Auteur/autrice : Sylvain Genel

Élévation

15 photographies, 15 Lieux, 15 histoires de Roubaix, La ville de Roubaix a connu un passé incroyable, elle est l’archétype du développement de la ville industrielle du 19ème siècle.  En moins de 100 ans, la ville s’est développée de manière fulgurante passant de 8 000 habitants en 1800 à plus de 110 000 habitants en 1890. L’exposition internationale du nord de la France de 1911 marque l’apogée de la puissance économique roubaisienne.  110 plus tard, il nous reste les souvenirs de cette grandeur au travers d’un patrimoine toujours existant, que ce soit des bâtiments industriels, des équipements culturels, sportifs ou religieux, des habitations luxueuses ou humbles, des espaces naturels, jusqu’aux chapelles du cimetière… Ce patrimoine historique incroyable est complété par des édifices de grande qualité architecturale construits tout au long du 20ème et début 21ème siècle. Le portfolio dont vous me laisser carte blanche va me permettre de raconter en image ce passé incroyable au travers de 15 photographies témoignant chacune d’une partie de l’histoire de Roubaix. Crédit photo : Laurent Dequick, Les bureaux de la Teinturerie Scrépel, 10 rue de la Tuilerie Crédit photo : Laurent Dequick Crédit photo : Laurent Dequick, Palais de justice Crédit photo : Laurent Dequick, Maison au style Art déco, 1 avenue Roger Salengro Crédit photo : Laurent Dequick, 23 Bd Du général Leclercq Crédit photo : Laurent Dequick, La Maison Verte, 28 rue du Maréchal Foch Crédit photo : Laurent Dequick Musée de la Piscine Crédit photo : Laurent Dequick, Liberty box Crédit photo : Laurent Dequick, 4 rue du maréchal Foch Crédit photo : Laurent Dequick, la corde Crédit photo : Laurent Dequick, Immeuble de rapport, 4 boulevard du Général de Gaulle Crédit photo : Laurent Dequick, Centre médical Barbieux Crédit photo : Laurent Dequick, 74 rue du grand chemin Crédit photo : Laurent Dequick, 250 rue de Lille   Lever les yeux et prendre le temps de regarder.Un mois à déambuler dans les rues de Roubaix,Beaucoup de bâtiments remarquables photographiés,qu’ils soient industriels, culturels, institutionnels, religieux, commerciaux ou d’habitation. 15 morceaux choisis d’architecture pour nous raconter 15 histoires.Vision frontale systématique des bâtiments, tel un dessin d’architecteque l’on peut contempler et détailler dans toute sa hauteur.À la limite de l’illustration, les élévations (quasi) sorties de leur contexterévèlent leurs plus beaux atouts. Par-delà la délicatesse et le soin portés à leur réalisation,ces clichés sont les témoins de l’Histoire de Roubaix.Ils nous en livrent ici chacun quelques souvenirs.

Et si on réparait ensemble ?

Votre grille-pain a trop chauffé ? Votre machine à laver n’essore plus ? Votre bouilloire s’est essoufflée ? Souvent le premier réflexe est de racheter un appareil à l’identique lorsqu’il tombe en panne, alors qu’il est peut-être réparable. Face à la surconsommation, les ateliers solidaires pour réparer les appareils défectueux et leur donner une seconde vie trouvent leur public. C’est bon pour la planète et le porte-monnaie. Les astuces des Repair Cafés L’association ASTUCE organise à Roubaix des Repair Cafés, des ateliers conviviaux à travers lesquels des passionnés de bricolage partagent leur savoir-faire auprès des Roubaisiens pour réparer leurs objets du quotidien usagés. Mais au fait, qui vient dans ces ateliers ? « Un peu tout le monde, mais surtout des personnes de la tranche d’âge 35-75 ans », explique Isabelle Bras, coordinatrice de l’association ASTUCE. « On distingue les personnes très économes qui viennent ici par nécessité, d’autres qui sont économes par éthique et veulent éviter le gaspillage, d’autres encore qui viennent pour des raisons économiques car elles souhaitent réparer des appareils qui valent cher et dont elles ne peuvent se passer », poursuit-elle. La plupart des objets repartent « réparés » pour une nouvelle vie, et souvent en moins d’une demi-heure, grâce à la ténacité de la dizaine de bénévoles. Polyvalents ou spécialisés, ils sont passionnés et ont tous à cœur d’accompagner la personne pour lui expliquer l’intervention. Des demandes insolites permettent aussi des échanges enrichissants : « Un monsieur d’un certain âge est venu pour réparer un magnétophone à cassettes datant de plus de 50 ans ! » Après six heures passées à le décortiquer, une panne en cachant une autre, l’équipe a finalement dû renoncer. Mais cela reste un bon souvenir de partage pour ce monsieur dont le magnétophone avait surtout une valeur sentimentale. Consommer autrement, éviter le gaspillage et se retrouver autour d’un café, voilà déjà trois bonnes raisons de fréquenter les Repair Cafés. Vous en trouverez sûrement d’autres en poussant la porte de l’un d’entre eux ! « Un peu tout le monde vient aux Repair Cafés ! » Isabelle Bras Astuce Roubaix Contacts ASTUCE24 place de La Liberté, Roubaix

