Étiquette : street-art

Vianney présente… L’alternateur !

Quand on bosse au magazine Alternatif et qu’un nouveau lieu appelé L’Alternateur débarque littéralement à 20 mètres des bureaux, on ne peut que se rendre sur place ! L’occasion de faire connaissance avec un des locataires de cet espace de vie dédié à l’art en général : Vianney Daltes. Il nous a ouvert les portes pour nous présenter le lieu, son travail et certains de ses collègues. Qui est Vianney ? On pourrait croire que Vianney Daltes est un nouveau venu dans le paysage de l’art urbain de Roubaix. Pourtant, une simple discussion aves ses confrères et lui suffit pour se rendre compte qu’il est un acteur incontournable – et même l’archiviste principal ! – de ces 20 dernières années d’explosion du graffiti dans la 2e ville des Hauts-de-France. Vidéaste et animateur d’initiation au graff à ses heures perdues, Vianney collabore depuis des années avec les collectifs Renart, Dr Colors, Mikostic et JonOne en tant que « couteau-suisse » ou « Mc Gyver attitré » de ces acteurs incontournables du street art ! © Anaïs Gadeau © Simon Séreuse Vianney ❤ RBX Après plusieurs années dans l’ombre, il sort du bois ces derniers temps avec deux faits d’armes principaux : Une inondation sauvage de peinture « I LOVE ROUBAIX » à côté de l’Office de tourisme de cette même ville : « C’était pendant le confinement, la peinture me manquait, j’ai agi sur un coup de tête et ça m’a pris deux jours de travail ! Au déconfinement, beaucoup de passants se prenaient en photo devant, j’ai ensuite été contacté par l’Office de tourisme. » un partenariat avec l’entreprise Jules, dont les 50m² de murs de l’entrée sont maintenant recouverts de ces stickers, une ligne de t-shirt et 60.000 tote bags ont aussi été crées, comme pour rappeler le lien entre Roubaix et cette entreprise fleuron du textile. Une réalisation qui a demandé plus de six mois de travail. L’Alternateur… un Eldorado Depuis quelques mois, il a intégré LE nouvel Eldorado des artistes de tous bords de la métropole lilloise : L’Alternateur ! A l’intérieur : une trentaine d’ateliers et autant d’artistes aux univers différents : culture urbaine certes, mais pas seulement : céramique, couture, savonnerie, peinture, architecture, art moderne, photographie, tatoueur. Coucou Benjamin Kluk ! Vous l’avez découvert dans le dernier Alternatif – lui aussi a emménagé ici. En plus de ce casting de qualité, c’est le lieu en lui-même qui a tapé dans l’œil de Vianney : l’architecture art déco, la vue imprenable sur l’hôtel de ville de Roubaix, la lumière… A L’Alternateur, la créativité déborde dans chaque recoin : l’atelier de Vianney n’est pas très grand, mais la porte est souvent ouverte et les rencontres avec ses collègues Resco, Roobey, Cholé Kowalka ou Benjamin Kluk sont fréquentes. Sans oublier Camille, la coordinatrice, indispensable pour gérer ce lieu et cette synergie. L’Alternateur6, rue de l’hôtel de ville – RoubaixTél. : 03 61 05 56 39 Page Facebook L’Alternateur Hommage à Salah A ajouter au palmarès de Vianney : la réalisation d’un portrait géant hommage à Salah, véritable figure locale et tenancier du café du même nom, décédé en 2019. Vianney raconte : « C’était une grosse opération de graff dans le quartier de l’Union (entre Roubaix et Tourcoing) par Renart et Des Friches et Des Lettres. Au départ je venais juste pour filmer mais j’ai eu envie de peindre ! Je me suis glissé entre deux œuvres pour réaliser cette fresque hommage à Salah, en accord avec la famille. Moi qui suis habitué aux lettre, c’est mon premier portrait. Le café « Chez Salah », c’était mon terrain de jeu d’enfance.« 

Fresque XU Atelier RemyCo

RemyCo : les coulisses d’un graff à 14 mains !

