Catégorie : Roubaix en partage

Et si on réparait ensemble ?

Votre grille-pain a trop chauffé ? Votre machine à laver n’essore plus ? Votre bouilloire s’est essoufflée ? Souvent le premier réflexe est de racheter un appareil à l’identique lorsqu’il tombe en panne, alors qu’il est peut-être réparable. Face à la surconsommation, les ateliers solidaires pour réparer les appareils défectueux et leur donner une seconde vie trouvent leur public. C’est bon pour la planète et le porte-monnaie. Les astuces des Repair Cafés L’association ASTUCE organise à Roubaix des Repair Cafés, des ateliers conviviaux à travers lesquels des passionnés de bricolage partagent leur savoir-faire auprès des Roubaisiens pour réparer leurs objets du quotidien usagés. Mais au fait, qui vient dans ces ateliers ? « Un peu tout le monde, mais surtout des personnes de la tranche d’âge 35-75 ans », explique Isabelle Bras, coordinatrice de l’association ASTUCE. « On distingue les personnes très économes qui viennent ici par nécessité, d’autres qui sont économes par éthique et veulent éviter le gaspillage, d’autres encore qui viennent pour des raisons économiques car elles souhaitent réparer des appareils qui valent cher et dont elles ne peuvent se passer », poursuit-elle. La plupart des objets repartent « réparés » pour une nouvelle vie, et souvent en moins d’une demi-heure, grâce à la ténacité de la dizaine de bénévoles. Polyvalents ou spécialisés, ils sont passionnés et ont tous à cœur d’accompagner la personne pour lui expliquer l’intervention. Des demandes insolites permettent aussi des échanges enrichissants : « Un monsieur d’un certain âge est venu pour réparer un magnétophone à cassettes datant de plus de 50 ans ! » Après six heures passées à le décortiquer, une panne en cachant une autre, l’équipe a finalement dû renoncer. Mais cela reste un bon souvenir de partage pour ce monsieur dont le magnétophone avait surtout une valeur sentimentale. Consommer autrement, éviter le gaspillage et se retrouver autour d’un café, voilà déjà trois bonnes raisons de fréquenter les Repair Cafés. Vous en trouverez sûrement d’autres en poussant la porte de l’un d’entre eux ! « Un peu tout le monde vient aux Repair Cafés ! » Isabelle Bras Astuce Roubaix Contacts ASTUCE24 place de La Liberté, Roubaix

Et si on cultivait ensemble ?

À Roubaix, la solidarité pousse dans les jardins. Familiaux ou partagés, sur d’anciennes friches ou dans des interstices urbains, ces espaces sont bien plus que des potagers : ce sont des lieux de rencontre, de transmission et de convivialité. Avec près de 340 parcelles réparties sur 9 hectares, mises à disposition des Roubaisiens gratuitement par la Ville et gérées par une dizaine d’associations, chacun peut y trouver son coin de nature. Ces parcelles reposent toutes sur le même principe : travailler la terre ensemble, partager savoirs et astuces et prendre soin du sol. La Maison du Jardin, un pilier du réseau roubaisien La Maison du Jardin existe depuis plus de vingt-cinq ans et gère, aujourd’hui, un quart des parcelles roubaisiennes, ce qui correspond à 80 parcelles sur huit sites. Christian Lamendin, son président, est arrivé il y a six ans après une longue parenthèse dans la forêt guyanaise. « J’ai toujours aimé jardiner. Quand la présidence s’est libérée, je me suis dit : à la retraite, j’ai du temps, de l’énergie et l’envie de partager. » Depuis plusieurs mois, barrières et clôtures disparaissent des jardins familiaux, semis et fleurs se partagent, les allées s’animent. « On plante des œillets d’Inde, des capucines, de la sauge… Les pollinisateurs adorent, et c’est beau ! », sourit Christian, qui se souvient avoir régalé les visiteurs de la fête de la soupe avec ses beignets de sauge. Chaque site dispose ou disposera d’un référent bénévole, pour favoriser l’entraide et guider les jardiniers. Frédérique Trompette, unique salariée de l’association, coordonne les ateliers d’éducation populaire et la gestion du compost collectif. Sarah et Lauren prolongent cette philosophie au Jardin de Rome. Arrivées à Roubaix il y a quatre ans, elles sont devenues référentes après un an de pratique et s’investissent même au sein du Conseil d’administration de l’association. Dès leur première année, elles récoltent près de 50 kg de tomates anciennes. Leur objectif : un jardin nourricier et accessible, cultivé selon les principes de la permaculture. Paillage, compost, rotations de culture… chaque geste protège le sol et favorise la biodiversité. « On imite la forêt, l’écosystème le plus riche », expliquent-elles, inspirées par la ferme du Bec-Hellouin située en Normandie. Pour elles, la permaculture dépasse la technique : c’est un mode de vie, un partage de savoirs et un lien social. Les surplus de récoltes se redistribuent, on échange graines, conseils et recettes. « C’est aussi une façon de reprendre le pouvoir sur l’alimentation et de la rendre saine et accessible à tous », ajoutent-elles. « Certains viennent ici pour rompre l’isolement, d’autres pour faire un peu d’exercice ou simplement respirer », confie Christian, qui passe en moyenne deux heures par jour au jardin. Pour trois fois rien – cotisation annuelle de 20 euros – chacun trouve ici une richesse humaine inestimable. Pour beaucoup, le jardinage est devenu une thérapie douce : travailler la terre et voir pousser ce qu’on a semé… « On vient de la terre », rappelle Christian. « On imite la forêt, l’écosystème le plus riche. » Sarah et Lauren, jardinières au Jardin de Rome @maisondujardin.composteroubaix Maison du jardin

