RESCO le chant du signe

Resco

Elle a emprunté son nom d’artiste à sa maman d’origine italienne, parce qu’elle n’a pas envie que les noms des femmes s’effacent aux profit de ceux des hommes. Et parce que ça sonne. Océane Marescotti nous fait l’honneur de la 4e de couverture. Une page dont on est fier, comme on pourrait l’être de notre dernier tattoo.

On avait hâte de rencontrer l’artiste qui impose sa trame depuis quelques mois à Roubaix (La Bobine, Le Couvent de la Visitation…) et ailleurs. Une trame automatique hyper graphique, comme une écriture qui vient de plus loin, de plus haut. Une calligraphie reconnaissable entre mille et un motif tribal (ou des hiéroglyphes extra-terrestres ?). La touche Resco quoi.
Le rendez-vous est pris rue de l’hôtel de ville, dans l’immeuble que les artistes de RémyCo ont investi en octobre 2021, baptisé L’Alternateur. Une brunette à la dégaine adolescente nous ouvre. Welcome ! Direction le 2e étage, où Resco alias Océane partage un atelier lumineux avec Ouroboros alias Camille.

Fille, mère, femme… artiste

Née sur un bateau, Nantes, Perpignan, Aix-en-Provence et des études en communication et identité visuelle qui l’amènent à devenir directrice artistique. Des parents engagés pour le bien-être des personnes âgées dépendantes. Un prénom à se faire, une place à trouver. Aujourd’hui, à 35 ans, la maman de Noah, 14 ans et de Camille, 4 ans, s’éclate à coup d’encre noire et (un peu) de couleurs. Facile de faire son trou de souris dans cet univers masculin ? « Oui, affirme sans hésitation Océane. Nous sommes peu représentées, mais être femme n’a jamais été un problème en ce qui me concerne. J’ai la chance de travailler dans un environnement sympa avec des collègues ultra bienveillants. » Resco veille à ne pas se poser en porte-étendard de la cause féminine, même si c’est une cause qui la touche de plus en plus. « Quand j’anime des cours de spray avec des petites filles, je suis fière de leur prouver que c’est possible. »

Resco
© Anaïs Gadeau

Resco des villes, Resco des champs

Eduquer le regard des plus jeunes, partout, dans les villes mais aussi à la campagne, c’est son combat. « J’habite un village aux portes de la communauté urbaine. Il y a comme une frontière… En ville, tous les gamins sont hyper stimulés, alors qu’à la campagne, l’œil est peu éduqué au graphisme. » L’artiste s’anime, militante. « Aujourd’hui, je travaille dans l’énergie de la ville, mais je veux créer une association pour promouvoir les arts visuels en milieu rural et lutter contre cette inégalité flagrante. Les arts urbains fascinent les enfants. Une bombe ça engage tout le corps, ça permet de parler à plein de sens. L’art ouvre les portes de l’imaginaire. » Et de nous raconter, vidéo à l’appui, le témoignage reçu de la directrice de la crèche rurale près d’un tunnel qu’elle a transformé en passage magique : « Désormais la traversée du petit pont se fait en courant et en criant. » Touchée. D’autres projets ?  » J’ai beaucoup d’idées ! Je me laisse guider par les rencontres. Fan de motifs, le textile m’intéresse évidemment. Si je suis venue à Roubaix c’est pour les arts urbains et le textile. Ce qui m’intéresse c’est d’expérimenter. » Un tee-shirt avec Lucie Massart, un rapprochement avec la Fondation pour l’art urbain Desperados, Alternatif… « C’est le genre de chemin que je veux suivre. »