Et si on cultivait ensemble ?

À Roubaix, la solidarité pousse dans les jardins. Familiaux ou partagés, sur d’anciennes friches ou dans des interstices urbains, ces espaces sont bien plus que des potagers : ce sont des lieux de rencontre, de transmission et de convivialité. Avec près de 340 parcelles réparties sur 9 hectares, mises à disposition des Roubaisiens gratuitement par la Ville et gérées par une dizaine d’associations, chacun peut y trouver son coin de nature. Ces parcelles reposent toutes sur le même principe : travailler la terre ensemble, partager savoirs et astuces et prendre soin du sol. La Maison du Jardin, un pilier du réseau roubaisien La Maison du Jardin existe depuis plus de vingt-cinq ans et gère, aujourd’hui, un quart des parcelles roubaisiennes, ce qui correspond à 80 parcelles sur huit sites. Christian Lamendin, son président, est arrivé il y a six ans après une longue parenthèse dans la forêt guyanaise. « J’ai toujours aimé jardiner. Quand la présidence s’est libérée, je me suis dit : à la retraite, j’ai du temps, de l’énergie et l’envie de partager. » Depuis plusieurs mois, barrières et clôtures disparaissent des jardins familiaux, semis et fleurs se partagent, les allées s’animent. « On plante des œillets d’Inde, des capucines, de la sauge… Les pollinisateurs adorent, et c’est beau ! », sourit Christian, qui se souvient avoir régalé les visiteurs de la fête de la soupe avec ses beignets de sauge. Chaque site dispose ou disposera d’un référent bénévole, pour favoriser l’entraide et guider les jardiniers. Frédérique Trompette, unique salariée de l’association, coordonne les ateliers d’éducation populaire et la gestion du compost collectif. Sarah et Lauren prolongent cette philosophie au Jardin de Rome. Arrivées à Roubaix il y a quatre ans, elles sont devenues référentes après un an de pratique et s’investissent même au sein du Conseil d’administration de l’association. Dès leur première année, elles récoltent près de 50 kg de tomates anciennes. Leur objectif : un jardin nourricier et accessible, cultivé selon les principes de la permaculture. Paillage, compost, rotations de culture… chaque geste protège le sol et favorise la biodiversité. « On imite la forêt, l’écosystème le plus riche », expliquent-elles, inspirées par la ferme du Bec-Hellouin située en Normandie. Pour elles, la permaculture dépasse la technique : c’est un mode de vie, un partage de savoirs et un lien social. Les surplus de récoltes se redistribuent, on échange graines, conseils et recettes. « C’est aussi une façon de reprendre le pouvoir sur l’alimentation et de la rendre saine et accessible à tous », ajoutent-elles. « Certains viennent ici pour rompre l’isolement, d’autres pour faire un peu d’exercice ou simplement respirer », confie Christian, qui passe en moyenne deux heures par jour au jardin. Pour trois fois rien – cotisation annuelle de 20 euros – chacun trouve ici une richesse humaine inestimable. Pour beaucoup, le jardinage est devenu une thérapie douce : travailler la terre et voir pousser ce qu’on a semé… « On vient de la terre », rappelle Christian. « On imite la forêt, l’écosystème le plus riche. » Sarah et Lauren, jardinières au Jardin de Rome @maisondujardin.composteroubaix Maison du jardin

Et si on mangeait bien ensemble ? 

