Roubaix, sur le toit du rap

Roubaix, sur le toit du rap

Quand on parle hip-hop, on pense souvent à Marseille, Paris ou même Bruxelles, véritables capitales du mouvement en France. Mais en parallèle de ce triangle d’or, Roubaix s’impose comme un point de départ de carrières à succès. Comment expliquer que la ville aux mille cheminées soit aussi celle aux mille possibilités ? Pour le savoir, nous sommes allés à la rencontre de deux artistes qui œuvrent à mettre leur ville sur la carte du rap.

Les Roubaisiens qui ouvrent la voie

Roubaix n’en est pas à son coup d’essai. Depuis plusieurs années, le nom de la ville résonne dans les textes de rappeurs de premier plan, qui revendiquent fièrement leurs racines. On pense à Gradur, sans doute le plus emblématique, disque d’or en seulement trois jours avec son album L’Homme au bob. À ZKR, dont les clips réunissent des millions de vues. Ou encore à Bekar, qui s’apprête à remplir le Zénith de Lille en octobre 2025.

Pour mieux comprendre l’effervescence actuelle, nous avons rencontré deux figures locales : Dalibido, rappeur indépendant, et Heaven Sam, producteur et directeur artistique. Tous deux incarnent une génération qui croit au potentiel de la ville et à sa capacité à faire émerger des talents.

« Roubaix, c’est synonyme de fierté »

Dalibido est un véritable porte-étendard de l’identité roubaisienne, « Roubaix, ça peut devenir la capitale de la culture« , lance-t-il. Pour lui, le rap roubaisien est bien plus qu’un courant local : « Sans Roubaix, tu ne vas pas écouter le petit gars de Douai. Roubaix peut être le porte-drapeau de toute la région. » En évoquant sa ville, il est rempli d’espoir et de détermination. Pour lui, rien n’arrête les artistes roubaisiens, bien décidés à aller au bout de leurs projets.

Ancré dans la réalité de sa ville, Dalibido insiste sur l’importance de porter haut les couleurs de Roubaix malgré les clichés, « On est fiers. Déjà parce qu’on nous confronte à notre identité de Roubaisiens. On est obligés de bomber le torse« , dit-il.

Créer, transmettre, inspirer

De son côté, Heaven Sam revendique un parcours hybride. Producteur, compositeur, performeur… Il compose pour des artistes, des films, des publicités, tout en montant sur scène lors de festivals. « Roubaix, pour moi, c’est une richesse. J’ai puisé beaucoup de mes inspirations ici. Mes rencontres, mes erreurs, mes exploits. »

Loin de se contenter de son propre succès, il reste investi localement. « Je continue de collaborer à des projets locaux, comme le festival URBX dont je suis le parrain. » Il insiste sur une chose : transmettre. « Ce qui me motive, c’est de donner la possibilité aux autres de croire que tout est possible. Il y a des opportunités à Roubaix, et c’est important de les montrer. »

Lorsqu’on lui parle des figures comme Gradur ou Bekar, Heaven Sam répond avec fierté. « C’est devenu des exemples. C’est à nous de faire perdurer cet héritage-là. Quand je dis que je viens de la même ville qu’eux, les gens captent tout de suite. »

Une scène en mouvement

Les deux artistes évoquent une ville en transformation, où la culture urbaine s’infiltre dans les rues, les studios, les clubs. Heaven Sam le dit clairement : « Roubaix, c’est une pépinière de talents. Il y a des choses très prometteuses. On dit souvent que c’est le nouveau New York, ici. » Il fait le lien entre scène locale et scène nationale, et voit dans les jeunes artistes d’aujourd’hui les voix de demain.

Dalibido, lui, n’a pas l’intention d’attendre une validation extérieure : « Roubaix est en train de prendre une vraie place. Nos talents mangent une part du marché. On est atypiques, mais justement, c’est une force.« 

Dalibido

Heaven Sam