Un vestiaire, une maison, des ateliers, des entreprises, des boutiques de créateurs et des écoles… Roubaix a la fibre textile et vibre pour la mode. C’est dans ses gènes, son ADN. Une mode éthique, une mode responsable, durable… qui n’hésite pas à se remettre en question et à se réinventer. Imaginer à deux mains, dessiner le futur. De la créativité ok, mais en toute conscience !
Quand un orthoprothésiste et une styliste de mode se rencontrent cela donne U-exist qui propose des prothèses fun et personnalisées qu’on est fier de montrer.
Simon Colin, orthoprothésiste de formation a étudié à Bruxelles et a toujours été préoccupé par le côté froid de la prothèse, toujours de couleur chair, grise ou noire. « L’acceptation de la prothèse était rendue encore plus difficile par son aspect impersonnel. »
Le jeune homme rédige son mémoire sur la customisation des prothèses et reçoit un accueil chaleureux du jury. U-exist est déjà en gestation. Sa rencontre avec Amandine Labbé styliste et professeur à Esmod fera le reste : elle apportera avec elle l’univers de la mode dans celui des prothèses. Personne n’y avait pensé et c’est une chouette idée : en 2014 ils fondent ensemble U-Exist : « Vous aussi, jouez de votre différence. »
Le partage des rôles se fait naturellement : Simon prend en charge l’aspect technique et l’impression des motifs sur les matières, quand Amandine s’occupe de constituer une collection de motifs. Car c’est véritablement d’une collection dont on peut parler, comme dans la mode.
Le catalogue présente 250 motifs différents


« Le catalogue présente 250 motifs différents, organisés par thématique, pour tous les âges, tous les styles, hommes, femmes et enfants », précise Cindy Habchi, chargée de communication de U-exist. Les motifs sont créés par Amandine ou par un réseau d’artistes avec des collections capsules comme dans la mode : Nikok et ses motifs robotiques, Laure Poitreau et ses motifs animaliers pastel ou encore Boniett et ses carpes sur fond fleuri. Il est possible aussi pour le patient de recourir au service U-adapt s’il a lui-même créé ou dessiné un motif qu’il souhaite voir reproduire sur sa prothèse. Ou encore, grâce à U-custom faire réaliser sur mesure un motif qui lui appartiendra à vie.
L’entreprise fonctionne comme une start-up, « On n’est que 4 et on est forcément touche-à-tout » , ce qui convient parfaitement à Baptiste Jules, le commercial du quatuor. C’est lui qui se charge notamment d’agrandir le réseau des orthoprothésistes avec lesquels l’entreprise travaille, déjà au nombre de 50. « Chez U-Exist, ce n’est pas un travail de commercial comme les autres. Il y a forcément une dimension humaine primordiale et cela me plaît. Je vends quelque chose d’utile et je crois en ce que je vends. » U-exist habille des prothèses de patients dans toute la France et commence même à s’internationaliser : en Allemagne, en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas ou encore en Australie !
La start-up peut aussi compter sur des ambassadeurs de choix comme Jean-Baptiste Alaize, plusieurs fois champion du monde en saut en longueur, dont la prothèse raconte l’histoire. Cindy Habchi se réjouit : « On a l’impression que la mode s’ouvre de plus en plus au monde du handicap, on a récemment réalisé un shooting photo très mode, très fun. »
C’est certain, U-exist apporte tous les jours sa petite pierre à l’édifice pour que ce regard change. Et les patients sont ravis que la conversation s’engage désormais sur le motif original et non sur la prothèse elle-même. Pari gagné.
De Marseille à Roubaix, Stéphanie Calvino n’a pas hésité : son Anti-Fashion Project s’impose désormais comme un trait d’union entre les deux villes, associant un grand nom de la mode comme La Redoute mais aussi la très renommée école de mode Esmod. Objectif : aider les jeunes des quartiers populaires à réinventer une mode plus durable.
Le 3 septembre 2018, Arnice Troïka a vécu sa première rentrée à Esmod Roubaix. La jeune fille de 22 ans était plutôt intimidée d’assister à ses premiers cours au sein de la prestigieuse École supérieure des arts et techniques de la mode de Roubaix. « Moi qui n’étais plus scolarisée, je me retrouve dans une haute école de mode… C’est fabuleux, c’est incroyable, je n’arrive à réaliser ce que Anti-Fashion Project m’a apporté », résume-t-elle.
