Jour : 19 juin 2025

Broder pour ne pas oublier

Nebuleuz brode. Chez elle, le fil est un cri, un poing levé. Artiste plasticienne née à Roubaix, elle baigne dès son enfance dans un univers façonné par le travail manuel : une mère couturière, un père peintre en bâtiment. Le geste est quotidien, instinctif. Alors elle brode. Pas par passion, par nécessité pour dire ce qui ne peut rester silencieux. « Je déteste ça. C’est long, frustrant… mais c’est aussi là que je reprends le contrôle du temps. » Nebuleuz brode sur des photographies, elle y mêle la peinture. Une esthétique polymorphe pour une pensée en étoiles. C’est d’ailleurs tout le sens de son pseudo choisi à ses 15 ans. Elle refuse les cases, les techniques figées. Elle explore, bifurque, expérimente. Toujours en friction. La répétition l’ennuie, l’erreur la nourrit. « Je n’ai aucun code. Si j’avais des procédés plus ancrés, j’irais plus vite. Mais j’ai besoin d’apprendre par la difficulté. Mon travail artistique réside autant dans la production que dans le processus de recherche pour y parvenir. Chercher parfois longtemps. Et chercher seule. » « Si je devais définir mon travail, ce serait celui de quelqu’un qui n’a pas le choix. Je crée avec ce qui m’entoure, avec les médiums et les sujets qui s’imposent à moi. » Ses œuvres parlent d’invisibles : des femmes puissantes qu’on a rayées des récits, des quartiers effacés sous la gentrification. Elle travaille à partir de ce qui dérange. Et elle le montre, frontalement. Avec humour souvent. Avec rage parfois. Toujours avec sincérité. Son art est politique, mais aussi intime. Militant, mais aussi égoïste. Elle le dit sans détour : « C’est aussi un acte narcissique. » Un moyen de panser, de dire, de résister. Et surtout, de rendre visible. « Ce que je montre, c’est ce que j’aurais voulu voir. Dans les musées. Dans la rue. Dans les livres d’histoire. » Dans la rue, elle colle ses œuvres à hauteur de regard. Loin des galeries élitistes. « L’art doit descendre en bas des tours, circuler librement, casser les codes », dit-elle. Elle salue les associations comme Arts et Développement, qui montent des ateliers au pied des immeubles. Pour elle, la culture ne doit jamais être un délit d’initié. Avant d’entamer son travail artistique, Nebuleuz a eu mille vies professionnelles : elle a occupé divers rôles à la croisée des ressources humaines, de l’engagement public et de l’économie sociale et solidaire. Puis un événement personnel survient. Un coup d’arrêt. Le besoin de ralentir. De faire. À l’aube de la quarantaine, elle se tourne vers ses mains pour retrouver du sens dans cette vie à cent à l’heure.  Aujourd’hui, elle crée, mais refuse d’en vivre. Pas question de plier son art aux lois du marché. Garder sa liberté, coûte que coûte. Nebuleuz

Ismaël Jamaleddine, directeur de La Condition Publique Itinéraire d’un faiseur de lieux

