Catégorie : Makers & Créateurs

Dans l’antre de Randohm

Un après-midi d’avril, Alexandre Dewas, alias Randohm, nous ouvre les portes de son atelier roubaisien, L’Anémocore. Derrière une façade discrète, un autre monde nous attend : créatures aux yeux ronds, figures tatouées, totems de grès noir. L’artiste y évolue dans un lieu saturé d’images, d’objets et de sons. Il nous reçoit avec le sourire tranquille de ceux qui ont trouvé leur refuge. Randohm, contraction du Om – mantra hindou qui signifie la vibration de l’univers – et du mot random, l’aléatoire. Un nom qui dit beaucoup de sa démarche : intuitive, effervescente, insaisissable. « Je ne pourrais pas faire des séries, confie-t-il. J’ai besoin de partir dans tous les sens. » Son atelier, il le décrit comme une grotte. Un cocon hors du temps. « J’ai besoin d’avoir autour de moi des choses qui m’inspirent et qui m’apaisent aussi. Je suis boulimique d’images. J’ai toujours un ordinateur pas loin pour glaner des visuels. », nous raconte-t-il, son maté en main. Dans le fond, une nappe sonore constante : de l’électro ambiant, parfois plus nerveux. Le son, la matière, les gestes : tout s’accorde dans une transe douce et concentrée. Le papier de verre crisse sur les formes en train de sécher, tandis que l’odeur acide du vinaigre flotte dans l’air, préparant la barbotine qui viendra recoller la terre. Ces objets qui l’entourent racontent quelque chose, à commencer par une sculpture de Simon Bose : « C’est cette pièce qui m’a donné envie de me lancer dans la céramique. » Randohm travaille le grès noir. « J’aime son aspect brut, son potentiel contrasté. Avec le noir, je sais quand la pièce est finie. C’est un remède à la page blanche. » Cette terre sombre, granuleuse, chamottée, il la sculpte à la plaque, au colombin et dans des moules. « Je cherche un rendu un peu artefact, comme si c’était une relique sortie d’un culte oublié. » Influencé par le lowbrow, ce surréalisme pop, et l’art brut, Randohm revendique une pratique libre, affranchie des codes académiques. Il évoque les corps déformés de Stéphane Blanquet ou encore l’univers biomécanique de Hans Ruedi Giger. Masques, divinités imaginaires, silhouettes aux dents proéminentes et spirales gravées : les pièces de Randohm deviennent des idoles fictives, tatouées d’engobes blancs, animées par des esprits à la fois protecteurs et facétieux. « Je modèle comme les premiers hommes », explique-t-il. Un geste viscéral et spontané. Ces derniers temps, ses formes sont devenues plus osseuses, plus mécaniques, traversées par des lignes évoquant le transhumanisme. L’artiste glisse peu à peu du culte ancestral à la spéculation sur l’avenir, nourri par sa fascination pour l’intelligence artificielle et les récits chamaniques. « Je n’ai jamais fait de trip chamanique, mais je suis fasciné par l’idée qu’il existe un monde invisible. C’est un matériau de création, comme la terre ».Aujourd’hui, Randohm partage son temps entre création, exposition et transmission. Il anime notamment des ateliers au musée La Piscine de Roubaix. Randohm