À Roubaix, la solidarité s’invite aussi dans les assiettes. De nouvelles formes d’entraide émergent autour de l’alimentation, révélant un tissu local solidaire. Les épiceries sociales permettent aux habitants les plus modestes d’accéder à des produits essentiels à bas prix, tout en offrant un accompagnement bienveillant. À leurs côtés, les épiceries participatives réinventent la consommation quotidienne : on y privilégie les circuits courts, les produits locaux et de saison, et chacun contribue à la vie du lieu par une adhésion symbolique ou quelques heures de bénévolat. El’Cagette, une histoire collective et nourricière Symbole de cette dynamique, El’Cagette incarne, depuis 2016, une autre idée du commerce : celle d’un magasin participatif, ancré dans les valeurs de justice sociale et de partage. Créée à l’initiative d’Anne Macou-Lescieux et d’habitants du quartier du Pile, l’aventure a commencé… dans un couloir. Quelques voisins réunis autour d’une envie simple : reprendre la main sur ce qu’ils mangent. « On voulait être acteurs de notre santé, raconte Anne. À Roubaix, les questions d’alimentation reviennent toujours, juste après celles du logement et de l’emploi. » Peu à peu, le groupement d’achat s’est transformé en véritable épicerie citoyenne, ouverte à tous, où 650 adhérents, les « consomm’acteurs », participent à la vie du lieu, chacun selon ses moyens et ses envies. Derrière les cagettes de légumes bio et les bocaux en vrac, c’est toute une économie solidaire qui s’organise. El’Cagette fonctionne grâce à l’engagement des bénévoles et à une petite équipe de 5 salariés, avec l’objectif de garantir à la fois des prix accessibles pour les consommateurs et une rémunération juste pour les producteurs. En 2023, El’Cagette, contrainte de déménager, achète ses nouveaux locaux grâce à une impressionnante mobilisation collective via des prêts de particuliers. Elle emménage rue Descartes, dans une ancienne école. Un symbole fort pour un lieu qui est devenu au fil du temps, un espace d’apprentissage et de transmission : ateliers de cuisine avec « La Marmite », ateliers vélo, ateliers coutures… Ici, tout se tisse autour du faire-ensemble. Toujours en mouvement, El’Cagette pousse désormais la réflexion plus loin. Aux côtés d’une trentaine de partenaires (centres sociaux, CCAS, associations caritatives, producteurs…), elle participe activement à la création d’une sécurité sociale de l’alimentation. L’idée ? Expérimenter un modèle inspiré de la Sécurité sociale classique : cotiser selon ses moyens, bénéficier selon ses besoins, pour permettre à chacun d’accéder à une alimentation choisie et digne. « L’aide alimentaire reste nécessaire, mais elle ne suffit pas. La dignité, c’est de pouvoir choisir ce qu’on mange. », explique Samuel Leuchter-Genin de l’association. « La dignité, c’est de pouvoir choisir ce qu’on mange. » Samuel Leuchter-Genin @elcagette El’Cagette El’Cagette78 rue Descartes, Roubaix

