Jour : 19 juin 2025

Dans l’antre de Randohm

Un après-midi d’avril, Alexandre Dewas, alias Randohm, nous ouvre les portes de son atelier roubaisien, L’Anémocore. Derrière une façade discrète, un autre monde nous attend : créatures aux yeux ronds, figures tatouées, totems de grès noir. L’artiste y évolue dans un lieu saturé d’images, d’objets et de sons. Il nous reçoit avec le sourire tranquille de ceux qui ont trouvé leur refuge. Randohm, contraction du Om – mantra hindou qui signifie la vibration de l’univers – et du mot random, l’aléatoire. Un nom qui dit beaucoup de sa démarche : intuitive, effervescente, insaisissable. « Je ne pourrais pas faire des séries, confie-t-il. J’ai besoin de partir dans tous les sens. » Son atelier, il le décrit comme une grotte. Un cocon hors du temps. « J’ai besoin d’avoir autour de moi des choses qui m’inspirent et qui m’apaisent aussi. Je suis boulimique d’images. J’ai toujours un ordinateur pas loin pour glaner des visuels. », nous raconte-t-il, son maté en main. Dans le fond, une nappe sonore constante : de l’électro ambiant, parfois plus nerveux. Le son, la matière, les gestes : tout s’accorde dans une transe douce et concentrée. Le papier de verre crisse sur les formes en train de sécher, tandis que l’odeur acide du vinaigre flotte dans l’air, préparant la barbotine qui viendra recoller la terre. Ces objets qui l’entourent racontent quelque chose, à commencer par une sculpture de Simon Bose : « C’est cette pièce qui m’a donné envie de me lancer dans la céramique. » Randohm travaille le grès noir. « J’aime son aspect brut, son potentiel contrasté. Avec le noir, je sais quand la pièce est finie. C’est un remède à la page blanche. » Cette terre sombre, granuleuse, chamottée, il la sculpte à la plaque, au colombin et dans des moules. « Je cherche un rendu un peu artefact, comme si c’était une relique sortie d’un culte oublié. » Influencé par le lowbrow, ce surréalisme pop, et l’art brut, Randohm revendique une pratique libre, affranchie des codes académiques. Il évoque les corps déformés de Stéphane Blanquet ou encore l’univers biomécanique de Hans Ruedi Giger. Masques, divinités imaginaires, silhouettes aux dents proéminentes et spirales gravées : les pièces de Randohm deviennent des idoles fictives, tatouées d’engobes blancs, animées par des esprits à la fois protecteurs et facétieux. « Je modèle comme les premiers hommes », explique-t-il. Un geste viscéral et spontané. Ces derniers temps, ses formes sont devenues plus osseuses, plus mécaniques, traversées par des lignes évoquant le transhumanisme. L’artiste glisse peu à peu du culte ancestral à la spéculation sur l’avenir, nourri par sa fascination pour l’intelligence artificielle et les récits chamaniques. « Je n’ai jamais fait de trip chamanique, mais je suis fasciné par l’idée qu’il existe un monde invisible. C’est un matériau de création, comme la terre ».Aujourd’hui, Randohm partage son temps entre création, exposition et transmission. Il anime notamment des ateliers au musée La Piscine de Roubaix. Randohm