Des effets spéciaux servis sur un plateau d’argent

ARTFX existe depuis 1958. Avec 65 ans d’ancienneté dans la formation aux métiers du cinéma, il en est sorti des intermittents du spectacle de cette école !  Installé à Montpellier, à Paris et enfin à Roubaix depuis 5 ans, la petite dernière (version « School of Digital Arts ») façonne les créateurs de demain dans les coulisses de la Plaine Images. Place à l’image 2.0 Les écoles d’animation 2D et 3D poussent de partout, à l’allure rapide des évolutions techniques. Le phénomène émane de l’engouement des industries créatives (jeux vidéo, applications mobiles, industries audiovisuelles…). Rien que la Plaine Images accueille trois écoles au cœur de son écosystème, favorisant ainsi les relations entre campus, startups, studios, entreprises de l’industrie numérique… Le marché de l’image, du son et des effets spéciaux est « en effet » très porteur. FX No limit C’est une évolution constante, un échange permanent. La limite entre étudiants et enseignants est un peu comme un flou artistique, comme un effet spécialement conçu pour que les compétences des uns et des autres se mutualisent dans un perpétuel tourbillon de connaissances. La proximité entre les élèves et enseignants permet « de rester en veille permanente des nouvelles technologies grâce aux étudiants qui, informés constamment, pratiquent les nouveaux logiciels tous les jours avec une grande facilité. Les étudiants sont rapides » nous racontent Reignier et Manon, enseignant les cours de 2D et de 3D. Silence, on crée ! Dès l’origine, la Métropole Européenne de Lille, maître d’ouvrage du projet, a fixé une exigence forte : minimiser l’empreinte carbone en misant sur la réutilisation maximale des ressources existantes. Avec l’appui de la SEM Ville Renouvelée, de l’AMO économie circulaire Neo-Eco, et du cabinet SAA Architectes, la démarche de « dépose soignée » s’est imposée comme un fil conducteur du chantier. Un diagnostic précis de tous les éléments constitutifs du bâtiment a été mené avant même le début des travaux. Portes, cloisons vitrées, faux plafonds, radiateurs, lavabos, luminaires… Rien n’a été laissé au hasard. Chaque matériau potentiellement réutilisable a été soigneusement démonté, stocké et destiné soit à un réemploi sur site, soit à une redistribution vers d’autres projets via des associations partenaires. Réalité ‘virtuelle’ Les étudiants sont mis en face de la réalité du marché grâce aux intervenants extérieurs, workshops ou au matériel d’experts dans l’école. Beaucoup d’autonomie, de mise en pratique, de travail de groupe les aident à former les équipes comme sur un vrai plateau, mais autour de leur projet de fin d’étude cette fois-ci, pour réaliser des courts-métrages souvent primés !  Les étudiants sont déjà les professionnels de demain ou considérés comme ayant le niveau à partir de la 3ème année ! Ca forme du beau monde : animateurs, compositeurs, modeleurs, textureurs, storyboardeurs, scénaristes… Plus d’image sans IA « L’IA permet de gagner du temps », nous raconte Anaïs, étudiante en 2D en 4ème année, « mais ne remplacera pas la créativité ». Comme Reignier et Manon, Anaïs se dit curieuse de voir le fonctionnement, de l’intégrer à son apprentissage, et d’observer, d’évoluer avec elle, mais « rien ne remplace la passion du dessin et de l’animation ». Récompenses ARTFX se distingue comme « école N°1 des effets spéciaux » dans le classement mondial du jury The Rookies pour la 6e année consécutive et prépare ses étudiants à intégrer les plus grands studios Clap de fin sur l’actualité de l’été ARTFX propose des Summer camps aux 14-18 ans pour s’initier aux effets spéciaux, animations 2D et 3D. Cette initiative, conçue comme un stage d’immersion, stimule l’ouverture d’esprit, favorise les rencontres et permet de vivre une première expérience au sein du campus ARTFXartfx.school.fr  111 boulevard Constantin Descat, 59200 Tourcoing

