est même pas son nom, mais le titre de cette démarche. Maintenant que Roobey s’est posé aux Ateliers Jouret, il a d’autres projets : création de T-shirts (les premiers se sont vendus comme des petits pains) et d’affiches avec des personnalités de Roubaix avec son collègue Benjamin Kluk. Des Friches Et Des Lettres : kezako ? On doit à DFDL quelques-unes des plus belles fresques de Roubaix, réalisées chaque année pour le Festival Expériences Urbaines, #XU. Dans la ville, impossible de passer à côté de ces tableaux majestueux, réalisés à plusieurs (jusqu’à 13 artistes !), sur plusieurs jours et sous les yeux des riverains : « Ça fait de la couleur, de la vie dans le quartier, merci ! »

Mélanie Duret, gérante du camion "On part en vrac"

On part en vrac, pas en vrille

Une épicerie Zéro Déchet itinérante. Voilà ce que Mélanie Duret propose à bord de son camion épuré noir et blanc On part en vrac. Pour consommer différemment, plus local, plus artisanal et en phase avec ses valeurs. En vrac, Mélanie nous livre ses impressions, deux ans après le démarrage de son camion. E comme Enfants C’est la naissance de mes trois enfants (Darius, 9 ans, Lubin, 7 ans et Bertille, 3 ans) qui est à l’origine de ma prise de conscience et de mon envie de mieux consommer. J’ai lu le livre de Bea Johnson Zéro Déchet et j’ai commencé à réfléchir aux produits d’entretien que j’utilisais et à ceux pour laver mes enfants. N comme Nouvelle vie Dans une autre vie, j’étais cadre dans une banque. Après un DUT en gestion des entreprises et des administrations et un IUP marketing vente option banque assurance, j’ai travaillé dans le secteur bancaire pendant 13 ans. La pression commerciale était de plus en plus présente. Quand j’ai commencé à réfléchir à ma façon de consommer, j’ai fait un bilan de compétence en parallèle. Toujours pendant mon congé maternité, j’ai découvert la vente en vrac, j’avais plus de temps pour cuisiner. Et petit à petit l’idée a germé : et si j’ouvrais mon commerce de vente en vrac ? Dans la création de ma petite entreprise, mes connaissances en gestion m’ont bien aidée. V comme Vroum-Vroum ! Quand j’ai commencé à chercher un local, ce n’était pas évident de trouver le bon emplacement, d’autant que c’est très cher dans la métropole lilloise. Et pourquoi pas l’itinérance du coup ? Les frais sont réduits et si cela ne marche pas à un endroit, je peux en changer ! J’ai démarré l’activité en septembre 2017 avec un camion aux lignes épurées et à la déco noir et blanc. Je l’ai agencé comme un magasin. Depuis le mois de juin, un second camion sillonne les marchés de la métropole, et prochainement un triporteur électrique sera présent sur quelques événements Zéro Déchet. R comme Régional Pour l’approvisionnement, je privilégie le local et bien sûr l’artisanal. Mon camion vient par exemple d’Hazebrouck, les bocaux qui contiennent les produits de Luminarc dans le Pas-de-Calais. Le café provient de Tourcoing, le nougat de La Madeleine et le savon des environs de Gravelines. Même pour la communication, j’ai privilégié une agence roubaisienne, Les lunettes bleues. A comme Alimentaire mais pas que ! Dans mon camion, je vends tout ce qui est alimentaire bien sûr : thé, café, céréales, confiture, miel, cacao en poudre, fruits secs, biscuits, épices, huiles, farines, pâtes, légumes secs, riz… Mais on trouve aussi du savon, du shampooing solide, du déodorant, du dentifrice, du savon noir, du liquide vaisselle, … Sans oublier tous les indispensables du Zéro Déchet : sacs en tissu, bocaux, gourdes, mouchoirs en tissu, … C comme Circuit de diffusion Avec mes deux camions, je suis présente sur 14 marchés et 33 points de retrait dans la métropole lilloise. Je propose à mes clients un rendez-vous hebdomadaire. Mon activité est très complémentaire de celle des marchés et j’apprécie vraiment cette démarche d’aller vers les gens. J’ai le temps de discuter avec mes clients. Le camion en lui-même attire parfois les curieux et la conversation s’engage, c’est très enrichissant. En drive aussi Pas le temps de passer au marché ? Pas de panique, On part en vrac propose désormais ses services en drive : On passe sa commande en ligne   On retire sa commande dans plus de 15 points de retrait dans la métropole lilloise et même un en Belgique ! onpartenvrac.com

