Cavrois : de la villa au bureau, les deux faces d’une même histoire

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Vous connaissez la cultissime villa Cavrois à Croix ? Sans doute moins l’usine textile que l’industriel Paul Cavrois a fait prospérer à Roubaix dans les années 30, rue Montgolfier. Le lien entre les deux ? L’histoire peu banale d’une chambre d’hôtes.

Une histoire de liens
« C’était tellement évident ! En achetant l’aile qui cohabite avec l’usine Cavrois-Mahieu devenue le Non-Lieu, collectif artistique roubaisien, on a tout de suite pensé qu’en créant une chambre d’hôtes, on pourrait en même temps raconter un pan de l’histoire textile à Roubaix », expliquent de concert les deux Roubaisiens Pierre Carbon, architecte, et Hugo Laruelle, artiste plasticien. Faire le lien entre le lieu d’habitation de l’industriel Paul Cavrois à Croix et son usine de production à Roubaix est une excellente idée. D’autant que le choix d’une bourgeoisie industrielle qui a éloigné ses résidences des usines est une réalité à l’époque. Dans la commune de Croix où fleurissent d’imposantes demeures bourgeoises, la silhouette moderne de la villa Cavrois conçue par Robert Mallet-Stevens tranche radicalement.

Une histoire de détails
Aujourd’hui, depuis l’ancien bureau dans l’usine du chef d’entreprise, on peut observer la cour bercée par les activités d’artistes en résidence.
La chambre est judicieusement inspirée du design de la villa Cavrois. Mais pas que… elle mêle audacieusement des vestiges du passé de l’usine, caissons de bureau habilement détournés en tête de lit, couleurs sombres, rideaux lourds, salle de bains en marbre blanc… Le voyage dans le temps est garanti, appuyé par de nombreux détails qui viennent enrichir l’histoire : échantillons de tissus, livres d’époque, table de métrage… Tout cela sans compter sur la curiosité enthousiaste des deux propriétaires, qui connaissent le sujet roubaisien sous toutes ses coutures. Le petit-déjeuner servi sur une table à roulettes d’époque est accompagné d’une feuille de chou « Bureau Cavrois Quotidien » qui relate l’histoire de « la ville aux 1 000 cheminées » vue par ces deux passionnés.

Une histoire d’avenir
« On souhaite faire vivre au maximum cette chambre d’hôtes. L’idée est qu’un maximum de personnes y passe une nuit et se plonge dans l’histoire de Roubaix. On rentre dans la logique de donner une seconde vie aux usines, avec des propositions alternatives qui font le lien entre passé, présent et avenir. Accueillir des personnes qui ont visité la Villa Cavrois est un objectif. Mais on espère aussi attirer les gens alentours, les équipes de tournage de cinéma, les photographes… Tout ce qui fera parler du lieu et de la ville nous réjouit. »