Artimuse, c’est l’histoire de deux trentenaires créatifs et passionnés, Méli Juestz et Simon Durand. Complices depuis leurs études aux Beaux-Arts en Belgique, ils fondent leur collectif en 2018. Tout démarre lors des Journées Européennes des Métiers d’Art : face à un budget serré, ils construisent un stand en cagettes. Le public accroche, le matériau séduit. L’idée germe : et si ce résidu oublié devenait terrain d’expérimentation artistique ? Décryptage d’une aventure collective.
« Objet banal pour beaucoup, la cagette est, pour nous, matière à création. Nous arrivons à la transformer de manière à ne plus la reconnaître et à lui donner des formes en tous genres. »
Éphémère, mais vivante
La cagette, c’est comme un clin d’œil au temps qui passe. À l’intérieur, elle résiste aux variations d’humidité et de température, sans faillir. À l’extérieur, elle se dégrade, se patine, change de couleur avec le temps. Les sculptures d’Artimuse, vivantes et éphémères, occupent l’espace pendant trois à cinq ans avant de s’effacer.
Monumentale et organique
Avec leur aspect modulaire, léger, facilement assemblable, les cagettes permettent d’imaginer des œuvres d’envergure. En ville comme à la campagne, elles deviennent arches, totems, structures immersives. Artimuse s’inspire de l’artiste brésilien Henrique Oliveira et de ses installations organiques en écorces de bois. Leurs pièces, elles aussi, interpellent : elles signalent qu’un lieu bouge, qu’un projet pousse.
Collective et joyeuse
Pas question de créer dans son coin. Méli et Simon embarquent les habitants dans la construction. Chacune de leurs œuvres est une expérience à plusieurs mains, où la cagette devient prétexte à la rencontre. « On part du principe que tout le monde a de l’or dans les mains« , rappellent-ils. Chaque projet est aussi l’occasion d’une immersion dans un quartier, une ville, un territoire.
Engagée et circulaire
Artimuse, c’est aussi une démarche profondément éco-responsable. Plutôt que de produire, les artistes récupèrent. Les cagettes sont glanées dans les circuits courts, grâce à des partenaires comme El Cagette à Roubaix ou Les Jardins de Cocagne à Villeneuve d’Ascq. L’art comme outil de revalorisation, à transmettre, surtout aux jeunes. « Parler de réemploi, c’est essentiel aujourd’hui.«
Accessible, forcément
Artimuse s’engage à rendre l’art accessible à tous. Ateliers participatifs, co-construction, rencontres : ils multiplient les formats pour désacraliser la création. Ancré à Roubaix, le collectif puise dans cette ville vivante, populaire et inventive, un terreau fertile pour faire fleurir la culture autrement.