Un parcours en mouvement, celui d’Ismaël Jamaleddine. Né en banlieue parisienne, il débute son chemin dans des squats. Il se développe ensuite au sein d’une compagnie vocale et instrumentale. Aujourd’hui, il trouve un nouveau souffle à La Condition Publique, un lieu hybride et sans frontières, situé au cœur du quartier du Pile à Roubaix. Depuis sa prise de fonction en septembre 2024, il impulse une dynamique renouvelée à ce lieu unique, porteur d’une vision ambitieuse et résolument ouverte. « J’ai toujours été obsédé par les lieux. Les lieux vides, à réinvestir et à partager. » Dans sa voix, résonne une énergie et une soif de créer. C’est celle d’un homme qui n’a jamais cessé de croire en la puissance collective de l’action. Un faiseur, pas un rêveur. Ismaël Jamaleddine a grandi « serré » dans des appartements ou des maisons étroites entre le Val d’Oise et les Hauts-de-Seine. Il développe un appétit féroce pour l’espace et une conscience militante très tôt ancrée. À l’université, il choisit le droit, presque par stratégie, tout en nourrissant sa passion pour la musique. Un équilibre subtil entre la tête et les mains, qu’il explore pleinement quand, avec des camarades, ils obtiennent un deal improbable : un propriétaire privé leur cède temporairement une usine vide. Ce sera trois ans de vie collective et de création brute, à fabriquer des chambres, un bar, une salle d’escalade, une salle de concert, un studio son… « On faisait tout nous-mêmes. On s’est rendu compte que tout était possible. » Ce sens de l’organisation, du collectif, et cette capacité à fédérer le mènent quelques années plus tard à l’administration de l’orchestre La Tempête. Il y passera dix ans. « On est partis d’une petite association pour devenir une compagnie reconnue, qui tourne partout en Europe. » Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Parce qu’à côté des concerts et des dossiers de subventions, l’obsession des lieux vacants ne le quitte pas. Et un jour, une discussion autour d’un bâtiment oublié au cœur d’Argenteuil attire son oreille. Ancien musée de la ville, fermé depuis une décennie, le lieu devient le terrain d’une nouvelle aventure collective : le Musée Sauvage. Réunions ouvertes, intelligence collective, chantiers en auto-réhabilitation… En deux ans, le bâtiment reprend vie grâce à un collectif d’habitants, d’artistes et d’associations. « On a remis un lieu au service des gens, sans attendre des millions, juste en faisant. On a prouvé que c’était possible. » Aujourd’hui, c’est à Roubaix, à La Condition Publique, qu’Ismaël pose ses valises et son énergie. « Je connaissais la CP depuis longtemps. C’est un lieu qui m’a toujours fasciné par son esprit pirate, utopiste, et sa place centrale dans les dynamiques locales. » À la tête de cet établissement public de coopération culturelle (EPIC), son objectif est clair : ouvrir grand les portes. « Beaucoup s’autocensurent. Ils voient un lieu culturel, ils pensent art contemporain, ils se disent que ce n’est pas pour eux. On veut casser cette image. » Avec la fabrique (le fablab, l’atelier menuiserie, les ateliers créatifs), il mise sur l’émancipation par le Faire.  « Je veux qu’on soit un service public de la création. Que chacun comprenne que ce lieu, c’est aussi le sien. » Ce parcours est aussi celui d’un trait d’union entre deux territoires : la banlieue parisienne et le Nord. « Argenteuil et Roubaix se ressemblent. Ce sont des villes populaires, riches en ressources humaines et artistiques. Mais à Roubaix, j’ai vraiment pris une claque culturelle. » La Condition Publiquelaconditionpublique.com14 place du Général Faidherbe, 59100 Roubaix  

About a Worker

Kim Hou et Paul Boulenger, créateurs d’About a Worker ont choisi Roubaix pour y installer leur atelier de fabrication textile en février 2024. Une longue histoire qui a commencé en 2017 au moment de la création de leur entreprise à Paris. Avec pour moteur et constante, la fidélité à un modèle économique responsable et humain assez unique. Un combo éthique et agile L’atelier installé rue du Vieil Abreuvoir à Roubaix raconte beaucoup de l’ADN d’About a Worker. Paul partage son temps entre le studio design orchestré par son associée Kim situé à Paris et la production dans le Nord. Son chef d’équipe Phuong, coordinateur des 3 couturiers roubaisiens, est fier de nous parler de la commande en cours pour un grand groupe de luxe français. Il précise, « à partir de leurs chutes de tissus couture, on va fabriquer 3 000 pochettes, futurs cadeaux pour les salariés en interne et pour leurs partenaires. » Ailleurs dans l’atelier, des rebus de dentelle de Calais seront bientôt recyclés en sacoches, bobs ou encore chouchous pour la boutique du musée. Pour La Piscine à Roubaix, la transformation de bâches en PVC fera naître des sacs originaux uniques. « On travaille pour de nombreux clients, des grands groupes mais aussi des structures engagées comme le studio de design roubaisien U-Exist, spécialisé dans la personnalisation des prothèses », précise Paul. Des aventures humaines uniques En parallèle d’une production sur commande, About a Worker se démarque depuis sa création, avec des actions de design collaboratif hors sentiers battus, basées sur la participation et l’adhésion de personnes en marge. Ainsi, leur première collection textile est élaborée par quatre talents issus du chantier d’insertion Mode Estime à Saint-Denis. Une autre avec des femmes emprisonnées se réalisera lors de la Biennale de Venise en 2018. Les expériences se multiplient, elles sont riches et valorisantes. Cependant, Kim et Paul se rendent compte que le modèle économique est défaillant. Ils revoient leur copie et l’adaptent pour se positionner en tant que partenaire d’entreprise, d’association… pour proposer des prestations de réflexion et de création autour du textile, avec des personnes qu’on a peu l’habitude de solliciter et qui en ont toute la légitimité. « La chaire de l’école d’architecture de Lille qui travaille depuis trois ans sur la réhabilitation des habitats miniers nous a contactés. Ensemble, et avec la participation active des locataires des maisons, on a cherché et testé des solutions pour créer des rideaux/parois à partir de matériaux recyclés thermiques pour optimiser l’isolation des portes et des fenêtres. » Au fil des rencontres En 2018, l’invitation à participer à l’événement Anti-Fashion – programme de mentoring destiné à accompagner un public éloigné de la formation et de l’emploi vers les métiers de la mode – à l’ENSAIT, a provoqué la première venue de Paul et de Kim dans la cité nordiste. Les rencontres s’y sont nouées, notamment avec la Responsable Partenariats Créateurs de La Redoute qui leur passera commande d’une mini collection en collaboration avec les ouvriers du centre logistique Quai 30 à Wattrelos. Plus tard, les Parisiens cherchent un atelier inclusif pour produire la ligne de vêtements WRKR et choisissent l’atelier inclusif de confection textile Résilience à Roubaix. Ils y rencontrent Phuong qui deviendra en 2024 le chef de leur propre atelier. La boucle est bouclée, les Parisiens sont devenus en partie Roubaisiens. About a Workeraboutaworker.com