Zéro Vice City : les jeunes au micro

Freeman sur scène, des jeunes au micro, des rimes percutantes et une salle en effervescence. Bienvenue dans l’univers de Zéro Vice City. Lors d’une soirée au Bar Live, Freeman, l’ex-membre du mythique groupe IAM animait une conférence avec Lyna Ziani, alias PunchLyn. Un moment fort, entre transmission et énergie positive. La soirée a continué avec un open mic où les jeunes de ZVC ont pris le micro avec une aisance déconcertante. Le constat ? Du niveau, de l’énergie, de la sincérité. Curieuse d’en voir plus, la rédaction a voulu creuser. Direction : un atelier d’écriture, là où les mots prennent racine. En collaboration avec l’ARA (Autour des Rythmes Actuels), pilier culturel roubaisien, Zéro Vice City accueille toutes les générations, sans limite d’âge ni prérequis. L’association défend une éducation populaire, inclusive et accessible, où chacun peut trouver sa voix – et sa voie. Pour Sofiane Toumi, aka Toum’s, cofondateur avec PunchLyn, ZVC est un cercle vertueux pour les créatifs. Ce Roubaisien pur jus est un bâtisseur, un passeur.  « Un casseur de rêve » aussi, comme il se définit – non pas pour décourager, mais pour ancrer les jeunes dans la réalité. « On ne vend pas un rêve de star. C’est du travail, de l’engagement, de la persévérance. Il ne faut pas se leurrer, dans le rap, il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. » À 30 ans, Toum’s est tour manager pour de grands noms du rap. Il remplit des Zéniths, des Cigales, des Olympias. Ce qui le fait vibrer, c’est faire briller les autres. Le cœur du projet de ZVC ? Transmettre ce qu’ils n’ont pas eu avec Lyna. « On donne aux jeunes ce qu’on aurait aimé recevoir à leur âge ». Le programme « Jeune parraine jeune » incarne cette philosophie. Les plus expérimentés guident les plus jeunes. On y parle rimes, respiration, flow, mais aussi estime de soi, gestion du stress, posture scénique. Une vraie école de la vie.   ZVC, c’est aussi un terrain d’expérimentation pour des projets comme celui de Snef et Kaefra, 15 et 16 ans, qui ont créé l’open mic « Mange le mic », organisé par des jeunes pour des jeunes. « C’est une opportunité en or de monter sur scène, d’affronter leur public et d’apprendre l’organisation d’un événement. » L’association accueille aussi des jeunes aux parcours variés. Adam, 19 ans, guitariste et fan de métal, a trouvé dans ZVC un environnement bienveillant pour s’exprimer. Bulldobert, diagnostiqué autiste, utilise le rap pour libérer ses émotions : « Ici, je peux dire tout ce que je garde en moi. » Autour de la table, même les plus jeunes participent. Après quelques virelangues, PunchLyn lance un « Cinq, six, sept, huit ! », et les voix s’élèvent, chantant un morceau sur l’amitié : Mon meilleur ami. Au-delà de la musique, Zéro Vice City ouvre des portes. Grâce à son réseau, des jeunes trouvent des stages ou décrochent des opportunités professionnelles. « Si t’es motivé, tu peux », résume Toum’s. Comme il aime à le rappeler, Zéro Vice City, c’est avant tout un état d’esprit. Zéro Vice City L’association Zéro Vice City vous a concocté une playlist qui traverse les époques, les villes et les vibes. Du rap conscient aux sons bruts, entre classiques indémodables et pépites plus récentes, c’est une sélection qui frappe juste.   Bonne écoute !

Destination l’Alhambra

Elle nous accueille par une belle journée de mai, dans son restaurant, « Le restaurant de Miéline » avec le grand sourire et la bonne humeur qui la caractérisent. Elle, c’est Malika, plus connue sous le nom de Miéline, figure incontournable de la restauration à Roubaix. Niché en plein milieu de la rue de Lannoy, ce lieu est le premier hammam traditionnel qui a ouvert après Paris, en 1999. Il est aujourd’hui tenu par la fille des fondateurs, Mohamed et Dahvia Boubakeur. À la rédaction d’Alternatif, on aime bien tester avant de vous parler d’un endroit. Il y a pire comme expérience, nous voilà parties pour un soin au savon noir suivi d’un gommage. Authentique est l’adjectif qui revient dans toutes les bouches des clientes habituées. C’est ce qu’elles aiment dans ce lieu et c’est également ce qui me saute aux yeux. On se sent « comme à la maison », les effluves de thé à la menthe et de fleur d’oranger embaument l’entrée. Enroulée dans un peignoir et chaussée de claquettes à l’effigie du hammam, j’entre dans la salle tiède avec ma coupelle traditionnelle en cuivre. Un point d’eau rien que pour moi pour rincer le savon noir, après m’être frottée tout le corps avec le gant à la texture rugueuse. Petit passage dans la salle chaude, je m‘allonge sur un banc en marbre, et je me laisse envahir par la chaleur douce. Un ou deux allers et retours plus tard, Gavelyne, l’esthéticienne qui va s’occuper de moi, m’attend en salle froide. Partout sur les murs, de magnifiques mosaïques directement rapportée d’Algérie et des tablettes en marbre de Turquie. Gavelyne enfile le gant et frotte les différentes parties de mon corps. Elle s’inquiète de savoir si la pression n’est pas trop forte et c’est parti pour un gommage tonique. L’impression que ma peau part en lambeaux mais non, Gavelyne m’explique que c’est l’accumulation de peaux mortes, de gel douche et autres produits. Un soin idéal avant l’été, avant de s’exposer au soleil ou lors de tout changement de saison. L’Alhambrahammam-alhambra.com181 rue de Lannoy, 59100 Roubaix03 20 20 09 40

