Jour : 7 juillet 2022

Saype : tout ne tient qu’à un fil

Saype est l’un des gros noms à avoir foulé le sol (et le toit !) de la Condition Publique de Roubaix à l’occasion de l’exposition « Urbain.es » au printemps 2022. C’est peu de17 dire que Saype a la bougeotte. Nous l’avons rencontré entre deux allers-retours du toit de la Condition Publique à l’autre bout de la ville dans un lieu plus connu pour son paysage que pour ses fresques : le Parc Barbieux. Alternatif : Bonjour Saype, pouvez-vous vous présenter ? Saype : Je m’appelle Saype, j’ai 33 ans et je suis artiste. J’ai plus ou moins inventé un procédé de peinture éco-responsable qui me permet de peindre directement au sol, généralement sur des surfaces naturelles, comme de l’herbe par exemple ici sur le toit de la Condition Publique. Je peins de gigantesques fresques relativement réalistes sur des énormes échelles. Mon credo, c’est d’impacter la société, sans impacter la nature. Parlez-nous de ce projet avec la Condition Publique… Magda Danysz, la curatrice de l’exposition « Urbain.es » m’a invité à venir réaliser un projet à Roubaix. Comme je peins sur des surfaces naturelles, c’était ma première fois sur un toit, mais le toit de la Condition Publique est végétalisé ! C’est un projet de dingue pour un lieu de dingue : on y rencontre d’autres artistes, il y a une émulsion culturelle très intéressante. J’ai donc créé un projet autour des thèmes de la saison culturelle : « Urbain.es » et de l’engagement artistique : comment l’art peut parler du « tissu social ». J’aime particulièrement cette métaphore, car la Condition Publique est une ancienne fabrique de tissus. Vous avez aussi visité la Manufacture de Roubaix ? L’idée c’était de rencontrer les Roubaisiens qui ont travaillé dans le tissu. Bêtement, on pensait que c’était un métier de femmes, alors qu’on a rencontré uniquement des hommes ! Puis on a visité cette ancienne usine aujourd’hui transformée en musée, on a vu les anciens tisserands qui réparaient les machines. Ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils ont fait : c’est passionnant. L’usine à l’époque, c’était un peu l’endroit où les gens se retrouvaient. C’est quoi cette fresque géante sur le toit de la Condition Publique ?  Ce sont deux mains qui se tiennent par un fil. L’idée c’est de parler du lien social autour du tissu, comme un clin d’œil à l’histoire de Roubaix et de la Condition Publique. Les mains représentent aussi le travail. Paris, Miami, Le Cap et aujourd’hui Roubaix. C’est quoi votre lien avec cette ville ? J’ai kiffé ! J’ai rencontré des habitants et entendu des histoires de dingue ! J’ai adoré ce contact et tout ce bouillonnement culturel. J’ai une très bonne image de la ville et je reviendrai ! Pendant son séjour dans la 3e ville des Hauts-de-France, Saype a aussi réalisé une fresque géante éphémère à même la pelouse du poumon vert de Roubaix : le Parc Barbieux. L’idée : créer un événement sur deux lieux différents et connecter deux quartiers aux horizons différents et opposés géographiquement. On peut voir l’œuvre du Parc Barbieux comme le miroir de celle à la Condition Publique. Le gros avantage du parc : il est assez pentu. Les visiteurs peuvent donc « voir » la fresque depuis le sol et pas uniquement grâce à un drone. Dernier point non négligeable pour nos amis les geeks : il y a sur place un QR Code pour prolonger l’expérience en VR (« réalité virtuelle »). Crédit photo : © Valentin Flauraud pour Saype Crédit photo à la une : Anaïs Gadeau – Ville de Roubaix