Phil Spread, son job à plein temps

Autodidacte passionné devenu entrepreneur du son, Jean-Philippe Faillie, dit « Phil Spread », a fondé le studio Audioblend à Roubaix en 2015. Un nom, Audioblend, qui  évoque l’idée de mélange et de finesse sonore. Entre enregistrement, mixage, voix off, formation et création musicale, il incarne une nouvelle génération d’ingénieurs du son, à la fois techniciens, pédagogues et créateurs de lien. Retour sur le parcours d’un homme qui a fait de sa passion un métier aux multiples facettes. « Je n’ai jamais dit que je voulais travailler dans la musique. Je voulais être informaticien. » La phrase, prononcée au milieu de ses écrans et de ses machines, nous fait sourire. Le parcours de Jean-Philippe, alias Phil Spread, fondateur du studio Audioblend à Roubaix, est atypique, faite de passion, de résilience, et de beaucoup de câbles audio. À l’origine, la débrouille et le hip-hop C’est l’histoire d’un gamin du Pas-de-Calais. Dans un contexte familial modeste, le rap débarque dans les années 90. A la TV, DJ Abdel scratche tous les soirs dans l’émission « Nulle Part Ailleurs ». C’est le déclic. Pour faire comme lui, avec son cousin, ils achètent leurs premières platines et commencent à mixer dans des soirées « Ça permet d’acheter ses vinyles et de tester ses premières instru ». Les débuts sont artisanaux, à l’image de ses premiers enregistrements de groupes locaux, réalisés avec les moyens du bord dans une salle de répétition associative. Il ne le sait pas encore, mais il vient de mettre le pied dans son futur métier. Refusé à trois reprises aux formations audio post-bac, Jean-Philippe suit alors un cursus en commerce. Mais la musique ne le lâche pas. Il enregistre, compose, produit, apprend tout seul. Un déclic le pousse à suivre une formation en ligne avec Fab Dupont, ingénieur du son franco-américain reconnu. « La meilleure formation que j’ai eue : pas de recette, mais une philosophie. » La naissance d’Audioblend En 2011, il se lance dans l’entrepreneuriat via la couveuse de la BGE à Tourcoing. Le studio est encore chez lui, mais la vision est déjà claire : il faut être multiservices. Enregistrement, mixage, mastering, production, voix off, formation… Phil construit peu à peu son écosystème sonore. Il s’installe dans ses propres locaux à Roubaix en 2015. Dix ans plus tard, Audioblend est une référence locale et un modèle de polyvalence. Dans son studio qu’il a lui-même conçu et traité acoustiquement, il a été rejoint par un autre ingé son, Louis BZR. Ils accueillent aussi bien des artistes en développement que des clients professionnels, des comédiens, des formateurs ou des collectivités. « Je travaille de plus en plus avec le secteur institutionnel. Pour la communication la qualité du son devient cruciale dans les vidéos. » Technicien et pédagogue De nombreux artistes actuels, dont certains noms bien connus des roubaisiens, ont déjà fait appel à ses services : Sofiane Pamart, Eddy de Pretto, Kamini, YG Pablo, Reverie, Ours Samplus, Merty Shango, Sara Sara, Ladaniva, Bekar, Vicky R, Eesah Yasuke, Al.Hy, JNR, James Deano, et Freko Ding (ATK). En plus de ses sessions en studio, il propose également mixage et mastering à distance, travaille avec des applications comme l’appli de méditation Petit Bambou, réalise des voix off pour des entreprises ou des collectivités, collabore avec des comédiens via un catalogue de voix qu’il a constitué. Aujourd’hui, Phil partage son temps entre les sessions studio et l’enseignement. Il intervient à l’EF2M, l’école de musiques actuelles de Tourcoing, où il forme de jeunes musiciens aux outils de MAO (musique assistée par ordinateur).  « Enseigner, ça m’aide à rester connecté. Quand on transmet, on simplifie, on revient à l’essentiel. » Il produit aussi du contenu sur YouTube, où il partage ses conseils et ses réflexions avec ses 10 000 abonnés. Une manière d’entretenir un lien avec une communauté, mais aussi de contribuer à structurer un métier encore trop souvent invisible : « Les ingénieurs du son ne sont pas toujours crédités. Il faudrait un syndicat, une vraie reconnaissance. » ses vidéo Youtube Conscient de l’évolution des usages, Jean-Philippe a fait évoluer Audioblend au fur et à mesure des avancées technologiques. Il a également investi dans une certification Dolby Atmos, anticipant l’essor du son immersif dans la musique et le multimédia. « C’est un pari, mais quand tout le monde s’y mettra, moi j’aurai de l’avance. » Un studio à taille humaine Le diplôme en poche, les rêves bifurquent : rejoindre un studio, écrire, enseigner, tatouer, inventer des projets hybrides… Peu importe la voie, pourvu qu’elle reste libre ! Et à celles et ceux qui rêvent de se lancer, un conseil revient souvent : oser. Oser chercher, tester, se tromper pour que l’animation dépasse l’exercice de style et devienne un langage. Personnel. Audacieux. Vivant. Audioblendaudioblend.fr49 boulevard de Reims,59100 Roubaix  Ses réalisations 