Holberton School : Ctrl + Alt + RBX

École de programmation internationale spécialisée dans le développement informatique, Holberton School accompagne les étudiants à plonger dans le grand bain de la tech. Installée à la Plaine Images, cette école d’un nouveau genre, accessible à tous, sans prérequis technique ni limite d’âge, casse les codes de l’enseignement classique. Pas de cours magistraux, pas de profs, mais des « bootcamps », des « stand-ups » quotidiens, du « peer learning » à haute intensité, des « check in », des « wrap up », le « speaker of the day »… L’apprentissage est basé sur la « méthode projet » : chaque semaine, un nouveau défi, une nouvelle collaboration. Les élèves deviennent autonomes, apprennent à travailler en équipe, à documenter, à présenter (souvent en anglais) leurs avancées. Les différents campus (Paris, Rennes, Toulouse, Roubaix…) communiquent en réseau, et le partage prime sur la compétition. L’objectif : former des développeurs Web Full-Stack, spécialités AR/VR, Blockchain, Cybersécurité, IA, Machine Learning… mais surtout des professionnels adaptables, capables de coder, de comprendre, de collaborer. Warren, 30 ans, a bossé dans la vente en ligne. À Holberton, il voulait comprendre ce qui se cache derrière les interfaces qu’il utilisait chaque jour. « Ce que j’aime le plus, c’est travailler sur du concret, avec des objectifs et un agenda, comme en entreprise. Il y a une entraide incroyable, entre élèves, entre promos, entre campus. »Gabriel, licence LEA en poche, ne s’épanouit pas professionnellement et souhaite se reconvertir pour « apprendre un métier où il y a de vrais débouchés ». Il apprécie l’autonomie qu’on lui donne : « Ici, tu apprends à apprendre. Personne ne te tient la main, mais tout le monde est là si tu bloques. » Brahim a roulé sa bosse à la FNAC et chez OVH. L’envie de « passer de l’autre côté de la relation client » le pousse vers Holberton. « Je voulais comprendre les outils qu’on utilisait tous les jours. Et je cherchais un programme complet, pas juste une formation express. Aujourd’hui, je me sens légitime pour chercher une alternance en développement. » Stan, diplômé en marketing digital, voulait se réorienter après une expérience en cabinet de courtage. Pas question pour autant de replonger dans une ambiance trop scolaire… « Ici, j’ai retrouvé l’autonomie du monde pro, mais avec le droit à l’erreur. On fonctionne par projets, en mode agile. C’est challengeant, mais stimulant. Pour moi, c’est clairement l’une des meilleures formations Tech de la région. » Holberton schoolholbertonschool.fr 25 Rue Corneille59100 Roubaix

Piktura, la révolution à 24 images/seconde

À Roubaix, dans les couloirs de Piktura, l’école de l’image, l’animation n’est pas juste une histoire de logiciels. C’est un terrain d’expérimentation au service de la narration. La technique, évidemment. Mais pas que ! Ici, on ne forme pas seulement des techniciens. On forme des artistes. Des esprits critiques. Des passionnés du détail qui savent que tout part de l’observation. Théâtre, peinture, architecture, photographie… Tout est bon pour aiguiser le regard, pour comprendre comment une lumière caresse un visage ou comment un mouvement trahit une émotion « Je leur dis souvent : il faut que vous ayez un cerveau de 40 ans, alors que vous en avez 20. », lance Carlos de Carvalho, directeur de la filière animation 2D / 3D.  Son rôle ? Pas celui d’un prof qui dicte, mais d’un accompagnateur qui pousse ses étudiants à faire mieux. À aller plus loin. À fouiller dans leurs souvenirs, leurs douleurs, leurs joies, leurs combats. À se demander : pourquoi ce sujet ? Pourquoi maintenant ? Et comment le raconter différemment ? Car ici, tout se fabrique de A à Z. De la musique au montage, du décor à l’émotion. Et tout doit faire sens. Surmonter les défis, un travail d’équipe. À Piktura, la création est rarement solitaire. L’école fonctionne à l’échelle humaine : petites promotions, esprit studio, projets collectifs. La réussite passe par la collaboration, le respect des rôles et des rythmes de chacun. Elliot, étudiant en licence 3 animation 2D, veille à la faisabilité de son projet avec trois autres étudiants, sans jamais perdre de vue l’histoire à raconter. Chargé de production, il se définit comme « un artiste technicien […] la personne grâce à qui des personnes comme Lola peuvent faire leur film ». Lola, dans la même promo, considère le scénario comme un moyen de concrétiser ses idées par l’image et participe à la création des décors. Elle explique : « On partage tout. Les idées, les outils, les doutes. C’est ce qui rend chaque projet plus fort et nous prépare aussi à une réalité professionnelle ». Tous deux partagent une même vision du travail de groupe : exigeant, mais humain. Avancer, tomber parfois, apprendre de ses erreurs ensemble. Et surtout garder cette étincelle d’enfance qui nourrit la création. Le résultat ? Des films qui osent ! Migrants, Les Larmes de la Seine, Au Huitième Jour…. Tous salués dans les festivals du monde entier. Nés de réflexions profondes sur le monde, la mémoire, l’écologie ou l’identité, ces films étudiants touchent, interrogent, provoquent tant par leurs sujets forts que par leur esthétisme hors du commun. Car à Piktura, on ne cherche pas à “faire comme”. On cherche à faire différent, à faire vrai. Et après ? Le diplôme en poche, les rêves bifurquent : rejoindre un studio, écrire, enseigner, tatouer, inventer des projets hybrides… Peu importe la voie, pourvu qu’elle reste libre ! Et à celles et ceux qui rêvent de se lancer, un conseil revient souvent : oser. Oser chercher, tester, se tromper pour que l’animation dépasse l’exercice de style et devienne un langage. Personnel. Audacieux. Vivant. Pikturapiktura.fr1 avenue Boileau,59100 Roubaix Découvrir les films 