Des effets spéciaux servis sur un plateau d’argent

ARTFX existe depuis 1958. Avec 65 ans d’ancienneté dans la formation aux métiers du cinéma, il en est sorti des intermittents du spectacle de cette école !  Installé à Montpellier, à Paris et enfin à Roubaix depuis 5 ans, la petite dernière (version « School of Digital Arts ») façonne les créateurs de demain dans les coulisses de la Plaine Images. Place à l’image 2.0 Les écoles d’animation 2D et 3D poussent de partout, à l’allure rapide des évolutions techniques. Le phénomène émane de l’engouement des industries créatives (jeux vidéo, applications mobiles, industries audiovisuelles…). Rien que la Plaine Images accueille trois écoles au cœur de son écosystème, favorisant ainsi les relations entre campus, startups, studios, entreprises de l’industrie numérique… Le marché de l’image, du son et des effets spéciaux est « en effet » très porteur. FX No limit C’est une évolution constante, un échange permanent. La limite entre étudiants et enseignants est un peu comme un flou artistique, comme un effet spécialement conçu pour que les compétences des uns et des autres se mutualisent dans un perpétuel tourbillon de connaissances. La proximité entre les élèves et enseignants permet « de rester en veille permanente des nouvelles technologies grâce aux étudiants qui, informés constamment, pratiquent les nouveaux logiciels tous les jours avec une grande facilité. Les étudiants sont rapides » nous racontent Reignier et Manon, enseignant les cours de 2D et de 3D. Silence, on crée ! Dès l’origine, la Métropole Européenne de Lille, maître d’ouvrage du projet, a fixé une exigence forte : minimiser l’empreinte carbone en misant sur la réutilisation maximale des ressources existantes. Avec l’appui de la SEM Ville Renouvelée, de l’AMO économie circulaire Neo-Eco, et du cabinet SAA Architectes, la démarche de « dépose soignée » s’est imposée comme un fil conducteur du chantier. Un diagnostic précis de tous les éléments constitutifs du bâtiment a été mené avant même le début des travaux. Portes, cloisons vitrées, faux plafonds, radiateurs, lavabos, luminaires… Rien n’a été laissé au hasard. Chaque matériau potentiellement réutilisable a été soigneusement démonté, stocké et destiné soit à un réemploi sur site, soit à une redistribution vers d’autres projets via des associations partenaires. Réalité ‘virtuelle’ Les étudiants sont mis en face de la réalité du marché grâce aux intervenants extérieurs, workshops ou au matériel d’experts dans l’école. Beaucoup d’autonomie, de mise en pratique, de travail de groupe les aident à former les équipes comme sur un vrai plateau, mais autour de leur projet de fin d’étude cette fois-ci, pour réaliser des courts-métrages souvent primés !  Les étudiants sont déjà les professionnels de demain ou considérés comme ayant le niveau à partir de la 3ème année ! Ca forme du beau monde : animateurs, compositeurs, modeleurs, textureurs, storyboardeurs, scénaristes… Plus d’image sans IA « L’IA permet de gagner du temps », nous raconte Anaïs, étudiante en 2D en 4ème année, « mais ne remplacera pas la créativité ». Comme Reignier et Manon, Anaïs se dit curieuse de voir le fonctionnement, de l’intégrer à son apprentissage, et d’observer, d’évoluer avec elle, mais « rien ne remplace la passion du dessin et de l’animation ». Récompenses ARTFX se distingue comme « école N°1 des effets spéciaux » dans le classement mondial du jury The Rookies pour la 6e année consécutive et prépare ses étudiants à intégrer les plus grands studios Clap de fin sur l’actualité de l’été ARTFX propose des Summer camps aux 14-18 ans pour s’initier aux effets spéciaux, animations 2D et 3D. Cette initiative, conçue comme un stage d’immersion, stimule l’ouverture d’esprit, favorise les rencontres et permet de vivre une première expérience au sein du campus ARTFXartfx.school.fr  111 boulevard Constantin Descat, 59200 Tourcoing