Dans l’antre de Randohm

Un après-midi d’avril, Alexandre Dewas, alias Randohm, nous ouvre les portes de son atelier roubaisien, L’Anémocore. Derrière une façade discrète, un autre monde nous attend : créatures aux yeux ronds, figures tatouées, totems de grès noir. L’artiste y évolue dans un lieu saturé d’images, d’objets et de sons. Il nous reçoit avec le sourire tranquille de ceux qui ont trouvé leur refuge. Randohm, contraction du Om – mantra hindou qui signifie la vibration de l’univers – et du mot random, l’aléatoire. Un nom qui dit beaucoup de sa démarche : intuitive, effervescente, insaisissable. « Je ne pourrais pas faire des séries, confie-t-il. J’ai besoin de partir dans tous les sens. » Son atelier, il le décrit comme une grotte. Un cocon hors du temps. « J’ai besoin d’avoir autour de moi des choses qui m’inspirent et qui m’apaisent aussi. Je suis boulimique d’images. J’ai toujours un ordinateur pas loin pour glaner des visuels. », nous raconte-t-il, son maté en main. Dans le fond, une nappe sonore constante : de l’électro ambiant, parfois plus nerveux. Le son, la matière, les gestes : tout s’accorde dans une transe douce et concentrée. Le papier de verre crisse sur les formes en train de sécher, tandis que l’odeur acide du vinaigre flotte dans l’air, préparant la barbotine qui viendra recoller la terre. Ces objets qui l’entourent racontent quelque chose, à commencer par une sculpture de Simon Bose : « C’est cette pièce qui m’a donné envie de me lancer dans la céramique. » Randohm travaille le grès noir. « J’aime son aspect brut, son potentiel contrasté. Avec le noir, je sais quand la pièce est finie. C’est un remède à la page blanche. » Cette terre sombre, granuleuse, chamottée, il la sculpte à la plaque, au colombin et dans des moules. « Je cherche un rendu un peu artefact, comme si c’était une relique sortie d’un culte oublié. » Influencé par le lowbrow, ce surréalisme pop, et l’art brut, Randohm revendique une pratique libre, affranchie des codes académiques. Il évoque les corps déformés de Stéphane Blanquet ou encore l’univers biomécanique de Hans Ruedi Giger. Masques, divinités imaginaires, silhouettes aux dents proéminentes et spirales gravées : les pièces de Randohm deviennent des idoles fictives, tatouées d’engobes blancs, animées par des esprits à la fois protecteurs et facétieux. « Je modèle comme les premiers hommes », explique-t-il. Un geste viscéral et spontané. Ces derniers temps, ses formes sont devenues plus osseuses, plus mécaniques, traversées par des lignes évoquant le transhumanisme. L’artiste glisse peu à peu du culte ancestral à la spéculation sur l’avenir, nourri par sa fascination pour l’intelligence artificielle et les récits chamaniques. « Je n’ai jamais fait de trip chamanique, mais je suis fasciné par l’idée qu’il existe un monde invisible. C’est un matériau de création, comme la terre ».Aujourd’hui, Randohm partage son temps entre création, exposition et transmission. Il anime notamment des ateliers au musée La Piscine de Roubaix. Randohm

Zéro Vice City : les jeunes au micro

Freeman sur scène, des jeunes au micro, des rimes percutantes et une salle en effervescence. Bienvenue dans l’univers de Zéro Vice City. Lors d’une soirée au Bar Live, Freeman, l’ex-membre du mythique groupe IAM animait une conférence avec Lyna Ziani, alias PunchLyn. Un moment fort, entre transmission et énergie positive. La soirée a continué avec un open mic où les jeunes de ZVC ont pris le micro avec une aisance déconcertante. Le constat ? Du niveau, de l’énergie, de la sincérité. Curieuse d’en voir plus, la rédaction a voulu creuser. Direction : un atelier d’écriture, là où les mots prennent racine. En collaboration avec l’ARA (Autour des Rythmes Actuels), pilier culturel roubaisien, Zéro Vice City accueille toutes les générations, sans limite d’âge ni prérequis. L’association défend une éducation populaire, inclusive et accessible, où chacun peut trouver sa voix – et sa voie. Pour Sofiane Toumi, aka Toum’s, cofondateur avec PunchLyn, ZVC est un cercle vertueux pour les créatifs. Ce Roubaisien pur jus est un bâtisseur, un passeur.  « Un casseur de rêve » aussi, comme il se définit – non pas pour décourager, mais pour ancrer les jeunes dans la réalité. « On ne vend pas un rêve de star. C’est du travail, de l’engagement, de la persévérance. Il ne faut pas se leurrer, dans le rap, il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. » À 30 ans, Toum’s est tour manager pour de grands noms du rap. Il remplit des Zéniths, des Cigales, des Olympias. Ce qui le fait vibrer, c’est faire briller les autres. Le cœur du projet de ZVC ? Transmettre ce qu’ils n’ont pas eu avec Lyna. « On donne aux jeunes ce qu’on aurait aimé recevoir à leur âge ». Le programme « Jeune parraine jeune » incarne cette philosophie. Les plus expérimentés guident les plus jeunes. On y parle rimes, respiration, flow, mais aussi estime de soi, gestion du stress, posture scénique. Une vraie école de la vie.   ZVC, c’est aussi un terrain d’expérimentation pour des projets comme celui de Snef et Kaefra, 15 et 16 ans, qui ont créé l’open mic « Mange le mic », organisé par des jeunes pour des jeunes. « C’est une opportunité en or de monter sur scène, d’affronter leur public et d’apprendre l’organisation d’un événement. » L’association accueille aussi des jeunes aux parcours variés. Adam, 19 ans, guitariste et fan de métal, a trouvé dans ZVC un environnement bienveillant pour s’exprimer. Bulldobert, diagnostiqué autiste, utilise le rap pour libérer ses émotions : « Ici, je peux dire tout ce que je garde en moi. » Autour de la table, même les plus jeunes participent. Après quelques virelangues, PunchLyn lance un « Cinq, six, sept, huit ! », et les voix s’élèvent, chantant un morceau sur l’amitié : Mon meilleur ami. Au-delà de la musique, Zéro Vice City ouvre des portes. Grâce à son réseau, des jeunes trouvent des stages ou décrochent des opportunités professionnelles. « Si t’es motivé, tu peux », résume Toum’s. Comme il aime à le rappeler, Zéro Vice City, c’est avant tout un état d’esprit. Zéro Vice City L’association Zéro Vice City vous a concocté une playlist qui traverse les époques, les villes et les vibes. Du rap conscient aux sons bruts, entre classiques indémodables et pépites plus récentes, c’est une sélection qui frappe juste.   Bonne écoute !