Phil Spread, son job à plein temps

Autodidacte passionné devenu entrepreneur du son, Jean-Philippe Faillie, dit « Phil Spread », a fondé le studio Audioblend à Roubaix en 2015. Un nom, Audioblend, qui  évoque l’idée de mélange et de finesse sonore. Entre enregistrement, mixage, voix off, formation et création musicale, il incarne une nouvelle génération d’ingénieurs du son, à la fois techniciens, pédagogues et créateurs de lien. Retour sur le parcours d’un homme qui a fait de sa passion un métier aux multiples facettes. « Je n’ai jamais dit que je voulais travailler dans la musique. Je voulais être informaticien. » La phrase, prononcée au milieu de ses écrans et de ses machines, nous fait sourire. Le parcours de Jean-Philippe, alias Phil Spread, fondateur du studio Audioblend à Roubaix, est atypique, faite de passion, de résilience, et de beaucoup de câbles audio. À l’origine, la débrouille et le hip-hop C’est l’histoire d’un gamin du Pas-de-Calais. Dans un contexte familial modeste, le rap débarque dans les années 90. A la TV, DJ Abdel scratche tous les soirs dans l’émission « Nulle Part Ailleurs ». C’est le déclic. Pour faire comme lui, avec son cousin, ils achètent leurs premières platines et commencent à mixer dans des soirées « Ça permet d’acheter ses vinyles et de tester ses premières instru ». Les débuts sont artisanaux, à l’image de ses premiers enregistrements de groupes locaux, réalisés avec les moyens du bord dans une salle de répétition associative. Il ne le sait pas encore, mais il vient de mettre le pied dans son futur métier. Refusé à trois reprises aux formations audio post-bac, Jean-Philippe suit alors un cursus en commerce. Mais la musique ne le lâche pas. Il enregistre, compose, produit, apprend tout seul. Un déclic le pousse à suivre une formation en ligne avec Fab Dupont, ingénieur du son franco-américain reconnu. « La meilleure formation que j’ai eue : pas de recette, mais une philosophie. » La naissance d’Audioblend En 2011, il se lance dans l’entrepreneuriat via la couveuse de la BGE à Tourcoing. Le studio est encore chez lui, mais la vision est déjà claire : il faut être multiservices. Enregistrement, mixage, mastering, production, voix off, formation… Phil construit peu à peu son écosystème sonore. Il s’installe dans ses propres locaux à Roubaix en 2015. Dix ans plus tard, Audioblend est une référence locale et un modèle de polyvalence. Dans son studio qu’il a lui-même conçu et traité acoustiquement, il a été rejoint par un autre ingé son, Louis BZR. Ils accueillent aussi bien des artistes en développement que des clients professionnels, des comédiens, des formateurs ou des collectivités. « Je travaille de plus en plus avec le secteur institutionnel. Pour la communication la qualité du son devient cruciale dans les vidéos. » Technicien et pédagogue De nombreux artistes actuels, dont certains noms bien connus des roubaisiens, ont déjà fait appel à ses services : Sofiane Pamart, Eddy de Pretto, Kamini, YG Pablo, Reverie, Ours Samplus, Merty Shango, Sara Sara, Ladaniva, Bekar, Vicky R, Eesah Yasuke, Al.Hy, JNR, James Deano, et Freko Ding (ATK). En plus de ses sessions en studio, il propose également mixage et mastering à distance, travaille avec des applications comme l’appli de méditation Petit Bambou, réalise des voix off pour des entreprises ou des collectivités, collabore avec des comédiens via un catalogue de voix qu’il a constitué. Aujourd’hui, Phil partage son temps entre les sessions studio et l’enseignement. Il intervient à l’EF2M, l’école de musiques actuelles de Tourcoing, où il forme de jeunes musiciens aux outils de MAO (musique assistée par ordinateur).  « Enseigner, ça m’aide à rester connecté. Quand on transmet, on simplifie, on revient à l’essentiel. » Il produit aussi du contenu sur YouTube, où il partage ses conseils et ses réflexions avec ses 10 000 abonnés. Une manière d’entretenir un lien avec une communauté, mais aussi de contribuer à structurer un métier encore trop souvent invisible : « Les ingénieurs du son ne sont pas toujours crédités. Il faudrait un syndicat, une vraie reconnaissance. » ses vidéo Youtube Conscient de l’évolution des usages, Jean-Philippe a fait évoluer Audioblend au fur et à mesure des avancées technologiques. Il a également investi dans une certification Dolby Atmos, anticipant l’essor du son immersif dans la musique et le multimédia. « C’est un pari, mais quand tout le monde s’y mettra, moi j’aurai de l’avance. » Un studio à taille humaine Le diplôme en poche, les rêves bifurquent : rejoindre un studio, écrire, enseigner, tatouer, inventer des projets hybrides… Peu importe la voie, pourvu qu’elle reste libre ! Et à celles et ceux qui rêvent de se lancer, un conseil revient souvent : oser. Oser chercher, tester, se tromper pour que l’animation dépasse l’exercice de style et devienne un langage. Personnel. Audacieux. Vivant. Audioblendaudioblend.fr49 boulevard de Reims,59100 Roubaix  Ses réalisations 