Piktura, la révolution à 24 images/seconde

À Roubaix, dans les couloirs de Piktura, l’école de l’image, l’animation n’est pas juste une histoire de logiciels. C’est un terrain d’expérimentation au service de la narration. La technique, évidemment. Mais pas que ! Ici, on ne forme pas seulement des techniciens. On forme des artistes. Des esprits critiques. Des passionnés du détail qui savent que tout part de l’observation. Théâtre, peinture, architecture, photographie… Tout est bon pour aiguiser le regard, pour comprendre comment une lumière caresse un visage ou comment un mouvement trahit une émotion « Je leur dis souvent : il faut que vous ayez un cerveau de 40 ans, alors que vous en avez 20. », lance Carlos de Carvalho, directeur de la filière animation 2D / 3D.  Son rôle ? Pas celui d’un prof qui dicte, mais d’un accompagnateur qui pousse ses étudiants à faire mieux. À aller plus loin. À fouiller dans leurs souvenirs, leurs douleurs, leurs joies, leurs combats. À se demander : pourquoi ce sujet ? Pourquoi maintenant ? Et comment le raconter différemment ? Car ici, tout se fabrique de A à Z. De la musique au montage, du décor à l’émotion. Et tout doit faire sens. Surmonter les défis, un travail d’équipe. À Piktura, la création est rarement solitaire. L’école fonctionne à l’échelle humaine : petites promotions, esprit studio, projets collectifs. La réussite passe par la collaboration, le respect des rôles et des rythmes de chacun. Elliot, étudiant en licence 3 animation 2D, veille à la faisabilité de son projet avec trois autres étudiants, sans jamais perdre de vue l’histoire à raconter. Chargé de production, il se définit comme « un artiste technicien […] la personne grâce à qui des personnes comme Lola peuvent faire leur film ». Lola, dans la même promo, considère le scénario comme un moyen de concrétiser ses idées par l’image et participe à la création des décors. Elle explique : « On partage tout. Les idées, les outils, les doutes. C’est ce qui rend chaque projet plus fort et nous prépare aussi à une réalité professionnelle ». Tous deux partagent une même vision du travail de groupe : exigeant, mais humain. Avancer, tomber parfois, apprendre de ses erreurs ensemble. Et surtout garder cette étincelle d’enfance qui nourrit la création. Le résultat ? Des films qui osent ! Migrants, Les Larmes de la Seine, Au Huitième Jour…. Tous salués dans les festivals du monde entier. Nés de réflexions profondes sur le monde, la mémoire, l’écologie ou l’identité, ces films étudiants touchent, interrogent, provoquent tant par leurs sujets forts que par leur esthétisme hors du commun. Car à Piktura, on ne cherche pas à “faire comme”. On cherche à faire différent, à faire vrai. Et après ? Le diplôme en poche, les rêves bifurquent : rejoindre un studio, écrire, enseigner, tatouer, inventer des projets hybrides… Peu importe la voie, pourvu qu’elle reste libre ! Et à celles et ceux qui rêvent de se lancer, un conseil revient souvent : oser. Oser chercher, tester, se tromper pour que l’animation dépasse l’exercice de style et devienne un langage. Personnel. Audacieux. Vivant. Pikturapiktura.fr1 avenue Boileau,59100 Roubaix Découvrir les films 