Chambre de la maison d'hôte "My Little Roubaix"

My little Roubaix, une adresse géante

Au cœur de la métropole, existe un petit havre de paix que des initiés ont déjà pris d’assaut. Et comme on les comprend. La maison d’hôtes ouverte par Erick et Caroline est une petite pépite, à la déco éclectique et arty. Comme on aime ! Il suffit de pousser la porte de My little Roubaix pour se sentir ailleurs… et comme chez soi à la fois. Attenant à une belle demeure bourgeoise, le petit appartement indépendant de 50 m2 a tout d’un grand. Les maîtres des lieux ont pensé à tout dans les moindres détails. « Nous voyageons beaucoup, confie Erick. Il était primordial de créer le type de lieu que nous souhaiterions nous-même trouver pour un séjour. » Résultat : un refuge aussi confortable que fonctionnel, chaleureux, élégant, accueillant et sympathique, à l’image des propriétaires. Coups de cœur Caroline et Erick sont roubaisiens depuis 2003. Après avoir visité 85 maisons dans la métropole, ils sont finalement tombés en amour devant une splendide bourgeoise au charme évident, assez spacieuse pour leur belle famille. Pas moins de 400 m2 à remplir de vie, de joie, de meubles et d’objets, dénichés ici et là. Les bureaux d’Erick, qui occupaient l’espace attenant à la maison principale ont récemment cédé la place à un appartement destiné à la location de courte durée, « parce que nous avons le goût des belles rencontres. » Et des belles choses aussi… Amoureux de la chine, celle qui vous fait voyager dans le temps, le couple a réussi à créer une ambiance unique et inspirée, où se côtoient avec style meubles anciens et contemporains, livres et objets design, clins d’œil humoristiques et bidules poétiques. Roubaix lovers Amoureux de leur ville, au point qu’Erick s’investit dans l’Office de tourisme, les hôtes n’ont de cesse de valoriser les talents roubaisiens et sont des habitués des Ateliers Jouret. Sur les murs, les affiches colorées de La Piscine dialoguent avec celles de la Braderie de l’Art et des œuvres originales d’artistes géniaux, de Shepard Fairey (Obey) à Jef Aerosol en passant par Ohm et fl0uk. Côté textiles, on apprécie le savoureux mix and match à base d’étoffes de chez Tissus Papi. « Nous mettons à disposition de nos hôtes de la documentation sur la vie culturelle dans la métropole et à Roubaix surtout, précise Erick. Et nous partageons aussi nos adresses coups de cœur, comme le Mercado Negro ou le Stupéfiant. » mylittleroubaix.com © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher

Aurélie Damon, décoratrice et peintre

Limonade Paper fait pétiller vos murs

Alternatif a confié la 4e de couverture de son 4e opus imprimé à Aurélie Damon. La jeune plasticienne, dont l’univers ludique, poétique et coloré est reconnaissable entre mille, vient de se lancer dans une nouvelle aventure, qui allie à merveille art et déco. Ses paysages oniriques ré-enchantent nos villes et nos vies. Aurélie Damon s’est forgé un style bien à elle. Diplômée de l’école des Beaux-arts de Tourcoing, la jeune femme évolue dans le milieu depuis 15 ans. Expos, résidences, ateliers, travaux de commande… l’artiste déroule son univers sur des pans verticaux de toutes les tailles.   Nouveau terrain de création Il y a deux ou trois ans, Aurélie a commencé à réfléchir à une façon alternative de diffuser son travail, en allant vers la décoration. « Il s’agissait pour moi de désapprendre tout ce qu’on m’avait enseigné aux Beaux-arts, à savoir que l’art ne doit surtout pas être décoratif. »La jeune femme constate qu’on lui fait de plus en plus de demandes orientées déco, notamment pour des tissus. Elle observe le marché, voit qu’il est porteur, en particulier la niche des papiers peints qui redeviennent tendance. Elle dessine alors son nouveau projet, qu’elle baptise Limonade Paper. « Parce que c’est pétillant et frais, comme se veut mon travail. Et que dans limonade, il y a Damon, et le Lie d’Aurélie. Ce nom raconte mon histoire. » Je suis toujours étonnée des histoires que s’inventent les personnes qui les décrivent. « Motifothèque » et sur-mesure Les œuvres d’Aurélie Damon ouvrent des fenêtres sur des paysages imaginaires. « Je suis toujours étonnée des histoires que s’inventent les personnes qui les décrivent. »A partir de cet univers singulier et intemporel, qui mêle l’organique, le végétal et l’architecture, l’artiste s’est composé une banque de motifs, véritable alphabet dans lequel elle pioche pour « écrire » ses histoires. Avec Limonade Paper, elle propose de les imprimer sur des lés, à poser sur le mur de votre choix. « Je cible les particuliers, pour les chambres d’enfants par exemple, mais aussi les professionnels, restaurants, crèches, boutiques, EHPAD, ou encore maisons spécialisées dans l’accueil des personnes souffrant d’Alzheimer, où évoquer le réel serait trop anxiogène. » Atout majeur de Limonade Paper : la personnalisation. « J’ai réalisé une création originale pour Plateau Fertile notamment. » Aurélie s’inscrit aussi dans une démarche écologiquement responsable. « Je privilégie les circuits courts, en travaillant avec un imprimeur local, sur des papiers et avec des encres innovantes, sains et respectueux de l’environnement. » Facebook Limonade Paper Limonade Paper © Limonade Paper © Limonade Paper © Limonade Paper © Limonade Paper © Limonade Paper