About a Worker

Kim Hou et Paul Boulenger, créateurs d’About a Worker ont choisi Roubaix pour y installer leur atelier de fabrication textile en février 2024. Une longue histoire qui a commencé en 2017 au moment de la création de leur entreprise à Paris. Avec pour moteur et constante, la fidélité à un modèle économique responsable et humain assez unique. Un combo éthique et agile L’atelier installé rue du Vieil Abreuvoir à Roubaix raconte beaucoup de l’ADN d’About a Worker. Paul partage son temps entre le studio design orchestré par son associée Kim situé à Paris et la production dans le Nord. Son chef d’équipe Phuong, coordinateur des 3 couturiers roubaisiens, est fier de nous parler de la commande en cours pour un grand groupe de luxe français. Il précise, « à partir de leurs chutes de tissus couture, on va fabriquer 3 000 pochettes, futurs cadeaux pour les salariés en interne et pour leurs partenaires. » Ailleurs dans l’atelier, des rebus de dentelle de Calais seront bientôt recyclés en sacoches, bobs ou encore chouchous pour la boutique du musée. Pour La Piscine à Roubaix, la transformation de bâches en PVC fera naître des sacs originaux uniques. « On travaille pour de nombreux clients, des grands groupes mais aussi des structures engagées comme le studio de design roubaisien U-Exist, spécialisé dans la personnalisation des prothèses », précise Paul. Des aventures humaines uniques En parallèle d’une production sur commande, About a Worker se démarque depuis sa création, avec des actions de design collaboratif hors sentiers battus, basées sur la participation et l’adhésion de personnes en marge. Ainsi, leur première collection textile est élaborée par quatre talents issus du chantier d’insertion Mode Estime à Saint-Denis. Une autre avec des femmes emprisonnées se réalisera lors de la Biennale de Venise en 2018. Les expériences se multiplient, elles sont riches et valorisantes. Cependant, Kim et Paul se rendent compte que le modèle économique est défaillant. Ils revoient leur copie et l’adaptent pour se positionner en tant que partenaire d’entreprise, d’association… pour proposer des prestations de réflexion et de création autour du textile, avec des personnes qu’on a peu l’habitude de solliciter et qui en ont toute la légitimité. « La chaire de l’école d’architecture de Lille qui travaille depuis trois ans sur la réhabilitation des habitats miniers nous a contactés. Ensemble, et avec la participation active des locataires des maisons, on a cherché et testé des solutions pour créer des rideaux/parois à partir de matériaux recyclés thermiques pour optimiser l’isolation des portes et des fenêtres. » Au fil des rencontres En 2018, l’invitation à participer à l’événement Anti-Fashion – programme de mentoring destiné à accompagner un public éloigné de la formation et de l’emploi vers les métiers de la mode – à l’ENSAIT, a provoqué la première venue de Paul et de Kim dans la cité nordiste. Les rencontres s’y sont nouées, notamment avec la Responsable Partenariats Créateurs de La Redoute qui leur passera commande d’une mini collection en collaboration avec les ouvriers du centre logistique Quai 30 à Wattrelos. Plus tard, les Parisiens cherchent un atelier inclusif pour produire la ligne de vêtements WRKR et choisissent l’atelier inclusif de confection textile Résilience à Roubaix. Ils y rencontrent Phuong qui deviendra en 2024 le chef de leur propre atelier. La boucle est bouclée, les Parisiens sont devenus en partie Roubaisiens. About a Workeraboutaworker.com