Un petit Combo de cultures urbaines

Toute l’équipe de la librairie Combo est inspirée par les cultures urbaines et nous propose sa sélection de cinq ouvrages. Ismaïl, Capucine, Jeanne et Marie ont distribué des cœurs à des livres pour les petits mais aussi pour les grands amateurs de street-art et de hip-hop. facebook/librairiecombo Note de Jeanne pour Amour Chrome Mohammed-Ali, est un bon élève de troisième, qui s’exprime plus facilement avec une bombe de peinture à la main. Il n’a pas forcément les bons mots, ni les bonnes personnes pour discuter. Mais dans la tête, ça cogite, ça philosophe et ça parle. Après cette lecture, on a l’impression d’être à nouveau l’ado qu’on était, et je suis persuadée que les lecteurs de l’âge de Mohammed-Ali, d’Aimée ou de Margaux se retrouveront entre ses pages-miroirs. Amour Chrome de Sylvain Pattieu, paru à l’Ecole des Loisirs, 14€ Note de Marie pour Boys run the riot Ryo, un timide adolescent transgenre et Jin, un nouvel élève Bad boy vont s’associer pour lancer une marque streetwear. Une amitié improbable qui va permettre à Ryo de s’affranchir du regard des autres et d’exprimer sa créativité. Ensemble ils vont bousculer le quotidien tranquille de leur lycée et mener la révolte ! Boys run the riot, de Keito Gaku aux éditions Akata, 8,05€ Note d’Ismail pour Break une histoire du hip-hop Comment est né le Hip-Hop ? Dans quel contexte ? Qui sont les précurseurs de cette culture ? Plongez dans le south bronx et vous découvrirez comment, dans un périmètre de 11kms, la culture hip hop a débuté… Attention, tout n’était pas rose… Break, une histoire du hip hop, de Florian Ledoux et Cédric Liano aux éditions Steinkis, 19€ Note d’Ismail pour Geek-art, une anthologie Formidable source d’inspiration pour les uns, splendide recueil d’art issu de la culture geek pour les autres. Pour nous, il s’agit d’une lettre d’amour à la Pop culture de plus de 400 pages. A consommer sans modération ! Geek-art, une anthologie de Thomas Olivri aux éditions Huginn et Muninn, 39,95€ Note de Capucine pour Paco et le hip-hop Notre cher Paco, à l’indémodable salopette rouge, nous emmène dans le Bronx, à la découverte du hip-hop. Rap, breakdance, scratch, graffitis et percussions vocales nous donnent une large vision des cultures urbaines accessibles dès le plus jeune âge. Les illustrations de Magali Le Huche et les sons de qualité font de cet ouvrage une pépite pour les yeux comme pour les oreilles. C’est ludique et instructif. On adore !! Paco et le hip-hop de Magali Le Huche, chez Gallimard Jeunesse Musique, 13,50€ Crédit photo à la une : Sébastien Jarry

JULES x Anti_Fashion : une capsule streetwear, urbaine

Nouvelle collaboration réussie pour l’entreprise roubaisienne et le collectif de jeunes talents Anti_Fashion Project, qui a eu carte blanche pour créer six pièces exclusives, confectionnées à partir de fins de stock de tissu. Un projet qui défend une mode plus responsable et durable… 100% Roubaix ! La rencontre entre Jules et Anti_Fashion remonte à 2018. La collaboration entre les deux acteurs a été développée avec pour objectif de proposer aux jeunes des dispositifs de bénéficier d’un parcours individualisé sur mesure, ainsi qu’un accompagnement professionnel autour des nouveaux métiers de la mode. Cette plateforme d’expression Anti_Fashion permet de réinventer le système de production pour le rendre responsable, positif et bienveillant, et de mettre en avant toutes les dynamiques, idées et initiatives des créateurs. Un style assumé de A à Z Pour cette saison 2022, le projet a été mené par cinq jeunes d’Anti_Fashion. Kynza, Olympe, Sauphoine, Chandy et Mohamed, âgés de 21 à 26 ans, et issus de parcours divers comme le modélisme ou le commerce ont créé de A à Z leur collection Jules idéale. De la réalisation des prototypes aux fiches techniques des pièces, en passant par l’achat de matières et le suivi de production tout a été fait pour laisser libre court aux regards créatifs de nos cinq jeunes talents. La nouvelle ligne dévoilée en édition très limitée par Jules pour ce printemps 2022 mêle le côté urbain et streetwear. On y retrouve des pièces aux coupes oversize et unisexes, de la chemisette col cubain au pantalon loose, en passant par les t-shirt, accessibles tant dans le style que dans leur gamme de prix. Un ancrage 100% local Les tissus utilisés pour la confection des pièces ont été sélectionnés avec soin et surtout chinés dans une institution familiale roubaisienne bien connue : Tissus Papi. Objectif : ne produire aucune matière première dans la conception de cette collection capsule, grâce à l’utilisation de chutes de rouleaux et autres fins de stock, et ainsi de donner une seconde vie aux tissus. Sur les t-shirts, on reconnaît les illustrations signées LEM, qui avait commis la dernière de couverture d’ALTERNATIF #3. Né à Roubaix en 1983, Antoine Leman de son vrai nom, est connu pour ses dessins colorés aux contours noirs, que l’on retrouve aussi bien dans les friches que dans la cour des écoles. L’artiste a été invité par le Festival international des Cultures urbaines URBX à réaliser une fresque participative au cœur de la médiathèque de Roubaix La Grand-Plage. jules.com anti-fashion-project.com tissuspapi.com art-lem.fr