Automne 2020 : 7 graffeurs des Ateliers RemyCo (collectif d’artistes de Roubaix) sont missionnés par l’Association Melissa (48 rue de Wasquehal à Roubaix) pour repeindre complétement son local à l’occasion du Festival Expériences Urbaines #XU2020…Rencontre avec trois d’entre eux. Trois des sept artistes du projet : Max Giaquinto, Xsprayseaz et Nikonografik La génèse du projet Au départ : une demande de l’association roubaisienne « Melissa », qui veut ajouter gaieté et diversité sur les murs de son local situé dans un quartier à l’orée de grosses transformations à venir (projet de rénovation urbaine).Sur le papier, ça ne démarre pas du bon pied : 7 artistes aux styles très différents collaborent pour la première fois en pleine pandémie mondiale sous une météo « aléatoire »… Et pourtant le miracle a lieu ! La cause : le talent des artistes bien sûr, et le fait de travailler pour une association.Vous vous demandez pourquoi l’association s’appelle « Melissa » ? Mackellerie Epicerie Locale d‘Initiative Solidaire et Soutien aux Activités. En bref, une association caritative implantée depuis 2003 très respectée dans les quartiers Mackellerie et Epeule. D’ailleurs, un des artistes de RemyCo (Nicolas Boulogne) a un lien avec ce lieu qui accueillait un ancien centre social dans lequel son père a travaillé. Les 7 « fantastiques » de RemyCo qui participent à la fresque Dans la famille RemyCo, je demande… Michaël Deroubaix (xsprayseaz) Max Giaquinto Nicolas Boulogne (Nikonografik) Monsieur Koeur Nicolas Valynseele Dib Bazz RESCO (Océane Marescotti) Qui fait quoi ? Xsprayseaz inaugure le mur et réalise le fond : un dégradé de couleurs successif (qui a parlé des 7 couleurs de l’arc-en-ciel ?). Ensuite, chaque artiste vient réaliser un personnage issu de son propre univers. Et à la fin, RESCO vient « lier » chaque personnage entre eux. Finalement, la diversité de l’œuvre représente assez bien les adhérents de l’association, les gens du quartier, et même Roubaix dans son ensemble. La suite… Le travail était suivi de près : la gérante de l’épicerie toujours aux petits soins pour nos graffeurs, et certains habitants se déplaçaient en famille pour les regarder embellir leur quartier. A tel point que certains enfants ramenaient leurs dessins pour les montrer aux artistes ! Ces mêmes enfants ont carrément fini au local des Ateliers RemyCo pour participer à des ateliers de graffs. De quoi éveiller des vocations ? Derniers instants avant déménagement ! Cette rencontre avec 3 graffeurs a eu lieu au sein d’Ateliers RemyCo inhabituellement calmes et vides ! Y aurait-il du déménagement dans l’air ? A l’heure du bouclage de ce numéro (c’est-à-dire une semaine après la date prévue !), le futur lieu d’accueil des ateliers est encore secret…Ce que l’on sait à l’heure actuelle : il s’agit d’un bâtiment du centre-ville sur trois étages, dont les deux derniers seraient exclusivement dédiés au street-art. Au rez-de-chaussée : un projet d’espace d’exposition permanente potentiellement ouvert au public.L’inauguration est prévue pour la prochaine Nuit des Arts de décembre (événement biannuel organisé dans les lieux culturels de Roubaix). Après avoir rédigé un article juste avant l’ouverture (Alternatif #4), puis celui-ci juste pendant le déménagement, pas de doute : on sera présents pour vous raconter la suite des aventures de RemyCo dans Alternatif #6 !