Jérôme, Matthieu et Mathias, collectif de micro-brasseurs Brewbaix

I love BREWBAIX

Pour le collectif de micro-brasseurs Brewbaix, la bière*, c’est bien plus que de l’eau, du houblon, du malt et des levures… La recette de leurs petites mousses maisons ? De la passion, du plaisir à partager et une créativité joyeuse, typiquement roubaisienne. Comme trois pictos, leurs bobines sont imprimées sur les étiquettes qui habillent les bouteilles sortant de leur brasserie artisanale. Jérôme, Matthieu et Mathias revendiquent fièrement les bières qu’ils prennent plaisir à imaginer et brasser ensemble. Mais comme les trois mousquetaires, ils sont quatre, avec Christophe, le gentil traiteur qui héberge les cuves et tout le matos brassicole. Tombés dans la mousse Avant de se réunir sous la marque commune Brewbaix, chacun a appris à brasser dans l’arrière-cuisine ou le garage, avec un kit pour débutant, aidé d’un livre ou en cherchant des recettes sur internet. « J’aime bricoler, faire à manger, faire des choses par moi-même en général », raconte Matthieu, éducateur de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Jérôme, négociant en vin dans le civil, ne voit aucun problème à passer de la vigne au houblon. « La bière offre davantage d’occasion d’être moderne et créatif ! », s’enthousiasme-t-il. « Pour le reste, il existe de nombreuses similitudes. Nez, goût, visuel… Pour moi, le visuel est très important. J’apprécie les bières un peu troubles. » © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher © Didier Alkenbrecher Un ancrage roubaisien Pour les trois compères, tous originaires de Dunkerque mais roubaisiens d’adoption et de cœur, Brewbaix sonnait comme une évidence. To brew, brasser en anglais, apporte une touche de modernité. Quant au Baix de Roubaix, il affirme haut et fort son ancrage local. Matthias, graphiste dans la vraie vie, a conçu le logo Brewbaix. Simple, basique. Mais diablement efficace, avec son clin d’œil au street-artiste Roobey. Les étiquettes sont belles, graphiques et colorées. « Pourquoi ne pas demander à des artistes roubaisiens d’en créer ? » La volonté de multiplier les collaborations est bien là. « On est en contact avec un ancien brasseur de la rue du Luxembourg. Nos bières sont présentes à La Bobine, au bar de la Condition Publique, lors d’événements, comme récemment Paris-Roubaix Challenge, ou la Bloc Party des ateliers RemyCo… » A la fin du XIXe siècle, Roubaix comptait pas moins de 20 brasseries. Brewbaix est la première qui fait renaître la tradition brassicole locale. Moins de sucre, plus de goût Comment devenir expert en bières au point d’en créer soi-même ? En en goûtant un maximum pardi ! « C’est important d’élargir sa palette aromatique », justifient nos trois brasseurs, guidés par une curiosité sans limite. Leur best-seller est actuellement la Hystrix, aux feuilles de combava, qui apportent une note fraîche et citronnée, parfaite pour les beaux jours. « Tout peut nous inspirer, rien n’est impossible », expliquent-ils. Pour obtenir la bière qu’ilsapprécient (et non celle qui plaît à tout le monde), les brasseurs sont prêts à tout. S’il faut aller cueillir 40 kilos de mûres sauvages pour un brassin de 200 litres d’une mousse subtilement acidulée, aucun problème… Mo-ti-vés ! « Nous avons à coeur de proposer des bières de qualité, plutôt légères, peu sucrées, pas trop alcoolisées, mais avec du goût, surtout. » Prochain défi : le vieillissement dans un fût de bois qui a contenu du cognac. A découvrir avec délectation. Rien ne se perd, tout se transforme Ceci n’est pas une boulangerie, une boulangerie à Croix, fournit à Brewbaix une partie des pains invendus, qui sont intégrés dans le brassage d’une de ses bières. Dans une logique Zéro Déchet, les résidus de malt des brassages, les drêches, deviennent les ingrédients d’un pain. Un partenariat exemplaire ! Facebook Brewbaix *L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