Il faut dire qu’Arnice, originaire de Guyane, s’est battue pour en arriver là. Si cette première année de cursus lui a été offerte (ce qui représente quand même près de 10 000 euros), c’est parce qu’elle a décroché le Prix Esmod Roubaix en partenariat avec La Redoute. Le jury a salué unanimement « son implication et sa persévérance » et l’originalité de la tenue présentée.
« J’ai concocté une tenue qui raconte un passé assez personnel », résume la jeune fille. Derrière sa voix frêle, on devine un parcours de vie compliqué. Elle a entièrement fabriqué un jogging-combi style guerrière un haut avec des manches extra larges et des épaulettes extravagantes, en utilisant du vinyle orné de fleurs au niveau des seins et pour le short, le tout complété par des jambières. Comme une protection mais aussi une renaissance.










« J’avais d’abord voulu d’abord devenir esthéticienne mais je ne trouvais pas de stage. » C’est la mission locale de Roubaix qui lui a conseillé de s’adresser à Anti-Fashion Project. « J’ai alors rencontré beaucoup de personnes fabuleuses et extraordinaires », sourit la jeune fille. Comme Li Edelkoort, à l’origine du Manifeste Anti-Fashion : cette véritable pythie de la mode travaille beaucoup avec les végétaux pour dénoncer les dérives de la 2e industrie la plus polluante au monde. Ou encore Sylvette Boutin Lepers, responsable des partenariats Créateur & Image de La Redoute, qui lui a ouvert les coulisses d’une grande enseigne de mode.
Arnice est à l’image des autres réussites de ce projet, « rencontrer ces jeunes en difficulté et qui se cherchent, qui sont intéressés par la mode, éveiller leurs sens autour de la matière textile, pour les accompagner le plus possible selon leurs envies », résume Stéphanie Calvino, à l’origine de ce travail. « On ne fait pas de la réinsertion, on ouvre la porte vers tous les possibles. »
J’ai alors rencontré beaucoup de personnes fabuleuses et extraordinaires, ARNICE
Je suis né à Homs en Syrie. J’ai fait des études de business et d’économie à l’université de Damas, mais au bout de trois ans, j’ai abandonné pour donner vie à mon rêve : devenir styliste ! J’ai toujours été passionné de mode et dessiné des chaussures. J’ai intégré Esmod à Damas et terminé mon cursus en remportant le Grand Prix lors du défilé final. J’ai ensuite créé deux émissions de télévision, un peu à la mode Cristina Cordula, diffusées sur une chaîne de grande écoute qui m’ont permis de me faire connaître. J’ai ensuite monté mon atelier à Damas pour proposer mes collections, mais la guerre a éclaté et j’ai fui mon pays.
J’ai d’abord rejoint l’Espagne, mais la France, c’était mon rêve. Le pays de la mode et de l’élégance. Un ami lillois m’a accueilli et je suis tombé amoureux de cette région. J’ai appris le français puis j’ai commencé par dessiner des modèles en freelance pour différentes marques. Quelques mois plus tard, je me suis lancé en dessinant mes premiers sneakers et trouvé une usine pour les fabriquer. J’ai rencontré l’équipe de Maisons de Mode qui m’a aidé à créer la marque et à trouver ce local, à Roubaix, dans lequel j’ai installé mon showroom. Depuis, je vis un rêve. Mes chaussures font le tour du monde.
J’ai un style très minimaliste. Mes sneakers allient style et confort. Je ne suis aucune tendance. J’aime l’élégance naturelle. Les petits détails font la différence.
J’ai créé ma première collection dans la campagne italienne, au milieu des oliviers. Il n’y avait ni wifi, ni micro-ondes, rien. J’étais seul dans ma bulle face à la nature.
Chez 5A Créateurs au Printemps Haussmann à Paris, dans une boutique de luxe à Lyon, chez Opium à Ajaccio, au Madison de Beverly Hills, au Harvey Nichols à Dubai, au Koweit, sur mon site web et bien sûr ici dans mon showroom à Roubaix !
L’anecdote est digne d’un film. Alors que Daniel n’a pas encore lancé sa marque, il arpente les allées d’un salon à Milan avec ses prototypes et rencontre par hasard Ken, un directeur artistique américain qui le somme de les lui prêter. Ken les porte à un défilé new-yorkais. A quelques mètres de lui, l’actrice Woopy Goldberg craque. Elle envoie son agent. Deux jours plus tard, Daniel reçoit un mail. L’actrice veut SES sneakers. Mais elles ne sont pas fabriquées et sa marque n’existe pas ! Qu’importe. Woopy attend patiemment. Quatre mois plus tard, sneakers au pied, elle partage son coup de cœur sur les réseaux sociaux… Depuis d’autres vedettes lui ont emboîté le pas : Bella Thorne ou encore Olivia Palermo ne jurent que par Daniel Essa.