Destination l’Alhambra

Elle nous accueille par une belle journée de mai, dans son restaurant, « Le restaurant de Miéline » avec le grand sourire et la bonne humeur qui la caractérisent. Elle, c’est Malika, plus connue sous le nom de Miéline, figure incontournable de la restauration à Roubaix. Niché en plein milieu de la rue de Lannoy, ce lieu est le premier hammam traditionnel qui a ouvert après Paris, en 1999. Il est aujourd’hui tenu par la fille des fondateurs, Mohamed et Dahvia Boubakeur. À la rédaction d’Alternatif, on aime bien tester avant de vous parler d’un endroit. Il y a pire comme expérience, nous voilà parties pour un soin au savon noir suivi d’un gommage. Authentique est l’adjectif qui revient dans toutes les bouches des clientes habituées. C’est ce qu’elles aiment dans ce lieu et c’est également ce qui me saute aux yeux. On se sent « comme à la maison », les effluves de thé à la menthe et de fleur d’oranger embaument l’entrée. Enroulée dans un peignoir et chaussée de claquettes à l’effigie du hammam, j’entre dans la salle tiède avec ma coupelle traditionnelle en cuivre. Un point d’eau rien que pour moi pour rincer le savon noir, après m’être frottée tout le corps avec le gant à la texture rugueuse. Petit passage dans la salle chaude, je m‘allonge sur un banc en marbre, et je me laisse envahir par la chaleur douce. Un ou deux allers et retours plus tard, Gavelyne, l’esthéticienne qui va s’occuper de moi, m’attend en salle froide. Partout sur les murs, de magnifiques mosaïques directement rapportée d’Algérie et des tablettes en marbre de Turquie. Gavelyne enfile le gant et frotte les différentes parties de mon corps. Elle s’inquiète de savoir si la pression n’est pas trop forte et c’est parti pour un gommage tonique. L’impression que ma peau part en lambeaux mais non, Gavelyne m’explique que c’est l’accumulation de peaux mortes, de gel douche et autres produits. Un soin idéal avant l’été, avant de s’exposer au soleil ou lors de tout changement de saison. L’Alhambrahammam-alhambra.com181 rue de Lannoy, 59100 Roubaix03 20 20 09 40