Portrait d'Arnaud Deplechin

Arnaud Desplechin, Les lumières de sa ville

Rendez-vous est pris entre deux scènes de tournage dans les salons du Grand Hôtel Mercure à Roubaix. Le cinéaste fantasque venu filmer son 12e long-métrage à Roubaix, sa ville natale, apprécie ce moment d’échange. Une respiration tout en chuchotements qui le dégage quelques instants des rouages millimétrés et rythmés de la réalisation. Rencontre avec un homme singulier, ouvert aux fantômes et empli d’une belle lumière. Roubaix, partir pour mieux revenir En plus de 30 ans de carrière, Arnaud Desplechin, amoureux du cinéma d’auteur, a été nommé 56 fois dans des festivals et a obtenu plusieurs prix dont le prix Louis-Delluc en 2004 pour Rois et Reine et l’Etoile d’Or du réalisateur pour Un conte de Noël en 2009 ! Cinq de ses longs métrages ont été tournés à Roubaix, ville où le cinéaste a vécu et étudié jusque l’âge de 17 ans. Ville à laquelle il est toujours très attaché pour l’identité meurtrie qu’elle lui inspire : « Jeune homme, j’ai eu besoin de fuir cette ville, de m’arracher à mes racines. J’ai intégré l’école de cinéma l’IDHEC à Paris et dès mon premier moyen métrage, La vie des morts, j’ai souhaité revenir tourner ici comme pour livrer quelque chose qui vienne de mon passé, de ma vie, de moi. Je reste fasciné par cette ville, par les signes d’un passé industriel très prospère alors qu’aujourd’hui, la réalité n’est plus la même. Il y a comme un devoir, une fierté à résister et à revenir. » Un point de vue intellectuel humain Le long métrage tourné s’intitule Roubaix, une lumière. Il relate un fait divers inspiré par un vrai meurtre commis par deux jeunes femmes, interprétées par les actrices françaises Léa Seydoux et Sara Forestier. Le commissaire Daoud incarné par Roschdy Zem mène l’enquête, sillonne la ville qui l’a vu grandir. Voitures brûlées, altercations… Le film met en scène un monde en crise et se charge d’une mission : rendre leur humanité aux coupables. Au réalisateur de préciser : « Vous faites comment avec la misère ? Je n’ai pas de propos sociologiques ni même politiques. Mes deux héroïnes viennent d’un milieu socialement très dur, elles ont un destin tragique. Et pourtant une lumière scintille en elles. Quelque chose de l’ordre de l’amour qui transcende le poids de la réalité. Des soubresauts magnifiques. » Un cérébral fidèle et romanesque Inspiré par les réalisateurs de la Nouvelle Vague, et surtout par François Truffaut dont il connaît au moins dix films par cœur, Arnaud Desplechin est un cinéaste souvent jugé pour son intellectualisme, pour ses personnages complexes, souvent opaques. Cinéaste fidèle à ses acteurs, Arnaud Desplechin lance et met en lumière Mathieu Amalric dans La Sentinelle en 1992. Lui et son acteur fétiche font partie de ces couples fusionnels au cinéma : depuis 1992, ils ont tourné sept films ensemble. Il en reste une constante et une longue histoire qui se nourrit au fil des années, faisant évoluer les personnages de Paul Dedalus et d’Ismaël Vuillard (incarnés par Amalric) de film en film. Ces héros récurrents contribuent à créer l’ampleur romanesque du cinéaste. La discussion aurait pu continuer encore… Trop rapidement, l’entrevue se termine. Le tournage doit reprendre. Les équipes sont en place devant la patinoire face à l’hôtel de ville. Au moment de l’au revoir, le visage d’Arnaud Desplechin rayonne. La rencontre appuyée sur l’évocation de nombreux souvenirs liés à Roubaix semble avoir galvanisé le cinéaste. Son Roubaix est très attachant et toujours bien vivant. Portrait chinois : Un souvenir d’enfance Je faisais partie d’un club d’escrime et chaque 14 juillet, nous défilions avec nos fleurets dans les rues de Roubaix. La mairie nous donnait 1 franc pour cette représentation. J’en garde un souvenir émerveillé. Un souvenir de cinéaste Catherine Deneuve, au moment du tournage d’Un conte de Noël en 2008. Le Grand Hôtel n’avait pas été refait. Catherine avait investi le premier étage. C’était dingue de la voir descendre le grand escalier le matin. Une espèce d’insolence d’avoir Catherine à Roubaix qu’elle a par ailleurs beaucoup aimé. Une personnalité Germaine Lantoine-Neveux ! Les portraits de cette peintre roubaisienne sont exposés au musée La Piscine. C’est ma grand-tante qui me l’a fait découvrir et apprécier, notamment pour ses séries de portraits qui prenaient pour modèles des ouvrières comme des bourgeoises. Un lieu Le Parc Barbieux ! Nous y étions en tournage hier soir. Mon rêve est de parvenir à y faire un plan cinématographique du tram vu du parc. Je n’y suis toujours pas parvenu !       Un film pour… Avoir la pêche Leto du réalisateur russe Kirill Serebrennikov. Un film enthousiaste autour de la musique rock qui donne une énergie d’enfer. Regarder la société Je vais au cinéma pour échapper à la société. Je préfère regarder le monde. Il n’en reste pas moins que La règle du jeu de Jean Renoir m’a mis à genoux quand je l’ai vu la première fois. Rêver Phantom Thread avec Daniel Day-Lewis. L’histoire d’un couturier dans les années 50 qui rencontre une muse. La nature de leur relation est tellement mystérieuse que l’on pense que c’est un songe. Dans les #coulisses du nouveau film de Desplechin à #Roubaix : il en faut du monde et du matériel pour le tournage ! pic.twitter.com/S3MiOIWqRM — Ville de Roubaix (@roubaix) 26 août 2016 Arnaud Desplechin et Roschdy Zem tournent à la patinoire pour les besoins d’une scène du film « #Roubaix, une lumière » 🎥 Nos plus belles photos sur https://t.co/z6PuGGNCkz pic.twitter.com/uvcLrvdRyM — Ville de Roubaix (@roubaix) 15 décembre 2018       Filmographie express 1991 Prix Jean-Vigo pour son premier moyen métrage La Vie des morts 1992 Réalisation du premier long-métrage La Sentinelle 1996 Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) 2000 Esther Kahn 2003 Léo en jouant « Dans la compagnie des hommes » 2004 prix Louis-Delluc pour Rois et Reines 2007 L’Aimée 2008 Un conte de Noël 2013 La Forêt 2013 Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des plaines) 2014 Trois souvenirs de ma jeunesse 2016 César du meilleur réalisateur pour Trois souvenirs de ma jeunesse 2017 Les Fantômes d’Ismaël 2019…
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Anti-Fashion en mode responsable