Plaine Images : berceau de la NextGen créative

Roubaix mêle audace artistique et esprit d’innovation, fidèle à l’énergie qui animait, à la fin du XIXe siècle, ses manufactures textiles. Plus d’un siècle plus tard, l’élan créatif ne s’est jamais tari : Roubaix est une ville où l’on crée et où l’on réinvente sans cesse. Un symbole frappant de cette transformation est la Plaine Images, un lieu phare à cheval entre Roubaix et Tourcoing, qui s’impose comme le premier hub européen dédié aux industries créatives et culturelles (ICC). De l’usine textile à la fabrique d’idées   Installée sur l’ancienne usine Vanoutryve – autrefois fleuron du textile roubaisien – la Plaine Images est l’exemple même d’une reconversion industrielle réussie.    Là où 3 000 ouvriers manœuvraient les métiers à tisser, 2 000 professionnels imaginent aujourd’hui des univers innovants où se croisent jeu vidéo, audiovisuel, réalité augmentée et virtuelle, design, musictech, développement web, marketing digital, e-learning et bien d’autres secteurs encore. La première pierre de cette métamorphose apparaît dès 1995, avec l’installation du Fresnoy – Studio national des arts contemporains – à quelques pas du site. L’idée d’un pôle dédié à l’image et à la création commence alors à prendre forme. Puis, en 2007, le tournant s’accélère : Ankama, la pépite roubaisienne du jeu vidéo mondialement célèbre pour Dofus, investit l’ancien bâtiment des grands magasins. Cet événement marque le lancement de la mutation du site en quartier innovant. Un écosystème unique et dynamique de 5 hectares Dès 2010, les premières entreprises investissent le site. Deux ans plus tard, l’ouverture de l’Imaginarium – bâtiment totem de la filière – marque l’ouverture officielle de la Plaine Images : 8 000 m² consacrés à l’innovation et à l’entrepreneuriat.  Aujourd’hui, ce sont plus de 150 entreprises, allant des start-ups aux grands noms des industries créatives, qui y prospèrent. Chaque année, près de 50 nouvelles pépites rejoignent cet écosystème effervescent et sont accompagnées dans la structuration de leur projet. Le tout dans un cadre de vie agréable : espaces verts, restaurants, foodtrucks, salles de réunion, mais aussi événements, afterworks et activités bien-être. Un campus où l’on prend plaisir à travailler et à échanger. Un carrefour entre la recherche, la formation et le monde économique Ce qui fait la force de la Plaine Images, c’est la synergie entre les entreprises, les étudiants et le monde de la recherche. Trois établissements de renom – ARTFX, Piktura (anciennement Pôle IIID) et Le Fresnoy – forment chaque année des centaines d’étudiants aux métiers de l’image et du numérique. Ce réseau académique alimente directement les entreprises, créant une dynamique de collaboration constante. C’est aujourd’hui au tour de Rubika de venir renforcer le site avec l’arrivée prochaine d’une antenne dédiée au design. Le site met à disposition des plateformes technologiques et des laboratoires de recherche. Ce lien crée un cercle vertueux, alimentant l’innovation. Un modèle d’écosystème qui va bien au-delà des murs du quartier. Un mantra : « Where imagination creates value » À la Plaine Images, l’imagination se transforme en valeur économique, en donnant naissance à des entreprises innovantes et en rayonnant à l’échelle internationale. Mais cette créativité a également une forte valeur humaine, puisqu’elle rassemble des talents venus de tous horizons, unis dans la construction des industries créatives de demain. La Plaine Images constitue aujourd’hui un pilier essentiel de la stratégie économique de la Métropole européenne de Lille, qui reconnaît les industries créatives et culturelles comme un levier majeur de développement économique. Ce pôle d’excellence s’inscrit dans un réseau plus large de quatre autres pôles de compétitivité : la santé, le textile, la foodtech et le numérique. Un lieu en perpétuelle évolution La Plaine Images ne cesse d’évoluer et d’accueillir de nouveaux projets. D’ici fin 2025, l’innovation s’amplifiera encore avec le lancement d’un tout nouveau campus e-sport de 10 000 m². Ce projet ambitieux comprendra un centre de formation et une résidence étudiante. Il proposera également des équipements modernes pour les compétitions, comme une arena pour retransmettre les matchs en direct et des gaming houses pour l’entraînement des équipes. [Audiovisuel] Agence Reflets Vidéo – L’image qui fait vibrer les idées Reflets Vidéo réalise des films corporate haut de gamme, des spots TV créatifs et des vidéos de formation pour les entreprises. L’agence sublime les messages de ses clients grâce à des productions émotionnelles et mémorables, alliant exigence artistique et impact stratégique. refletsvideo.com [Jeux vidéo] Ishtar Games – Des récits épiques aux commandesStudio indépendant reconnu, Ishtar Games est spécialisé dans les RPG exigeants et accessibles comme The Last Spell ou Dead in Vinland. Acteur du renouveau du jeu indépendant français, Ishtar Games cultive l’excellence narrative et l’innovation ludique, tout en multipliant les collaborations sur des projets de gestion et de stratégie.ishtar.games [Divertissement musical] KaraFun – Le plus grand karaoké d’EuropeLeader mondial du karaoké en ligne, KaraFun compte près de 8 millions d’utilisateurs. Avec des studios et bars karaoké ouverts à Lille, Paris, et Bruxelles, l’entreprise illustre la réussite d’un modèle mêlant digital et lieux physiques pour proposer une expérience musicale conviviale et internationale. Karafun [VR] New Atlantis – Explorer le passé en réalité virtuelleNew Atlantis explore une nouvelle frontière : celle du métavers culturel. Grâce à des environnements 3D immersifs, cette startup permet de revivre des lieux historiques disparus et d’assister à des performances artistiques inédites, ouvrant la voie à une nouvelle manière de transmettre le patrimoine et d’expérimenter la culture. newatlantis.fr Entretien avec Emmanuel Delamarre, directeur de la Plaine Images Comment est née la Plaine Images ? C’est la Métropole européenne de Lille qui a porté le projet, dans la lignée des grandes reconversions impulsées par Pierre Mauroy, comme Euralille ou Eurasanté. L’ambition était claire : accompagner la transition d’un territoire industriel vers des filières d’excellence, en associant entreprises, enseignement supérieur et recherche. Pourquoi avoir conservé les bâtiments d’origine ? Garder ces bâtiments de briques de 150 ans, c’est plus coûteux que de tout raser, mais c’est aussi beaucoup plus fort symboliquement. Ce sont des cathédrales industrielles qui racontent l’histoire du territoire, ses réussites, ses fragilités aussi. Traverser ce site rappelle que nous venons d’un passé industriel impressionnant, que nous avons su nous…
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Holberton School : Ctrl + Alt + RBX

