Immersion dans un cours de boxe française avec Sabrina Maroufi

Immersion dans un cours de boxe française avec Sabrina Maroufi

18h05. Roubaix. 48 rue Nabuchodonosor. Un nom de rue difficile à retenir pour un lieu peu visible. Dehors, le décor est brut : un parking silencieux, bordé de friches et de bâtiments fatigués. Rien ne laisse présager ce qui m’attend à l’intérieur. Je pousse la porte de cette salle discrète, une bulle coupée du reste du monde. Elles sont là. Leur énergie emplit chaque recoin.  

Direction le vestiaire. J’enfile la tenue de combat. On commence l’échauffement. Un cercle se forme. On court, on sautille, on chauffe les corps et les esprits. Sabrina Maroufi prend les commandes. Son regard accroche, ses mots claquent. Sa voix donne le tempo. Posture de base : pieds ancrés, genoux souples, mains en rempart devant le visage, poings fermés, coudes verrouillés contre les côtes. Chaque détail compte. Mes bras hésitent, mes gestes tâtonnent, mon corps cherche ses marques. Sabrina sourit et me glisse : « C’est normal, c’est le début. » Elle corrige, encourage et pousse, toujours dans la bienveillance.

Chez Sabrina, la boxe va bien au-delà du ring. Lors d’un exercice, je me retrouve face à elle. J’enfile les gants qu’elle me tend. J’envoie un direct : elle esquive. Un crochet du droit : elle sourit et esquive. À chaque mouvement, je comprends un peu mieux ce que la boxe peut transmettre. À chaque souffle, je m’ancre un peu plus dans le sol. Ici, pas de compétition mais du soutien. 

Sabrina Maroufi, c’est une figure locale, une boxeuse au parcours inspirant. Championne de France en savate et en boxe anglaise, cette fille de boxeur a dû se battre pour s’imposer dans ce sport longtemps réservé aux hommes. Petite, elle s’entraînait dans l’ombre. Aujourd’hui, elle partage sa passion avec les femmes, épaulée par sa sœur Sefora. Ensemble, elles ont fondé ces ateliers 100 % féminins, mêlant pratique sportive et accompagnement personnel. Plus qu’un entraînement, c’est un espace de reconstruction pour certaines marquées par des violences ou des traumatismes. La boxe devient un outil de libération et une histoire de sororité.

Le cours s’achève. On range les gants, on souffle, on débriefe. Avant de partir, Sabrina remercie le club AFC MMA de Roubaix, qui lui ouvre ses portes chaque semaine. Mardi 18h15 et mercredi 18h30 : des rendez-vous devenus incontournables pour quatre-vingt-dix femmes. Ici, elles apprennent à boxer mais surtout à se tenir droites. En 1998, Sabrina a fondé le club Punch Boxe Française Savate Tourquennois (PBFST). Après plusieurs années de passion partagée, elle se tourne désormais vers Roubaix, avec de nouveaux projets en tête.

Smaroufi Boxe

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