Et si on mangeait bien ensemble ? 

À Roubaix, la solidarité s’invite aussi dans les assiettes. De nouvelles formes d’entraide émergent autour de l’alimentation, révélant un tissu local solidaire. Les épiceries sociales permettent aux habitants les plus modestes d’accéder à des produits essentiels à bas prix, tout en offrant un accompagnement bienveillant. À leurs côtés, les épiceries participatives réinventent la consommation quotidienne : on y privilégie les circuits courts, les produits locaux et de saison, et chacun contribue à la vie du lieu par une adhésion symbolique ou quelques heures de bénévolat. El’Cagette, une histoire collective et nourricière Symbole de cette dynamique, El’Cagette incarne, depuis 2016, une autre idée du commerce : celle d’un magasin participatif, ancré dans les valeurs de justice sociale et de partage. Créée à l’initiative d’Anne Macou-Lescieux et d’habitants du quartier du Pile, l’aventure a commencé… dans un couloir. Quelques voisins réunis autour d’une envie simple : reprendre la main sur ce qu’ils mangent. « On voulait être acteurs de notre santé, raconte Anne. À Roubaix, les questions d’alimentation reviennent toujours, juste après celles du logement et de l’emploi. » Peu à peu, le groupement d’achat s’est transformé en véritable épicerie citoyenne, ouverte à tous, où 650 adhérents, les « consomm’acteurs », participent à la vie du lieu, chacun selon ses moyens et ses envies. Derrière les cagettes de légumes bio et les bocaux en vrac, c’est toute une économie solidaire qui s’organise. El’Cagette fonctionne grâce à l’engagement des bénévoles et à une petite équipe de 5 salariés, avec l’objectif de garantir à la fois des prix accessibles pour les consommateurs et une rémunération juste pour les producteurs. En 2023, El’Cagette, contrainte de déménager, achète ses nouveaux locaux grâce à une impressionnante mobilisation collective via des prêts de particuliers. Elle emménage rue Descartes, dans une ancienne école. Un symbole fort pour un lieu qui est devenu au fil du temps, un espace d’apprentissage et de transmission : ateliers de cuisine avec « La Marmite », ateliers vélo, ateliers coutures… Ici, tout se tisse autour du faire-ensemble. Toujours en mouvement, El’Cagette pousse désormais la réflexion plus loin. Aux côtés d’une trentaine de partenaires (centres sociaux, CCAS, associations caritatives, producteurs…), elle participe activement à la création d’une sécurité sociale de l’alimentation. L’idée ? Expérimenter un modèle inspiré de la Sécurité sociale classique : cotiser selon ses moyens, bénéficier selon ses besoins, pour permettre à chacun d’accéder à une alimentation choisie et digne. « L’aide alimentaire reste nécessaire, mais elle ne suffit pas. La dignité, c’est de pouvoir choisir ce qu’on mange. », explique Samuel Leuchter-Genin de l’association. « La dignité, c’est de pouvoir choisir ce qu’on mange. » Samuel Leuchter-Genin @elcagette El’Cagette El’Cagette78 rue Descartes, Roubaix