École de programmation internationale spécialisée dans le développement informatique, Holberton School accompagne les étudiants à plonger dans le grand bain de la tech. Installée à la Plaine Images, cette école d’un nouveau genre, accessible à tous, sans prérequis technique ni limite d’âge, casse les codes de l’enseignement classique. Pas de cours magistraux, pas de profs, mais des « bootcamps », des « stand-ups » quotidiens, du « peer learning » à haute intensité, des « check in », des « wrap up », le « speaker of the day »… L’apprentissage est basé sur la « méthode projet » : chaque semaine, un nouveau défi, une nouvelle collaboration. Les élèves deviennent autonomes, apprennent à travailler en équipe, à documenter, à présenter (souvent en anglais) leurs avancées. Les différents campus (Paris, Rennes, Toulouse, Roubaix…) communiquent en réseau, et le partage prime sur la compétition. L’objectif : former des développeurs Web Full-Stack, spécialités AR/VR, Blockchain, Cybersécurité, IA, Machine Learning… mais surtout des professionnels adaptables, capables de coder, de comprendre, de collaborer. Warren, 30 ans, a bossé dans la vente en ligne. À Holberton, il voulait comprendre ce qui se cache derrière les interfaces qu’il utilisait chaque jour. « Ce que j’aime le plus, c’est travailler sur du concret, avec des objectifs et un agenda, comme en entreprise. Il y a une entraide incroyable, entre élèves, entre promos, entre campus. »Gabriel, licence LEA en poche, ne s’épanouit pas professionnellement et souhaite se reconvertir pour « apprendre un métier où il y a de vrais débouchés ». Il apprécie l’autonomie qu’on lui donne : « Ici, tu apprends à apprendre. Personne ne te tient la main, mais tout le monde est là si tu bloques. » Brahim a roulé sa bosse à la FNAC et chez OVH. L’envie de « passer de l’autre côté de la relation client » le pousse vers Holberton. « Je voulais comprendre les outils qu’on utilisait tous les jours. Et je cherchais un programme complet, pas juste une formation express. Aujourd’hui, je me sens légitime pour chercher une alternance en développement. » Stan, diplômé en marketing digital, voulait se réorienter après une expérience en cabinet de courtage. Pas question pour autant de replonger dans une ambiance trop scolaire… « Ici, j’ai retrouvé l’autonomie du monde pro, mais avec le droit à l’erreur. On fonctionne par projets, en mode agile. C’est challengeant, mais stimulant. Pour moi, c’est clairement l’une des meilleures formations Tech de la région. » Holberton schoolholbertonschool.fr 25 Rue Corneille59100 Roubaix