De Marseille à Roubaix, Stéphanie Calvino n’a pas hésité : son Anti-Fashion Project s’impose désormais comme un trait d’union entre les deux villes, associant un grand nom de la mode comme La Redoute mais aussi la très renommée école de mode Esmod. Objectif : aider les jeunes des quartiers populaires à réinventer une mode plus durable. Le 3 septembre 2018, Arnice Troïka a vécu sa première rentrée à Esmod Roubaix. La jeune fille de 22 ans était plutôt intimidée d’assister à ses premiers cours au sein de la prestigieuse École supérieure des arts et techniques de la mode de Roubaix. « Moi qui n’étais plus scolarisée, je me retrouve dans une haute école de mode… C’est fabuleux, c’est incroyable, je n’arrive à réaliser ce que Anti-Fashion Project m’a apporté », résume-t-elle. Il faut dire qu’Arnice, originaire de Guyane, s’est battue pour en arriver là. Si cette première année de cursus lui a été offerte (ce qui représente quand même près de 10 000 euros), c’est parce qu’elle a décroché le Prix Esmod Roubaix en partenariat avec La Redoute. Le jury a salué unanimement « son implication et sa persévérance » et l’originalité de la tenue présentée. « J’ai concocté une tenue qui raconte un passé assez personnel », résume la jeune fille. Derrière sa voix frêle, on devine un parcours de vie compliqué. Elle a entièrement fabriqué un jogging-combi style guerrière un haut avec des manches extra larges et des épaulettes extravagantes, en utilisant du vinyle orné de fleurs au niveau des seins et pour le short, le tout complété par des jambières. Comme une protection mais aussi une renaissance. © Jean-Christophe Husson © Jean-Christophe Husson © Jean-Christophe Husson © Jean-Christophe Husson © Jean-Christophe Husson © Jean-Christophe Husson © Jean-Christophe Husson © Jean-Christophe Husson © Jean-Christophe Husson © Jean-Christophe Husson Dénoncer les dérives de la 2e industrie la plus polluante du monde « J’avais d’abord voulu d’abord devenir esthéticienne mais je ne trouvais pas de stage. » C’est la mission locale de Roubaix qui lui a conseillé de s’adresser à Anti-Fashion Project. « J’ai alors rencontré beaucoup de personnes fabuleuses et extraordinaires », sourit la jeune fille. Comme Li Edelkoort, à l’origine du Manifeste Anti-Fashion : cette véritable pythie de la mode travaille beaucoup avec les végétaux pour dénoncer les dérives de la 2e industrie la plus polluante au monde. Ou encore Sylvette Boutin Lepers, responsable des partenariats Créateur & Image de La Redoute, qui lui a ouvert les coulisses d’une grande enseigne de mode. Arnice est à l’image des autres réussites de ce projet, « rencontrer ces jeunes en difficulté et qui se cherchent, qui sont intéressés par la mode, éveiller leurs sens autour de la matière textile, pour les accompagner le plus possible selon leurs envies », résume Stéphanie Calvino, à l’origine de ce travail. « On ne fait pas de la réinsertion, on ouvre la porte vers tous les possibles. » J’ai alors rencontré beaucoup de personnes fabuleuses et extraordinaires, ARNICE anti-fashion-project.com