Des effets spéciaux servis sur un plateau d’argent

ARTFX existe depuis 1958. Avec 65 ans d’ancienneté dans la formation aux métiers du cinéma, il en est sorti des intermittents du spectacle de cette école !  Installé à Montpellier, à Paris et enfin à Roubaix depuis 5 ans, la petite dernière (version « School of Digital Arts ») façonne les créateurs de demain dans les coulisses de la Plaine Images. Place à l’image 2.0 Les écoles d’animation 2D et 3D poussent de partout, à l’allure rapide des évolutions techniques. Le phénomène émane de l’engouement des industries créatives (jeux vidéo, applications mobiles, industries audiovisuelles…). Rien que la Plaine Images accueille trois écoles au cœur de son écosystème, favorisant ainsi les relations entre campus, startups, studios, entreprises de l’industrie numérique… Le marché de l’image, du son et des effets spéciaux est « en effet » très porteur. FX No limit C’est une évolution constante, un échange permanent. La limite entre étudiants et enseignants est un peu comme un flou artistique, comme un effet spécialement conçu pour que les compétences des uns et des autres se mutualisent dans un perpétuel tourbillon de connaissances. La proximité entre les élèves et enseignants permet « de rester en veille permanente des nouvelles technologies grâce aux étudiants qui, informés constamment, pratiquent les nouveaux logiciels tous les jours avec une grande facilité. Les étudiants sont rapides » nous racontent Reignier et Manon, enseignant les cours de 2D et de 3D. Silence, on crée ! Un studio de 400 m² pour les tournages en intérieur, des caméras, une salle de sculpture éclairée d’une lumière naturelle zénithale, une salle de projection de film qui permet de vérifier toutes les étapes de création des projets de courts métrages à présenter en fin d’études… Rien n’est scolaire, tout est axé sur la pratique des professionnels en devenir. Réalité ‘virtuelle’ Les étudiants sont mis en face de la réalité du marché grâce aux intervenants extérieurs, workshops ou au matériel d’experts dans l’école. Beaucoup d’autonomie, de mise en pratique, de travail de groupe les aident à former les équipes comme sur un vrai plateau, mais autour de leur projet de fin d’étude cette fois-ci, pour réaliser des courts-métrages souvent primés !  Les étudiants sont déjà les professionnels de demain ou considérés comme ayant le niveau à partir de la 3ème année ! Ca forme du beau monde : animateurs, compositeurs, modeleurs, textureurs, storyboardeurs, scénaristes… Plus d’image sans IA « L’IA permet de gagner du temps », nous raconte Anaïs, étudiante en 2D en 4ème année, « mais ne remplacera pas la créativité ». Comme Reignier et Manon, Anaïs se dit curieuse de voir le fonctionnement, de l’intégrer à son apprentissage, et d’observer, d’évoluer avec elle, mais « rien ne remplace la passion du dessin et de l’animation ». Récompenses ARTFX se distingue comme « école N°1 des effets spéciaux » dans le classement mondial du jury The Rookies pour la 6e année consécutive et prépare ses étudiants à intégrer les plus grands studios Clap de fin sur l’actualité de l’été ARTFX propose des Summer camps aux 14-18 ans pour s’initier aux effets spéciaux, animations 2D et 3D. Cette initiative, conçue comme un stage d’immersion, stimule l’ouverture d’esprit, favorise les rencontres et permet de vivre une première expérience au sein du campus ARTFXartfx.school111 boulevard Constantin Descat, 59200 Tourcoing