Immersion dans un cours de boxe française avec Sabrina Maroufi

18h05. Roubaix. 48 rue Nabuchodonosor. Un nom de rue difficile à retenir pour un lieu peu visible. Dehors, le décor est brut : un parking silencieux, bordé de friches et de bâtiments fatigués. Rien ne laisse présager ce qui m’attend à l’intérieur. Je pousse la porte de cette salle discrète, une bulle coupée du reste du monde. Elles sont là. Leur énergie emplit chaque recoin.   Direction le vestiaire. J’enfile la tenue de combat. On commence l’échauffement. Un cercle se forme. On court, on sautille, on chauffe les corps et les esprits. Sabrina Maroufi prend les commandes. Son regard accroche, ses mots claquent. Sa voix donne le tempo. Posture de base : pieds ancrés, genoux souples, mains en rempart devant le visage, poings fermés, coudes verrouillés contre les côtes. Chaque détail compte. Mes bras hésitent, mes gestes tâtonnent, mon corps cherche ses marques. Sabrina sourit et me glisse : « C’est normal, c’est le début. » Elle corrige, encourage et pousse, toujours dans la bienveillance. Chez Sabrina, la boxe va bien au-delà du ring. Lors d’un exercice, je me retrouve face à elle. J’enfile les gants qu’elle me tend. J’envoie un direct : elle esquive. Un crochet du droit : elle sourit et esquive. À chaque mouvement, je comprends un peu mieux ce que la boxe peut transmettre. À chaque souffle, je m’ancre un peu plus dans le sol. Ici, pas de compétition mais du soutien.  Sabrina Maroufi, c’est une figure locale, une boxeuse au parcours inspirant. Championne de France en savate et en boxe anglaise, cette fille de boxeur a dû se battre pour s’imposer dans ce sport longtemps réservé aux hommes. Petite, elle s’entraînait dans l’ombre. Aujourd’hui, elle partage sa passion avec les femmes, épaulée par sa sœur Sefora. Ensemble, elles ont fondé ces ateliers 100 % féminins, mêlant pratique sportive et accompagnement personnel. Plus qu’un entraînement, c’est un espace de reconstruction pour certaines marquées par des violences ou des traumatismes. La boxe devient un outil de libération et une histoire de sororité. Le cours s’achève. On range les gants, on souffle, on débriefe. Avant de partir, Sabrina remercie le club AFC MMA de Roubaix, qui lui ouvre ses portes chaque semaine. Mardi 18h15 et mercredi 18h30 : des rendez-vous devenus incontournables pour quatre-vingt-dix femmes. Ici, elles apprennent à boxer mais surtout à se tenir droites. En 1998, Sabrina a fondé le club Punch Boxe Française Savate Tourquennois (PBFST). Après plusieurs années de passion partagée, elle se tourne désormais vers Roubaix, avec de nouveaux projets en tête. Smaroufi Boxe Smaroufi Boxe

AFRO LIVE – Révolutionner la fête 

H-Town Ministry – Fondé en 2023 à Roubaix par Lunzi Agbogan et Jean Samuel Seka, H-Town Ministry est un label 360 dédié aux musiques afro et caribéennes. Avec des artistes comme Heaven Sam ou Don Jordy, le label allie production, booking, édition, communication et événementiel, pour créer une expérience complète. Avec plus de 250 morceaux et 500 millions d’écoutes à travers le monde, H-Town a collaboré avec des artistes de renom aux horizons variés, comme Stefflon Don, Keblack, Youssoupha, Slimane, Booba ou encore Fally Ipupa, raflant disques d’or, de platine et de diamant en France et au-delà. AFRO LIVE – Né d’un battle de danse improvisé en 2021 à La Condition Publique à Roubaix, Afro Live est un collectif initié par Lunzi Agbogan. Face à l’engouement du public, l’idée d’un mouvement était lancée, celui d’un mouvement qui repense l’art de la fête et du vivre ensemble. Block parties, concerts, soirées et workshops se sont enchaînés. Bien plus qu’un lieu pour chanter, danser, boire et manger, l’objectif est de créer une véritable plateforme : un espace qui capte les besoins et les tendances des jeunes, qui les forme, qui les connecte et les oriente vers les métiers de la création. Aujourd’hui, Afro Live travaille à transmettre l’énergie Afro Live hors de Roubaix : Paris, Bruxelles, Amsterdam… Parmi les témoins de cette aventure, il y a Julien Pitinome, photoreporter et coordinateur du projet média jeunes du Labo 148 à La Condition publique. Ancien éducateur spécialisé, il saisit en images l’essence des Afro Live depuis leurs premiers instants, portant un regard sensible et engagé sur ce mouvement devenu une source d’expression et de métamorphose collective.  Afrolive session ! – Depuis moins d’un an, un nouveau concept est né : les Afro Live Sessions. Un concept simple : un lieu, un Dj, du public et une heure de session live où la fête est à l’honneur. « Nous célébrons la richesse et la diversité des cultures Afros à travers des événements qui rassemblent, inspirent et connectent, sur internet comme sur les territoires. » Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome Crédit photo : Julien Pitinome AFRO LIVE