Avec le Quartier Créatif, un nouvel art de vivre urbain

Au carrefour des dynamiques culturelle et artistique, économique, urbaine et touristique, se trouve le Quartier Créatif de Roubaix. En son centre, structurant, le musée La Piscine et sa future extension. En son cœur, battant, son voisin, le Foyer du Mutilé, transformé en maison du projet de ce vaste chantier. Autour, le long d’une trajectoire joignant le Conservatoire et le Colisée, des équipements culturels comme la médiathèque et La Cave aux Poètes, des établissements de formation aux métiers de la création, l’ENSAIT, l’ESAAT, ESMOD… Et, plus au loin, les entreprises de l’économie circulaire des Manufactures Tissel. Ainsi se dessinent les contours du Quartier Créatif, défini, sur le plan urbain, par les frontières virtuelles d’un périmètre comprenant des espaces existants et en devenir – faire grandir ce qui existe déjà et faire sortir de terre, c’est l’idée ; et imaginé, au niveau du concept, comme une « zone de rencontres » artistique et entrepreneuriale – créer des connexions entre les acteurs culturels et créatifs, les artistes, les entreprises, c’est l’ambition. Ainsi maillé, le territoire de Roubaix, typique des villes archipel, renforce la lisibilité de son offre culturelle, très dense et portée – c’est le postulat, par des institutions comme le musée La Piscine – et de son offre tout court. Le Quartier Créatif a d’ailleurs été conçu comme tel et au travers d’un prisme : celui d’une offre de services destinée à un couple de touristes séjournant à Roubaix, offre composée de lieux culturels et d’un écosystème créatif, mais aussi d’endroits pour dormir, se divertir et manger. Le réaménagement à venir de l’avenue Lebas, l’implantation future dans le quartier de l’Union du restaurant de Florent Ladeyn, chef étoilé, ou encore l’arrivée, sur le site universitaire de Campus Gare, de l’école Vatel avec son hôtel d’application 4 étoiles, en sont très largement parties prenantes. L’installation dans les locaux du Foyer du Mutilé de Bruno Gaudichon, ex-conservateur du musée La Piscine, missionné par la Ville pour travailler à la préfiguration du Quartier Créatif, et les trois jours de festivités qui l’ont accompagnée, en mai 2025, ont lancé la dynamique. Elle se déploiera progressivement au fil des ans, avec l’objectif de donner une identité à Roubaix et d’en faire une destination touristique reconnue, en même temps qu’un parcours, non pas exactement fléché, mais jalonné de lieux identifiés Quartier Créatif, viendra révéler un nouvel art de vivre urbain. La ville créative Née dans les années 2000, la ville créative a émergé en offrant une diversité d’expériences axées sur des enjeux de reconversion post-industrielle de villes et de quartiers, comme à Roubaix. On peut citer Bilbao, Manchester, Liverpool, Baltimore, Londres, Montréal mais aussi Vienne qui s’est dotée d’un quartier des musées. En France, beaucoup de villes se sont inspirées de ces aventures pour devenir plus culturelles, plus vivantes et portées par des volontés politiques fortes proposant des projets d’envergure. Quartier Créatif