Dans les coulisses d’un tournage à Roubaix avec Alice Majka

Loin des studios parisiens, c’est à Roubaix que de plus en plus de réalisateurs viennent planter leur caméra. Ville brute, vibrante et chargée d’histoire, Roubaix s’affirme comme un terrain de jeu cinématographique. Avec ses briques rouges, son héritage industriel, ses lieux réhabilités et ses rues pleines de caractère, Roubaix coche toutes les cases pour séduire les cinéastes en quête d’authenticité. Chaque année, la ville accueille des tournages prestigieux. Parmi eux : L’Amour Ouf de Gilles Lellouche, Six pieds sur Terre de Karim Bensalah, Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin, sans oublier les séries à succès HPI, Les Papillons Noirs, Les Petits Meurtres d’Agatha Christie ou encore Stalk… En 2024, Roubaix a atteint un record : 155 jours de tournage pour 37 projets, et 2,5 millions d’euros de retombées économiques. Membre du réseau Film Friendly de Pictanovo, Roubaix mise sur un accueil sur-mesure. Alice Majka, chargée de mission rayonnement audiovisuel à la Ville, est l’interlocutrice incontournable des équipes de tournage, la cheville ouvrière qui fait le lien entre les exigences artistiques et les réalités du terrain. Entre autorisations, coordination technique, sécurité et logistique, elle orchestre chaque étape, du premier repérage au dernier clap. Une mission à la fois artistique, stratégique, logistique… et profondément humaine. Suivons-la dans les coulisses. Tout commence par le dépouillement du scénario. À partir des décors recherchés – friche, bistrot rétro, appartement typé, marché animé… – Alice travaille main dans la main avec les repéreurs pour dresser une sélection de lieux roubaisiens. L’objectif : coller à la vision du réalisateur, tout en proposant des alternatives parfois inattendues. Car Roubaix, c’est aussi une mine de pépites cachées. Le Couvent des Clarisses, avec sa sérénité monastique, attire les fictions intimistes ou les scènes de tension contenue. Le restaurant L’Impératrice Eugénie, avec son charme suranné, offre un cadre feutré idéal pour les atmosphères d’époque. L’ancienne Banque de France, avec ses volumes d’origine et son cachet institutionnel, inspire les thrillers comme les drames historiques. Vient ensuite le repérage avec le réalisateur, puis le repérage technique avec l’équipe (décors, régie, production…). Là, on entre dans le concret : loges, circulation, stationnement, branchements… Alice coordonne les services de la Ville pour que tout s’articule harmonieusement, en préservant au maximum la vie locale. Pendant le tournage, elle reste disponible, mobile, réactive. Une urgence logistique ? Un accès à sécuriser ? Une solution à trouver dans l’heure ? Alice est là, en coulisses, pour que tout se passe bien jusqu’au clap final. Alice Majka Chargée de mission rayonnement audiovisuel03 59 57 32 24amajka@ville-roubaix.fr