Mazer, L’histoire se tague, Je tiens la bombe

Il a grandi avec un rêve, celui d’être graffeur. Ado, il obtient avec son premier collectif « Restart » le premier mur légal de graff à Tourcoing. Diplôme de design en poche, cet autodidacte part courir le monde pour la richesse des rencontres, artistiques surtout… Il en est revenu avec un max de techniques et encore plus de projets et de détermination. Si vous étiez… Un slogan L’UNION FAIT LA FORCE Je cherche toujours à faire dans le collectif, c’est au cœur de ma démarche, surtout en ce moment sur le projet actuel (NDLR : Plateau 112 dans l’ancien bowling) Un lieu COMME ICI, UN ANCIEN BOWLING Une friche, un lieu libre d’expression, un lieu de rencontre et de partage. Un rêve JE SUIS LÀ ET JE LE RÉALISE ! À chaque fois que j’ai fait un rêve, je l’ai réalisé. C’est juste magnifique. Plus loin, ce serait l’idée du bowling mais connecté, un lieu de vie avec un « jardin » qui ferait passerelle avec les gens qui viendraient se poser et discuter, avec une dimension internationale… Une rencontre LÉONARD DE VINCI C’était un curieux, un observateur, il allait au bout des choses, il ne se mettait pas de limite. Une couleur LE JAUNE ! C’est lumineux, chaleureux, sans être agressif. Une forme LE TRIANGLE Sans explication. Un courant artistique AH DIFFICILE DE FAIRE UN CHOIX… Il y a une certaine bipolarité dans mes créations. Je fais aussi bien du muralisme que des toiles. Je suis multidisciplinaire, il y a de la 3D dans ma peinture, dans la 2D. Ça vient du design ça (NDLR : il a une licence en arts graphiques et en design, qu’il a étudiés à Saint-Luc à Tournai). Et j’y ajoute mes émotions du moment. Une œuvre classique L’ANAMORPHOSE SELON DALĺ Son travail permet de faire ça, de créer un univers dans sa toile. Il n’y a plus de limite à la perception. J’aimerais arriver à monter ça sur le Plateau 112. Un message TA LIBERTÉ S’ARRÊTE OÙ COMMENCE CELLE DES AUTRES Ça renvoie à la notion de respect, au fait de savoir prendre sur soi, et donc à la tolérance aussi. Un film LA LIGNE VERTE J’aime le personnage qui est considéré comme coupable alors qu’il a juste essayé de faire le bien. Comme dans le graff, la majorité du temps c’est de l’intention positive. Un son OXMO PUCINO, TOUCHER L’HORIZON « J’irai plus loin que l’horizon / C’est bien mieux que le bout de son nez / Tous les murs qui nous bloquent brisons », etc. Un texte profond et sensible. MAZERmazingue.com