Plaine Images : berceau de la NextGen créative

Roubaix mêle audace artistique et esprit d’innovation, fidèle à l’énergie qui animait, à la fin du XIXe siècle, ses manufactures textiles. Plus d’un siècle plus tard, l’élan créatif ne s’est jamais tari : Roubaix est une ville où l’on crée et où l’on réinvente sans cesse. Un symbole frappant de cette transformation est la Plaine Images, un lieu phare à cheval entre Roubaix et Tourcoing, qui s’impose comme le premier hub européen dédié aux industries créatives et culturelles (ICC). De l’usine textile à la fabrique d’idées   Installée sur l’ancienne usine Vanoutryve – autrefois fleuron du textile roubaisien – la Plaine Images est l’exemple même d’une reconversion industrielle réussie.    Là où 3 000 ouvriers manœuvraient les métiers à tisser, 2 000 professionnels imaginent aujourd’hui des univers innovants où se croisent jeu vidéo, audiovisuel, réalité augmentée et virtuelle, design, musictech, développement web, marketing digital, e-learning et bien d’autres secteurs encore. La première pierre de cette métamorphose apparaît dès 1995, avec l’installation du Fresnoy – Studio national des arts contemporains – à quelques pas du site. L’idée d’un pôle dédié à l’image et à la création commence alors à prendre forme. Puis, en 2007, le tournant s’accélère : Ankama, la pépite roubaisienne du jeu vidéo mondialement célèbre pour Dofus, investit l’ancien bâtiment des grands magasins. Cet événement marque le lancement de la mutation du site en quartier innovant. Un écosystème unique et dynamique de 5 hectares Dès 2010, les premières entreprises investissent le site. Deux ans plus tard, l’ouverture de l’Imaginarium – bâtiment totem de la filière – marque l’ouverture officielle de la Plaine Images : 8 000 m² consacrés à l’innovation et à l’entrepreneuriat.  Aujourd’hui, ce sont plus de 150 entreprises, allant des start-ups aux grands noms des industries créatives, qui y prospèrent. Chaque année, près de 50 nouvelles pépites rejoignent cet écosystème effervescent et sont accompagnées dans la structuration de leur projet. Le tout dans un cadre de vie agréable : espaces verts, restaurants, foodtrucks, salles de réunion, mais aussi événements, afterworks et activités bien-être. Un campus où l’on prend plaisir à travailler et à échanger. Un carrefour entre la recherche, la formation et le monde économique Ce qui fait la force de la Plaine Images, c’est la synergie entre les entreprises, les étudiants et le monde de la recherche. Trois établissements de renom – ARTFX, Piktura (anciennement Pôle IIID) et Le Fresnoy – forment chaque année des centaines d’étudiants aux métiers de l’image et du numérique. Ce réseau académique alimente directement les entreprises, créant une dynamique de collaboration constante. C’est aujourd’hui au tour de Rubika de venir renforcer le site avec l’arrivée prochaine d’une antenne dédiée au design. Le site met à disposition des plateformes technologiques et des laboratoires de recherche. Ce lien crée un cercle vertueux, alimentant l’innovation. Un modèle d’écosystème qui va bien au-delà des murs du quartier. Un mantra : « Where imagination creates value » À la Plaine Images, l’imagination se transforme en valeur économique, en donnant naissance à des entreprises innovantes et en rayonnant à l’échelle internationale. Mais cette créativité a également une forte valeur humaine, puisqu’elle rassemble des talents venus de tous horizons, unis dans la construction des industries créatives de demain. La Plaine Images constitue aujourd’hui un pilier essentiel de la stratégie économique de la Métropole européenne de Lille, qui reconnaît les industries créatives et culturelles comme un levier majeur de développement économique. Ce pôle d’excellence s’inscrit dans un réseau plus large de quatre autres pôles de compétitivité : la santé, le textile, la foodtech et le numérique. Un lieu en perpétuelle évolution La Plaine Images ne cesse d’évoluer et d’accueillir de nouveaux projets. D’ici fin 2025, l’innovation s’amplifiera encore avec le lancement d’un tout nouveau campus e-sport de 10 000 m². Ce projet ambitieux comprendra un centre de formation et une résidence étudiante. Il proposera également des équipements modernes pour les compétitions, comme une arena pour retransmettre les matchs en direct et des gaming houses pour l’entraînement des équipes. [Audiovisuel] Agence Reflets Vidéo – L’image qui fait vibrer les idées Reflets Vidéo réalise des films corporate haut de gamme, des spots TV créatifs et des vidéos de formation pour les entreprises. L’agence sublime les messages de ses clients grâce à des productions émotionnelles et mémorables, alliant exigence artistique et impact stratégique. refletsvideo.com [Jeux vidéo] Ishtar Games – Des récits épiques aux commandesStudio indépendant reconnu, Ishtar Games est spécialisé dans les RPG exigeants et accessibles comme The Last Spell ou Dead in Vinland. Acteur du renouveau du jeu indépendant français, Ishtar Games cultive l’excellence narrative et l’innovation ludique, tout en multipliant les collaborations sur des projets de gestion et de stratégie.ishtar.games [Divertissement musical] KaraFun – Le plus grand karaoké d’EuropeLeader mondial du karaoké en ligne, KaraFun compte près de 8 millions d’utilisateurs. Avec des studios et bars karaoké ouverts à Lille, Paris, et Bruxelles, l’entreprise illustre la réussite d’un modèle mêlant digital et lieux physiques pour proposer une expérience musicale conviviale et internationale. Karafun [VR] New Atlantis – Explorer le passé en réalité virtuelleNew Atlantis explore une nouvelle frontière : celle du métavers culturel. Grâce à des environnements 3D immersifs, cette startup permet de revivre des lieux historiques disparus et d’assister à des performances artistiques inédites, ouvrant la voie à une nouvelle manière de transmettre le patrimoine et d’expérimenter la culture. newatlantis.fr Entretien avec Emmanuel Delamarre, directeur de la Plaine Images Comment est née la Plaine Images ? C’est la Métropole européenne de Lille qui a porté le projet, dans la lignée des grandes reconversions impulsées par Pierre Mauroy, comme Euralille ou Eurasanté. L’ambition était claire : accompagner la transition d’un territoire industriel vers des filières d’excellence, en associant entreprises, enseignement supérieur et recherche. Pourquoi avoir conservé les bâtiments d’origine ? Garder ces bâtiments de briques de 150 ans, c’est plus coûteux que de tout raser, mais c’est aussi beaucoup plus fort symboliquement. Ce sont des cathédrales industrielles qui racontent l’histoire du territoire, ses réussites, ses fragilités aussi. Traverser ce site rappelle que nous venons d’un passé industriel impressionnant, que nous avons su nous…
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Holberton School : Ctrl + Alt + RBX