Benjamin Kluk

Benjamin Kluk, jusque dans la peau

Street-artiste et tatoueur : Benjamin Kluk a deux visages… Et bien plus encore. C’est grâce à ses collages de dessins de têtes célèbres en Noir & Blanc qu’il s’est révélé. Exclu : notre rédacteur l’a interviewé au détour d’un tatouage sur le bras. Le genre de rencontre qui laisse des traces ! Street-artiste la nuit… C’est en 2018 qu’apparaissent les premiers collages de Jacques Brel un peu partout dans la Métropole lilloise. Sortis de nulle part, on s’interroge sur l’auteur de ces dessins de Kimbo Slice, Pablo Picasso, Jean-Michel Basquiat, Bruce Lee… Du Noir & Blanc, des traits épais, pas de signature : le style est reconnaissable instantanément. Grâce à Instagram (aka le bouche-à-oreille version 21e siècle), le nom de l’artiste se fait connaître : Benjamin Kluk ! Je graffe depuis que j’ai 14 ans. L’envie de peindre sur les murs m’est venue car je voulais laisser une trace. Avec l’âge, j’ai mis en retrait le côté « sauvage » du graff, pour me consacrer au collage. Il emménage à Roubaix, du côté de la Condition Publique, en même temps que l’exposition « Street Generation(s) » qui regroupe les street-artistes du monde entier. Dans le coin, il y a deux écoles de Street-Art : Lille et Roubaix… Tous mes potes sont à Roubaix et ils sont tous artistes ! Il se dégage ici une énergie qui pousse à la créativité. C’est le déclic ! Benjamin Kluk se met au collage, parcourt l’Europe (Budapest, Amsterdam, Lisbonne, Bruxelles…) et expose quelques-unes de ses œuvres sur internet. Grâce à Instagram, je suis connecté avec des gens du monde entier ! Je reçois sans cesse des messages et je suis tagué sur les publications des gens qui reconnaissent mon travail. Tatoueur le jour ! En parallèle de son activité de street-artiste, Benjamin Kluk est aussi tatoueur. Encore plus rare dans le milieu : il signe de son vrai nom. Là encore, Instagram joue un rôle déterminant. Je reçois des demandes de partout ! Je tatoue mes dessins de visages, mais j’accepte aussi les commandes (texte, réalisme, couleur…). J’ai fait des études d’art, et des peintres comme Matisse m’inspirent beaucoup. Il squatte le Camarade Tattoo Club à Roubaix avec ses potes Dom, Shadow et Myrtille. Le salon ressemble à un moulin : la porte est toujours ouverte, ça rentre, ça sort, ça boit du café, ça mange des pâtisseries, ça se vanne, ça s’appelle « gros », ça rigole… Une ambiance conviviale où tous les tatoueurs s’entraident. Et quand c’est le moment de tatouer, fini de rigoler. Je me considère comme un artisan plutôt que comme un artiste. Je ne sais pas combien de tatouages j’ai réalisés, mais je me souviens de chacun d’entre eux car c’est une expérience intime. Après tout, le tatoueur inflige de la douleur au tatoué ! Notre rédacteur aussi gardera un souvenir indélébile de ces moments chez le Camarade Tattoo Club (précisons que ce n’était pas une première). Des tranches de rires, des moments de serrage de dents (dans le milieu on parle d’une « peau de poulet ») et des longues discussions autour de l’art : arts de la rue, cinéma (le saviez-vous ? Benjamin Kluk a un tatouage de « Shining » sur la cuisse !) et musique (Des Doors aux Deftones en passant par… Dalida !). Et ces discussions continuent encore aujourd’hui sur Instagram… Merci Benjamin ! @benjamin_kluk Retrouve-le sur Instagram à l’adresse @benjamin_kluk et envoie-lui un petit message de la part d’Alternatif… Histoire de polluer encore plus sa messagerie !

