Amrane Bentoutah : Au bon endroit, au bon moment
Rencontre avec Amrane Bentoutah, photographe globe-trotteur et gérant de l’emblématique Café Jean, institution roubaisienne. Entre un café et des histoires qui invitent au voyage, nous découvrons un personnage qui, en trois secondes, nous plonge dans un univers où chaque image est un récit et chaque rencontre un chapitre. On ne va pas simplement parler de photographie mais d’une véritable exploration de l’humain.
Le déclic du voyageur
Tout commence à Roubaix dans les années 90, au club photo « L’Œil » où Amrane fait ses premiers pas dans l’univers de la photographie argentique. Il se forme ensuite à l’Institut Saint-Luc à Tournai, où il apprend les ficelles du métier. Mais à la sortie de l’école, Amrane ne se considère pas encore photographe. Il lui manque l’aventure.
Angleterre : Un expresso et des rêves
À Londres, Amrane jongle entre ses shifts de barman dans un théâtre et ses rêves d’évasion. Sa fascination pour le Mexique, nourrie par les écrits de Carlos Castaneda, l’entraîne vers l’inconnu. Lors de son premier voyage au Mexique, c’est le coup de foudre !
Guatemala - Mexique : Le passage périlleux
En route pour le Mexique, Amrane s’arrête dans un village isolé du Guatemala, au cœur de la jungle. Ce village, point de passage pour les migrants du Salvador, du Honduras et du Guatemala cherchant à rejoindre les Etats-Unis, devient un microcosme des luttes et des espoirs de ceux qui y vivent ou y transitent. Amrane ne se contente pas de photographier : il s’implique, tisse des liens et partage le quotidien des villageois pendant plusieurs mois
Cambodge : L’histoire d’une résilience
Après l’Amérique latine, c’est au Cambodge qu’Amrane pose son appareil. Loin des paysages touristiques, il s’enfonce dans la décharge à ciel ouvert de Phnom Penh, où il immortalise le quotidien des chiffonniers. Ses photographies révèlent la dignité et l’humanité qui émergent malgré la brutalité de leur environnement. Il dénonce les injustices sociales tout en mettant en lumière la résilience et la force intérieure des travailleurs.
Un engagement photographique humaniste
Les projets d’Amrane dépassent le cadre du simple reportage. Il documente les défis et les espoirs des personnes qu’il rencontre et invite le public à voir au-delà des clichés. Son exposition à la Condition Publique de Roubaix, lors de l’événement PILE AU RDV en mai 2024, marque les esprits. Ses images frappent, interpellent, et révèlent un équilibre entre éthique militante et esthétique. Amrane, admirateur du travail de Lee Miller, célèbre photojournaliste de guerre, ou de Sebastião Salgado, connu notamment pour ses portraits de mineurs brésiliens, aspire à s’inscrire dans cette lignée de photographes engagés. À travers son travail, il nous rappelle que de nombreuses histoires méritent d’être mises en lumière.
Le retour sur ses terres
Après des années à sillonner le globe, l’appareil chargé de rushs et de souvenirs, le quadragénaire ressent le besoin de revenir à ses racines roubaisiennes, avec l’envie de bâtir quelque chose de durable là où tout a commencé. Si vous êtes de passage, n’hésitez pas à lui rendre visite au Café Jean, une brasserie à son image : chaleureuse et authentique.