La « Maison verte »
C’est une façade connue d’un grand nombre de roubaisiens, magnifique et repérable grâce à son habillage de carrelage en terre cuite vernissé vert émeraude. Depuis avril 2017, Hugo Laruelle a installé son atelier/galerie au 28 rue Foch, à côté du square Camille Claudel. Les deux baies clairement ouvertes vers l’intérieur attisent la curiosité des passants et invitent très simplement à rentrer. Visite d’un lieu culte guidée par un artiste sous le charme.
Une trouvaille comme une rencontre
Il cherchait un lieu neutre et clair pour ne pas être influencé par un quelconque décor. Et puis, il passe devant cette façade verte datant de 1893 qui le subjugue. Le local est à louer. La visite ne fait qu’accentuer le coup de foudre quand l’ouverture de la double porte en bois intérieure coulissante fait pénétrer une lumière du jour magique. Hugo s’y projette très vite, au point d’y organiser en septembre 2017, une ouverture grand public pour les Journées du Patrimoine. Il y propose une exposition « Spécimen » en lien avec la maison elle-même. Un travail de peinture qui s’inspire des motifs de la façade, des oiseaux et des fleurs du papier-peint des parties communes de l’immeuble. Cette première exposition est l’occasion d’un travail de fond sur l’origine de la maison conçue par l’architecte Auguste-Georges Dubois-Desrousseaux. La façade en céramique est signée de l’industriel Emile Muller, référence au XIXème du mouvement des Arts Décoratifs. Elle est aujourd’hui inscrite à l’inventaire supplémentaire du patrimoine.
Un lieu chargé d’histoire très inspirant
Hugo Laruelle, artiste peintre et photographe, propose un travail axé sur le corps, l’intimité, sur la façon d’habiller la nudité. Ses corps sont souvent enveloppés de motifs, de tissus, de papier-peint, de tatouages. Il photographie des modèles non professionnels, joue avec la lumière naturelle de son atelier, choisit des supports métallisés pour ses tirages et aboutit des œuvres surprenantes de douceur et d’intimité. Un perfectionniste qui pour sa dernière exposition proposée pour la Nuit des Arts en décembre 2018, avait scénographié la Maison verte façon boudoir. Chaque détail invitait à stimuler la curiosité, à devenir voyeur d’un travail sur l’intimité du couple. Couple exploré sous toutes ses typologies, avec la recherche d’une certaine forme de vulnérabilité et d’une grande beauté. L’artiste précise : « Cette maison est une grande source d’émotion. Elle m’inspire et propose un décor en phase avec mon travail. Il y émane une atmosphère très particulière propice à la création».
Un lien magique entre la Maison verte, le square Camille Claudel et le Musée La Piscine
Une découverte toute récente rend Hugo particulièrement enthousiaste. Le céramiste Emile Muller, créateur de la façade verte, a développé en parallèle de son entreprise industrielle, des céramiques artistiques, notamment pour la sculptrice Camille Claudel… Dont la fresque géante jusqu’appose la Maison verte depuis fin septembre 2018. Et dont le musée La Piscine expose les terres cuites vernissées. Hugo conclut : « Les liens ne demandent qu’à se tisser. L’histoire montre une logique qui va bien au-delà de ce que l’on aurait pu imaginer. Il y a une forme de magie qui nous emmène dans une autre époque et qui scelle l’originalité de l’histoire de Roubaix ».