Immersion dans un cours de boxe française avec Sabrina Maroufi

18h05. Roubaix. 48 rue Nabuchodonosor. Un nom de rue difficile à retenir pour un lieu peu visible. Dehors, le décor est brut : un parking silencieux, bordé de friches et de bâtiments fatigués. Rien ne laisse présager ce qui m’attend à l’intérieur. Je pousse la porte de cette salle discrète, une bulle coupée du reste du monde. Elles sont là. Leur énergie emplit chaque recoin.   Direction le vestiaire. J’enfile la tenue de combat. On commence l’échauffement. Un cercle se forme. On court, on sautille, on chauffe les corps et les esprits. Sabrina Maroufi prend les commandes. Son regard accroche, ses mots claquent. Sa voix donne le tempo. Posture de base : pieds ancrés, genoux souples, mains en rempart devant le visage, poings fermés, coudes verrouillés contre les côtes. Chaque détail compte. Mes bras hésitent, mes gestes tâtonnent, mon corps cherche ses marques. Sabrina sourit et me glisse : « C’est normal, c’est le début. » Elle corrige, encourage et pousse, toujours dans la bienveillance. Chez Sabrina, la boxe va bien au-delà du ring. Lors d’un exercice, je me retrouve face à elle. J’enfile les gants qu’elle me tend. J’envoie un direct : elle esquive. Un crochet du droit : elle sourit et esquive. À chaque mouvement, je comprends un peu mieux ce que la boxe peut transmettre. À chaque souffle, je m’ancre un peu plus dans le sol. Ici, pas de compétition mais du soutien.  Sabrina Maroufi, c’est une figure locale, une boxeuse au parcours inspirant. Championne de France en savate et en boxe anglaise, cette fille de boxeur a dû se battre pour s’imposer dans ce sport longtemps réservé aux hommes. Petite, elle s’entraînait dans l’ombre. Aujourd’hui, elle partage sa passion avec les femmes, épaulée par sa sœur Sefora. Ensemble, elles ont fondé ces ateliers 100 % féminins, mêlant pratique sportive et accompagnement personnel. Plus qu’un entraînement, c’est un espace de reconstruction pour certaines marquées par des violences ou des traumatismes. La boxe devient un outil de libération et une histoire de sororité. Le cours s’achève. On range les gants, on souffle, on débriefe. Avant de partir, Sabrina remercie le club AFC MMA de Roubaix, qui lui ouvre ses portes chaque semaine. Mardi 18h15 et mercredi 18h30 : des rendez-vous devenus incontournables pour quatre-vingt-dix femmes. Ici, elles apprennent à boxer mais surtout à se tenir droites. En 1998, Sabrina a fondé le club Punch Boxe Française Savate Tourquennois (PBFST). Après plusieurs années de passion partagée, elle se tourne désormais vers Roubaix, avec de nouveaux projets en tête. Smaroufi Boxe Smaroufi Boxe