Je suis né le 26 juin. Et croyez-moi ou non, je me suis rendu compte que beaucoup de ceux qui m’ont aidé à créer ma marque et donc à réaliser mon rêve sont nés un 26 !
Ce n’est pas un atelier de couture. Ce n’est pas non plus un fab-lab. Ni un espace de coworking et de formation. Plateau Fertile, c’est tout à la fois ! Visite guidée d’un tiers-lieu dédié à la mode, au textile et au design, véritable ovni dans le paysage de l’innovation textile.
Dans les locaux de cette ancienne entreprise de tissage et de filature, Plateau Fertile propose un espace de mutualisation autour de la création et de la confection textile. Dans un décor industriel d’époque avec carrelage ancien et grandes baies vitrées sont mises à disposition des professionnels des piqueuses, surjeteuses, bourdonneuses…
« Plateau Fertile, c’est permettre l’accès aux machines mais c’est aussi du partage de compétences pour la création de prototypes ou la co-création de nouveaux modèles », explique Benoît Frys, directeur du Plateau Fertile, ancien salarié de Cyrillus, Burton of London ou 3 Suisses.
« L’initiative est venue l’association NordCréa qui souhaitait proposer un service innovant à sa centaine d’adhérents travaillant dans la mode et le textile dans les Hauts-de-France. » L’éclosion de ce tiers-lieu a été appuyé par la Métropole européenne de Lille, la Ville de Roubaix et le Conseil Régional.
La spécialité du lieu ? La customisation, avec un vrai parti-pris pour l’up-cycling et le recyclage. Camaïeu vient justement de passer une commande pour customiser un surstock de jupes fleuries en S et XL : Plateau Fertile intervient pour y coudre des lettres découpées au laser afin de leur donner une seconde vie.
L’enseigne Auchan est également intéressée par cette fabrication locale de nouvelles tendances. « Nous souhaitons avant tout être un lieu d’expérimentation, résume Benoît Frys. Notre objectif, c’est d’accompagner les jeunes créateurs grâce au fab-lab qui permet de créer des mini-séries mais aussi de sensibiliser et de former les jeunes aux métiers de la mode. » Le futur de la mode made in France est en marche.
Vous pensiez que bicyclette et allure ne pouvaient gravir ensemble le même podium ? A vos marques ! Prêts ? Lisez le portrait de Lucile Hamoignon.
Initiales L.H comme Lady Harberton et Lucile Hamoignon. Un petit siècle les sépare mais leurs destins semblent scellés par quelques aspirations communes. À la fin du XIXe siècle, Lady Harberton milite pour le droit des femmes à se déplacer en vélo et imagine, en plein règne du corset, des tenues adaptées à la pratique de la petite reine.
Lorsqu’en 2015, Lucile Hamoignon, ingénieur urbaniste qui, « adolescente fabriquait déjà des fringues et, étudiante, concevait des costumes de spectacles », cherche un nom pour la société qu’elle lance, le clin d’œil à la quête d’émancipation jadis menée par Lady Harberton est évident. « Je me suis toujours dit qu’un jour, je monterai ma marque mais pas une énième marque de mode, je voulais qu’il y ait du sens. Je ne dessine pas une forme juste pour dessiner une forme ou des lignes juste pour des lignes. »
Résultat des courses, le Messenger, un sac à main qui permet aux femmes soucieuses de leur style d’être chic à vélo. Marier maroquinerie et cyclisme, le pari était loin d’être gagné tant les tenues sportives privilégient rarement la féminité et le bon goût. Chez Lady Harberton, « la forme résulte de la fonction. » Sous-titre de cette philosophie en forme d’accord toltèque : tout doit être pratique sans que l’usager ne sans rende compte. « Une fois qu’on a compris le rythme du Messenger, c’est totalement logique. On déclipse, on reclipse. En trois gestes, le sac est sur le dos », affirme Lucile. Que nos lecteurs qui se rasent les jambes pour des vertus aérodynamiques se rassurent, un prototype de sac pour les hommes est en cours de réflexion. Quant à ceux et celles qui ne savent pas pédaler, pas de panique, le style Lady Harberton se porte tout aussi bien à pied.