Miéline, le goût du partage

Elle nous accueille par une belle journée de mai, dans son restaurant, « Le restaurant de Miéline » avec le grand sourire et la bonne humeur qui la caractérisent. Elle, c’est Malika, plus connue sous le nom de Miéline, figure incontournable de la restauration à Roubaix. Si elle n’est pas dans son restaurant, c’est probablement parce qu’elle prépare une commande pour un service « traiteur », un atelier cuisine ou le brunch de La Condition Publique (cf. encadré ci-dessous pour plus d’infos). À 42 ans, cette femme passionnée et hyperactive a un secret qui se devine dans son sourire : « jamais de stress quand il s’agit de cuisine », dit-elle. « Chez moi, en Kabylie, on se reçoit sans invitation. Vous avez toujours des gens qui arrivent à la maison à l’improviste alors on fait à manger avec ce que l’on a dans les placards. On ne stresse jamais. C’est la vie de tous les jours ! ». La tchoutchouka fait partie de ces plats simples, faciles à faire et pour lesquels on a souvent tous les ingrédients sous la main. Pour Miéline, c’est un des plats qui lui rappellent le plus la vie quotidienne dans son village de Kabylie. « Ce plat, ça me rappelle mon enfance, la maison de mes parents. Quand je me sers du pilon pour écraser l’ail, le son et l’objet me ramènent immédiatement en enfance, avec ma mère ou mes grandes sœurs en cuisine. Mais c’est aussi important d’utiliser un pilon pour le goût. L’ail doit être écrasé pour ce plat. C’est meilleur ! ». Voici donc la recette de la tchoutchouka telle qu’on la mange en Kabylie. Simple et généreux, c’est un « plat qui se partage » précise Miéline alors que nous étions en train de le déguster avec elle en sirotant un thé à la menthe. Merci à elle et à vous de jouer pour profiter de ce plat délicieux et diffuser la générosité kabyle autour de vous ! La tchoutchouka kabyle (plat végétarien) 4 oignons 4 poivrons rouges 2 courgettes 2 tomates 4 œufs 3 gousses d’ail Coriandre fraiche (4 branches environ) 1 peu de piment (facultatif mais « si on veut faire une tchoutchouka comme en kabylie, c’est indispensable », nous dit Miéline !) Huile d’olive Après avoir lavé les légumes, coupez-les grossièrement. Faites chauffer l’huile d’olive dans une poêle et faites-y revenir à feu vif les oignons et les poivrons pendant 10 à 15 mn (surveillez et baissez le feu pour que les légumes ne brûlent pas) Pendant que les oignons et les poivrons cuisent, hachez la coriandre après l’avoir bien rincée. Écrasez les gousses d’ail dans un pilon. Mettez le tout de côté. Ajoutez les courgettes dans la poêle. Baissez la température à feu moyen si ce n’est pas déjà fait. Laissez cuire environ 10 mn. Ajoutez les tomates, la coriandre et l’ail écrasé (et le piment si vous le souhaitez). Salez et poivrez. Laissez cuire encore environ 10 mn à feu moyen et à couvert. Juste avant de servir, battez les œufs dans un bol avec un peu de sel et de poivre. Ajoutez les œufs battus sur les légumes dans la poêle. Mélangez un peu pour bien répartir les œufs. Laissez cuire à feu moyen quelques minutes, le temps que les œufs battus soient cuits. Servez la tchoutchouka dans les assiettes. Ajoutez un filet d’huile d’olive dans chaque assiette et servez avec du pain. Régalez-vous ! Pour réussir la tchoutchouka comme en Kabylie. Les conseils de Miéline : « Pour faire une Tchoutchouka comme en kabylie, il faut mettre des œufs et le piment. Mais on peut supprimer selon ses goûts ou ses allergies, ce sera bon aussi ! » « Après avoir mis les tomates, l’ail et la coriandre, on n’oublie pas d’ajouter un couvercle pour laisser cuire à couvert ». C’est important pour que la préparation ne perde pas trop d’eau et que les saveurs se mélangent bien. On n’ajoute pas d’épices (sauf le poivre) dans cette recette. « C’est la seule recette de chez moi (Kabylie en Algérie), où l’on ne met pas d’épices ! » On utilise des produits frais et de saison, de préférence. « On peut remplacer les courgettes par des pommes de terre quand ce n’est pas la saison des courgettes». « À Roubaix, pour avoir de bons légumes frais, je vais au marché de l’Épeule chez un maraîcher qui vient de Steenwerck. Sinon, pour les produits d’épicerie, comme les pâtes fraîches par exemple, je vais chez Carlier Vogliazzo, rue de l’Alma. » « La Tchoutchouka, ça se mange avec du pain. Moi, c’est comme ça que je l’aime ! ». « La cuisson dure de 30 à 40 mn. 40 mn, c’est idéal pour avoir la meilleure tchoutchouka ». Où retrouver Miéline à Roubaix ? Les solutions ne manquent pas pour rencontrer Malika, profiter de sa cuisine et de sa bonne humeur ! Dans son restaurant, 2 rue de Lannoy (près de McArthurGlen). Tous les midis de 12h à 14h, du mardi au vendredi. Le mardi et le mercredi, cuisine française ou italienne. Les jeudi et vendredi, cuisine du Maghreb. Sur place ou à emporter. En faisant appel à son service traiteur. Plus d’informations : mieline.com En participant à l’un de ses ateliers cuisine, dans son restaurant, le samedi matin tous les 2 mois mais aussi lors d’ateliers « Zéro Déchet » ou à l’Institut du Monde Arabe. Ces ateliers sont des moments conçus pour transmettre un savoir-faire mais aussi comme un moment privilégié de partage. Les plats élaborés lors des ateliers qui se déroulent au restaurant seront ensuite partagés sur place entre les participants. Plus d’informations : : mieline.com Lors d’un brunch à La Condition Publique, chaque premier dimanche du mois. Sur réservation à La Condition Publique.com  Infos : (voir « Brunch » dans l’agenda)