Le Vélo Club trace sa route

Cyril Saugrain est arrivé au Vélo Club en tant que manager général. Il va succéder à Daniel Verbrackel, figure du club. Ancien coureur professionnel, Cyril a un objectif en tête : accompagner l’équipe Van Rysel vers le niveau pro. Une carrière bien gérée Cyril est passé pro en 1995, sous les couleurs de Auber 93 Peugeot, aussi appelé « Les P’tits gars d’Auber ». Il gagne une étape du Tour de France en 1996. Cette victoire lui ouvre de nouvelles perspectives et il signe avec Cofidis en 1997 puis à la Française des jeux avant de terminer sa carrière de 2001 à 2003 dans son équipe d’origine devenue Bigmat Auber. Une reconversion réussie « J’adorais le vélo, mais le métier de cycliste, c’est difficile car on est souvent seul à l’entraînement. » Une clavicule cassée met fin à sa carrière en 2003. Il est accompagné dans sa reconversion par l’Union nationale des Cyclistes Professionnels. Neuf mois plus tard, il est diplômé du Centre National Professionnel des Commerces du Sport. Il entre chez Décathlon, d’abord en tant que chef de rayon cyclisme, tant qu’à faire ! Il gravit les échelons au sein du groupe pour arriver à B’TWIN Village dès son ouverture à Lille en 2010 en tant que directeur. En 2019, il sera responsable communication de la marque Van Rysel, la marque vélo performance de Décathlon. Une arrivée logique au Vélo-Club Le vélo, Décathlon, Van Rysel, le Vélo-Club, le parcours de Cyril est cohérent et assez logique. Il met toutes ses compétences au service de ses différentes expériences. « J’aime l’idée de construire une équipe, prendre du plaisir à faire les choses et m’entourer de ceux qui savent faire. » Les projets dans le viseur Le club accueille déjà des jeunes au sein de son école mais souhaite lancer une académie du vélo avec des cadets, qui seraient accompagnés vers le vélo haut niveau. L’occasion de renouer avec le lycée Van der Meersch tout proche, juste en face du STAB. Cette académie permettrait de dénicher des « pépites » et leur donner les moyens de participer aux courses les plus prestigieuses du circuit. À terme, il aimerait conduire l’équipe au plus haut niveau et ainsi aligner des coureurs sur la ligne de départ de Paris-Roubaix. Le rêve ultime serait bien entendu de voir un vainqueur parmi ses petits poulains. Un maillot qui rayonne Le nouveau maillot de l’équipe Van Rysel fait un clin d’oeil à l’écrin de la Ville, le musée La Piscine. Au dos du maillot, l’emblématique vitrail s’impose. Les rayons du soleil évoquent les rayons d’un vélo et l’image interpelle. Quand le sport et la culture s’emmêlent, on aime ! Une terrasse pour le Van Rysel café Elle a ouvert pour la reine des classiques et a vocation à accueillir tous les visiteurs, amateurs de vélo ou simples promeneurs. Un endroit que Cyril souhaite convivial, avec à coté une boutique ouverte aux artisans locaux qui pourront proposer des créations autour du vélo. Un hôtel pour faire du vélo-tourisme Le Vélo-Club fêtera ses 60 ans en 2026. L’ouverture d’un hôtel à proximité pourrait être un très beau cadeau. Un lieu qui tournerait autour du vélo, dans sa décoration et l’accueil de ses visiteurs. Proche du STAB pour y réaliser des baptêmes, départ d’une randonnée cyclo vers un autre site de la région, cet hôtel rencontrerait à coup sûr sa clientèle. Un étage pour organiser des séminaires Cyril nous fait visiter l’étage du Vélo Club, aujourd’hui très peu exploité, principalement pour le stockage des vélos et des tenues. Il aimerait transformer la grande salle très lumineuse avec vue sur le vélodrome historique pour en faire un endroit à séminaire. Accueil des entreprises autour d’un petit-déjeuner le matin, séances de travail jusqu’à 16h puis visite des vélodromes, des douches de Paris-Roubaix… Vélo Club Roubaix Lille Métropolevelo-club-roubaix.fr39 rue Alexandre Fleming,59100 Roubaix