Il n’y a pas qu’avec son sac Messenger que Lucile Hamoignon fait rouler la mode hors des sentiers battus. Si Lady Harberton était encore de ce monde, nul doute qu’elle prendrait plaisir à parader avec toute la gamme assortie : bandeau, écharpe, casquette, bonnet, porte-carte, snood, bijoux, t-shirt jusqu’à l’indispensable serre-pantalon en cuir.
Joséphine a passé son enfance dans la petite boutique familiale spécialisée dans les chaussures pour pieds sensibles, rue Léon Gambetta à Lille. Aujourd’hui, la petite fille et arrière-petite-fille de maîtres chausseurs est devenue une adulte engagée. A l’aube des 100 ans de l’enseigne, elle a décidé de reprendre le flambeau en créant Fairfeet, un distributeur de chaussures éthiques en ligne.
A l’heure du e-Commerce et de la « fast fashion » de nouveaux comportements d’achat apparaissent. Lassés du jetable, les consommateurs sont davantage soucieux d’acheter responsable. Fairfeet est un site internet qui réunit des marques engagées positivement, que ce soit de manière sociale, environnementale, solidaire, humanitaire, ou actrices de la préservation de savoir-faire. Joséphine a sélectionné consciencieusement une quinzaine de marques répondant à sa charte Fairfeet. Celle-ci certifie leur participation au développement et au renforcement des chaînes de production et de distribution positives.
En moyenne, une chaussure est composée d’une quarantaine de matériaux. Là où les fabricants restent très peu bavards sur l’étiquette, Fairfeet joue la carte de la transparence en faveur d’un achat raisonné et durable. De la basket à l’escarpin en passant par le chausson, tous les produits proposés sont accompagnés d’une fiche détaillant la composition et les engagements de la marque. Ainsi, avant d’acheter cette paire qui vous fait de l’œil vous saurez par exemple que ses matériaux sont issus de productions locales, que les personnes qui les ont assemblés ont été convenablement payés ou encore que votre achat contribuera au financement de la scolarité d’un enfant à l’autre bout du monde. De plus, chaque boîte est accompagnée d’une fiche pratique. Destinée à vous aiguiller sur l’entretien régulier, elle sera également très utile à votre cordonnier et vous permettra de conserver le plus longtemps possible vos nouveaux souliers.
Joséphine ne fait pas les choses à moitié. Lorsqu’elle vous tend sa carte de visite, le papier est issu de t-shirts en coton recyclé. Son site a été écoconçu et elle souhaite intégrer encore davantage sa petite entreprise dans une économie sociale et solidaire. Issu du programme d’incubation d’EuraTechnologie by Blanchemaille, Fairfeet n’a que quelques mois d’existence. Pourtant, la jeune femme ne compte pas s’arrêter là et veut proposer une « expérience shopping augmentée pour ses clients » De l’emballage biodégradable à la livraison en vélo, en passant par la constitution d’un réseau de cordonniers, elle fourmille d’idées. Ce n’est sans doute là que les premiers pas de Fairfeet…
Fabienne et Pascal ont eu une intuition : et s’il était possible d’inventer un système pour ajuster parfaitement les jeans aux différentes morphologies ?
C’est de cette idée qu’est né Federal’s. Pour la taille, un système inédit de velcro permet d’ajuster le tour de taille. Pour les hanches et les cuisses, un laçage sophistiqué permet de s’adapter à toutes les formes. Les deux inventions sont brevetées.
« Les tissus ne contiennent que très peu d’élasthanne, une fibre synthétique qui rend le tissu extensible mais qui se déforme à la longue », ajoute Pascal Crépin, dans son atelier boutique de Roubaix. Il en apporte immédiatement une preuve irréfutable : le jean’s qu’il porte depuis 6 ans… qui semble n’avoir pas bougé tant sa facture est impeccable.
Chez Federal’s, la qualité ne s’arrête pas là car le couple souhaite proposer un produit made in France, respectant non seulement les standards de la couture mais aussi la nature : Pascal est toujours à la recherche de tissus « oubliés », de chutes à assembler. L’éco-développement, l’environnement, la revalorisation des chutes de tissu, voire même le Zéro Déchet sont au cœur du projet.
Il faut compter aux alentours de 185 euros pour un jean standard qui durera des années, s’adaptant aux kilos des fêtes et aux régimes d’été. Sans oublier que certains modèles sont pour certains absolument uniques, bien loin des grandes séries des grandes enseignes de fast-fashion.