École de programmation internationale spécialisée dans le développement informatique, Holberton School accompagne les étudiants à plonger dans le grand bain de la tech. Installée à la Plaine Images, cette école d’un nouveau genre, accessible à tous, sans prérequis technique ni limite d’âge, casse les codes de l’enseignement classique. Pas de cours magistraux, pas de profs, mais des « bootcamps », des « stand-ups » quotidiens, du « peer learning » à haute intensité, des « check in », des « wrap up », le « speaker of the day »… L’apprentissage est basé sur la « méthode projet » : chaque semaine, un nouveau défi, une nouvelle collaboration. Les élèves deviennent autonomes, apprennent à travailler en équipe, à documenter, à présenter (souvent en anglais) leurs avancées. Les différents campus (Paris, Rennes, Toulouse, Roubaix…) communiquent en réseau, et le partage prime sur la compétition. L’objectif : former des développeurs Web Full-Stack, spécialités AR/VR, Blockchain, Cybersécurité, IA, Machine Learning… mais surtout des professionnels adaptables, capables de coder, de comprendre, de collaborer. Warren, 30 ans, a bossé dans la vente en ligne. À Holberton, il voulait comprendre ce qui se cache derrière les interfaces qu’il utilisait chaque jour. « Ce que j’aime le plus, c’est travailler sur du concret, avec des objectifs et un agenda, comme en entreprise. Il y a une entraide incroyable, entre élèves, entre promos, entre campus. »Gabriel, licence LEA en poche, ne s’épanouit pas professionnellement et souhaite se reconvertir pour « apprendre un métier où il y a de vrais débouchés ». Il apprécie l’autonomie qu’on lui donne : « Ici, tu apprends à apprendre. Personne ne te tient la main, mais tout le monde est là si tu bloques. » Brahim a roulé sa bosse à la FNAC et chez OVH. L’envie de « passer de l’autre côté de la relation client » le pousse vers Holberton. « Je voulais comprendre les outils qu’on utilisait tous les jours. Et je cherchais un programme complet, pas juste une formation express. Aujourd’hui, je me sens légitime pour chercher une alternance en développement. » Stan, diplômé en marketing digital, voulait se réorienter après une expérience en cabinet de courtage. Pas question pour autant de replonger dans une ambiance trop scolaire… « Ici, j’ai retrouvé l’autonomie du monde pro, mais avec le droit à l’erreur. On fonctionne par projets, en mode agile. C’est challengeant, mais stimulant. Pour moi, c’est clairement l’une des meilleures formations Tech de la région. » Holberton schoolholbertonschool.fr 25 Rue Corneille59100 Roubaix