Faites entrer l’accusé

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Il a commis la dernière de couverture de cet Alternatif. Extrait d’un interrogatoire musclé, au cours duquel le peintre Jigé nous dit la vérité, rien que la vérité.

Vous êtes connu sous le pseudonyme de Jigé. Veuillez s’il vous plaît décliner votre véritable identité.

Mon nom est Julien Gaquere, né il y a 33 ans à Dunkerque, d’une mère comptable et d’un père vendeur de fruits et légumes. J’ai une sœur et un frère.

Où étiez-vous le 4 décembre 2017 ?

A la concession Volkswagen de Lambersart où je vendais des voitures depuis bien trop longtemps. C’était le lendemain de la Braderie de l’Art, où mes œuvres rencontraient un certain succès. Je me revois dans le bureau de mon chef, en train de remettre ma démission. Ma décision était mûre depuis longtemps. Je ne voulais plus de patron, mais un maximum de liberté pour être plus en accord avec qui j’étais.

On vous a vu comploter en 2019 avec Camille Plard et Jean-Charles Huvelle. Ça ressemble à une bande organisée. Qui sont vos complices ? Dites-nous tout.

Oui je plaide coupable. En 2019, Camille Plard de By Lelicam [Alternatif #4] et moi avons conçu une collection textile Zéro Déchet. J’ai dessiné les motifs, Camille a cousu les articles : un étui à sandwich et un sac à tarte pour éviter l’alu, un totebag pour éviter le plastique… Cette série limitée était en vente sur Etsy notamment. Et c’est Jean-Charles Huvelle de Tissus Papi [Alternatif #1] qui nous a permis de faire imprimer le tissu.

Quand et où avez-vous agi pour la dernière fois ? Etait-ce prémédité ?

Si vous parlez de Solid’Art qui s’est tenu à Lille, j’avoue, mais je n’étais pas seul sur le coup. En trois jours, mes complices et moi avons vendu pour 250 000 €, dont 125 000 € ont été reversés au Secours Populaire. Mais mon dernier coup de maître, c’est une fresque installée sur le fronton du Colisée pour un an, un cœur géant qui vient aussi habiller les programmes de la saison.

Jige
Photos : Anaïs Gadeau

Ceci est un lot de Poscas. Il s’agirait de l’arme utilisée lors des faits. Reconnaissez-vous ces feutres comme les vôtres ?

Ok vous m’avez piégé. Ce sont bien les feutres Poscas que j’utilise pour mes petits formats. Pour les plus grands j’utilise de la peinture acrylique. Je commence aussi à travailler les collages, la sculpture… Je ne m’interdis rien, d’autant que je suis sur un énorme projet d’expo-installation, qui devrait créer l’événement. Ça se passera à Roubaix… évidemment. Fin 2021 si tout va bien.

Quelles sont vos réelles intentions ? Votre mobile ?

J’ai besoin de cracher les 10 ans de ma vie où j’ai pratiqué le commerce. Je veux dénoncer la surconsommation, déclencher une prise de conscience.

La passion nous fait parfois commettre l’irréparable. Vous aimez Roubaix et avez disjoncté… Avouez !

Mon premier job était vendeur à L’Usine. En avril 2018, j’ai intégré les Ateliers Jouret, que j’ai quittés depuis. Tout me ramène à Roubaix. Les artistes y sont chouchoutés, mais surtout ils sont libres.

Votre verdict ? Jigé… coupable ou no-coupable ?

Crédit photo : A.GADEAU – Ville de Roubaix