Véritables passionnés, Pascal et Fabienne Crépin ont tout plaqué à Montreuil-sur-Mer pour venir faire naître leur projet dans l’écosystème de la mode roubaisienne. « Mon père ne souhaitait me voir devenir couturière mais j’adorais ça », raconte Fabienne. Pascal lui a passé 25 ans dans le bâtiment : gravement accidenté, il a dû renoncer à ce métier sans toutefois renoncer à son goût du détail et du travail bien fait. C’est Fabienne qui l’a incité à patroner, découper, assembler, etc. « Elle a eu un culot monstre », lâche Pascal reconnaissant.
Quand je faisais des reprises de jeans, je me suis aperçue qu’on me demandait souvent d’ajuster la taille, les hanches ou les cuisses, » se souvient Fabienne.
Une idée innovante née à Berlin. Un artisanat d’art. Une ingénierie nouvelle. Un métier qui n’existait pas. Les ingrédients pour la naissance de La Maison Demeure. En somme, l’art de travailler et d’imprimer numériquement sur des matériaux naturels, et notamment le cuir.
Artiste et chercheur : deux états d’esprit communs qui définissent cette maison. Aujourd’hui cette petite aventure est devenue grande épopée : l’impression numérique sur du cuir.
Au commencement le constat de Charlotte Cazal, la fondatrice : personne n’était en mesure de réaliser cet artisanat d’art délicat, couplé à une capacité de production semi-industrielle. La solution : créer un métier pour y répondre. Une idée simple et efficace.
De formation artistique, la fondatrice de La Maison Demeure suit des cours d’ingénierie pour pouvoir créer et innover sur les textiles. Elle apprend à détourner des machines, explorant leurs capacités et travaillant sur la création d’une banque de matières innovantes.
L’innovation seule n’est pas complète. C’est aussi sur le riche territoire roubaisien que Charlotte Cazal et son équipe puisent force et créativité. « Il y a de l’artistique dans le quotidien, il y a de la beauté même dans les lumières d’un PMU© la nuit tombée. » Une recherche de l’artistique dans le commun. Ce mantra fait mouche et le domaine du luxe s’intéresse de près aux capacités et au potentiel de production. « C’est une nouvelle dimension pour Roubaix, ici on amène le luxe, ils viennent nous chercher. »
Et c’est un choix de cœur qui a amené La Maison Demeure à s’installer sur le territoire, dans une ancienne usine textile… justement.
On cherche, dans ce nouveau métier, à allier le beau, le technique et le créatif. » Charlotte Cazal, fondatrice de La Maison Demeure
Sandy Vercruysse est plumassière. Un métier, méconnu du grand public, qu’elle exerce avec passion au sein de sa société Mon truc en plumes.
Dès son plus jeune âge, Sandy Vercruysse grandit les pieds dans les plumes et la tête dans les étoiles. Ses parents travaillent dans le monde du spectacle et lui transmettent en héritage leur grain de folie et le virus de la fête.
Après une scolarité difficile, à l’âge de 16 ans, elle décide d’arrêter l’école, se cherche un peu et devient danseuse aux Folies de Paris à Lille. Quelques années plus tard, l’établissement ferme ses portes et Sandy se lance alors dans une nouvelle aventure en ouvrant une boutique à Lille, Mon truc en plumes, et en créant un site pour les professionnels.
Même si ses plumes d’autruche, de paon ou de faisan proviennent du monde entier, Sandy revendique un savoir-faire français et c’est elle, seule, qui dessine ses croquis et fabrique ses vêtements. Son entreprise décolle et ses produits s’exportent à l’étranger.
Aujourd’hui, grâce à son talent et sa persévérance, elle travaille pour les plus grands cabarets et a déjà réalisé les costumes des danseuses du Moulin Rouge. A son palmarès, déjà impressionnant, s’ajoute le casque en plumes porté par Miss France lors de l’élection 2018, ainsi que les dos de plumes que portaient toutes les Miss lors de leur défilé en maillot de bain.
Dorénavant, les têtes couronnées n’ont plus de secret pour Sandy qui a récemment habillé le prince de Chimay (Province du Hainaut en Belgique) ainsi que toute sa famille lors de la cérémonie officielle organisée pour son 70e anniversaire.
Personne qui prépare des plumes, fabrique et vend des garnitures qui deviendront accessoires ou éléments de costume.
Dans les années 30, âge d’or des plumassiers, ils étaient environ 600 en France. Aujourd’hui, il en reste une bonne dizaine à Paris, installés pour la plupart au plus près des cabarets.
Je voudrais faire passer un message aux jeunes qui, comme moi, n’ont pas réussi à décrocher leur bac. Leur dire que tout est possible, qu’il faut croire en ses rêves et qu’on peut vivre de sa passion et en faire son métier. »