Faites entrer l’accusé

Il a commis la dernière de couverture de cet Alternatif. Extrait d’un interrogatoire musclé, au cours duquel le peintre Jigé nous dit la vérité, rien que la vérité. Vous êtes connu sous le pseudonyme de Jigé. Veuillez s’il vous plaît décliner votre véritable identité. Mon nom est Julien Gaquere, né il y a 33 ans à Dunkerque, d’une mère comptable et d’un père vendeur de fruits et légumes. J’ai une sœur et un frère. Où étiez-vous le 4 décembre 2017 ? A la concession Volkswagen de Lambersart où je vendais des voitures depuis bien trop longtemps. C’était le lendemain de la Braderie de l’Art, où mes œuvres rencontraient un certain succès. Je me revois dans le bureau de mon chef, en train de remettre ma démission. Ma décision était mûre depuis longtemps. Je ne voulais plus de patron, mais un maximum de liberté pour être plus en accord avec qui j’étais. On vous a vu comploter en 2019 avec Camille Plard et Jean-Charles Huvelle. Ça ressemble à une bande organisée. Qui sont vos complices ? Dites-nous tout. Oui je plaide coupable. En 2019, Camille Plard de By Lelicam [Alternatif #4] et moi avons conçu une collection textile Zéro Déchet. J’ai dessiné les motifs, Camille a cousu les articles : un étui à sandwich et un sac à tarte pour éviter l’alu, un totebag pour éviter le plastique… Cette série limitée était en vente sur Etsy notamment. Et c’est Jean-Charles Huvelle de Tissus Papi [Alternatif #1] qui nous a permis de faire imprimer le tissu. Quand et où avez-vous agi pour la dernière fois ? Etait-ce prémédité ? Si vous parlez de Solid’Art qui s’est tenu à Lille, j’avoue, mais je n’étais pas seul sur le coup. En trois jours, mes complices et moi avons vendu pour 250 000 €, dont 125 000 € ont été reversés au Secours Populaire. Mais mon dernier coup de maître, c’est une fresque installée sur le fronton du Colisée pour un an, un cœur géant qui vient aussi habiller les programmes de la saison. Photos : Anaïs Gadeau Ceci est un lot de Poscas. Il s’agirait de l’arme utilisée lors des faits. Reconnaissez-vous ces feutres comme les vôtres ? Ok vous m’avez piégé. Ce sont bien les feutres Poscas que j’utilise pour mes petits formats. Pour les plus grands j’utilise de la peinture acrylique. Je commence aussi à travailler les collages, la sculpture… Je ne m’interdis rien, d’autant que je suis sur un énorme projet d’expo-installation, qui devrait créer l’événement. Ça se passera à Roubaix… évidemment. Fin 2021 si tout va bien. Quelles sont vos réelles intentions ? Votre mobile ? J’ai besoin de cracher les 10 ans de ma vie où j’ai pratiqué le commerce. Je veux dénoncer la surconsommation, déclencher une prise de conscience. La passion nous fait parfois commettre l’irréparable. Vous aimez Roubaix et avez disjoncté… Avouez ! Mon premier job était vendeur à L’Usine. En avril 2018, j’ai intégré les Ateliers Jouret, que j’ai quittés depuis. Tout me ramène à Roubaix. Les artistes y sont chouchoutés, mais surtout ils sont libres. Votre verdict ? Jigé… coupable ou no-coupable ? Crédit photo : A.GADEAU – Ville de Roubaix Facebook Jigé

Artiste street-art Roobey

Roobey, l’homme derrière les stickers

Une poubelle, un panneau, une barrière de chantier… Quand les premiers stickers estampillés Roobey ont inondé Roubaix, notre journaliste a cru que Shepard Fairey avait débarqué dans la ville aux 1000 cheminées ! C’est début 2018 que le jeu de piste Roobey a démarré. Plusieurs fois, on a essayé de le contacter, on a même demandé des infos à ses amis street-artistes (oui, on commence à avoir un sacré carnet d’adresses de graffeurs chez Alternatif !). Finalement, c’est par hasard que nous notre journaliste est tombé sur lui au détour d’une… Balade en poussette dans les rues de Roubaix ! Le rendez-vous est pris : ça tombe bien, celui qu’on nomme Roobey vient de s’installer aux Ateliers Jouret (déjà abordés dans un précédent Alternatif) avec des collègues artistes : « Roubaix a ce côté underground qui colle bien aux milieux urbains (hip-hop, skate, graff…). Depuis 25 ans, il y a une sacrée histoire du street-art dans la ville. Les stickers, c’est une manière de dire « il est passé par ici ». » Sur son compte Instagram, il cherche à mettre en avant des lieux insolites, d’abord à Roubaix, puis en Belgique, aux Pays-Bas, en Bulgarie, en Grèce… En 2018, il a imprimé un millier de stickers, 400 ont déjà été collés (parfois redécollés entre temps) ! Roubaix a ce côté underground qui colle bien aux milieux urbains (hip-hop, skate, graff…).  Le titre d’une démarche artistique Roobey, ce n’est pas uniquement des stickers collés un peu partout, nous sommes face à un vieux briscard actif depuis 15 ans. C’est lui qui coordonne Des Friches et des Lettres, collectif de graffeurs de Roubaix et Toulouse. D’ailleurs Roobey n’est même pas son nom, mais le titre de cette démarche. Maintenant que Roobey s’est posé aux Ateliers Jouret, il a d’autres projets : création de T-shirts (les premiers se sont vendus comme des petits pains) et d’affiches avec des personnalités de Roubaix avec son collègue Benjamin Kluk. Des Friches Et Des Lettres : kezako ? On doit à DFDL quelques-unes des plus belles fresques de Roubaix, réalisées chaque année pour le Festival Expériences Urbaines, #XU. Dans la ville, impossible de passer à côté de ces tableaux majestueux, réalisés à plusieurs (jusqu’à 13 artistes !), sur plusieurs jours et sous les yeux des riverains : « Ça fait de la couleur, de la vie dans le quartier, merci ! »

Graffiti de l'artiste Mikostic