Dimension : le streetwear vintage prend de la hauteur

Lancée en 2021 à Roubaix par deux étudiants, cette friperie en ligne poursuit son envol. Passion de la seconde main et de la mode streetwear, goût d’entreprendre et de communiquer… une réussite à quatre mains et en quatre dimensions. Lauren et Léo, deux prénoms avec des L : deux jeunes avec des ailes ! Les points communs ne s’arrêtent pas là. Les deux étudiants en BTS Communication adorent chiner. « On chine tout le temps et on a toujours revendu, chacun de notre côté, avant-même de nous connaître. » Trouver, trier, vendre Et de nous montrer tous les trésors récupérés dans la rue, du miroir XXL à la plante abandonnée. Dernière trouvaille : un gros stock de vêtements de marque déposés devant une maison dont les occupants se débarrassaient avant déménagement. Une aubaine pour notre duo. « Une partie est jetée, une autre donnée, une autre lavée, réparée si besoin… et vendue. » Certains vêtements trop abîmés peuvent aussi être récupérés pour en upcycler d’autres. « Nous vendons également sur Vinted », explique Lauren. L’organisation est bien rôdée. Dans la chambre de la jeune femme : des piles de vêtements, des placards et des portants qui débordent de pépites vintage. « Environ 250 pièces », précise-t-elle. Ici, c’est l’œil expert de nos deux dingues de mode streetwear vintage qui opère. Friperie digitale, Dimension a développé sa communauté sur Instagram grâce à sa sélection pointue de pièces iconiques et de marques stylées. « Aujourd’hui, il n’est pas rare qu’on nous demande des pièces précises… C’est alors que nous nous mettons en chasse. »Créée de façon intuitive, la petite entreprise de Lauren et Léo se structure et les projets s’enchaînent avec toujours plus de professionnalisme. « Nous voulons nous démarquer en misant sur l’événementiel. Si Instagram est notre principale vitrine, nous développons des compétences en matière d’organisation de ventes éphémères dans des lieux ‘tendance’. » Instagram

Jog & Jim : le sportswear joyeux et responsable

Jog & Jim c’est la marque des essentiels sportifs cools et colorés et surtout sans plastique. Créée par Géraldine Robert et Vincent Godbert, la nouvelle griffe sportswear roubaisienne, écoresponsable et engagée allie technique et style. L’aventure Jog & Jim débute comme un conte de fée 2.0, en novembre 2020, via une petite annonce passée par Géraldine dans les Échos Entrepreneurs, rubrique « Startup cherche associé.e.s ». Très vite, ça a « matché ». Tous les deux s’interrogent sur leur manière de consommer au quotidien et déplorent que 99% de nos vêtements de sport soient constitués de polyester, autrement dit de pétrole. Ce qui fait de Jog & Jim une marque unique ? La couleur et le sans plastique ! Mais aussi une vision du sport originale et affirmée. A travers Jog & Jim, ses créateurs entendent rendre le sport plus responsable, inclusif et amusant. Bouger est un jeu « Bouger est un jeu », voilà leur mantra. Loin des valeurs de performances à tout prix, Géraldine et Vincent invitent tout le monde à faire du sport dans des vêtements aux couleurs vitaminées qui mettent instantanément de bonne humeur. Côté style, on flirte avec le Rétro 90’s, ce qui peut plaire aux fans de streetwear vintage ou aux nostalgiques de cette période. Mais attention, Jog & Jim se veut une marque de sport technique, qui cible avant tous les sportifs, quel que soit le niveau. Et aussi des consommateurs conscients, soucieux de la planète. Chanvre, coton bio, lin… Jog & Jim fait la part belle aux matières naturelles bio-sourcées, et aussi aux matières dites « synthétiques naturelles », comme le Tencel©. S’installer à Roubaix, berceau du textile était une évidence. Incubée à Blanchemaille by Euratechnologies, la startup y trouve un écosystème dynamique et inspirant. Membre du collectif FashionGreenHub, Jog & Jim développe des collaborations locales, par exemple avec Les Trois Tricoteurs. Et ce n’est qu’un début… jogetjim.fr Facebook Instagram Crédit photo : Anaïs Gadeau – Ville de Roubaix